Billy Idol - Mardi 11 Décembre 1990 - Zénith (Paris)
« Confronté à pareille abomination, que convient-il de faire ? Fait-il effacer tout souvenir de cette soirée détestable, et ne laisser dans cet album aucune trace ? Ne vaut-il pas mieux cracher tout le mépris qu'un tel euh... spectacle nous inspire, pour finalement en rire ? Après tout, il faut bien parler aussi de la lie, de la bêtise et de la mort du rock par le Marketing, non ?
Au dessus de la scène, un énorme poing serré qui pivote lentement. Un doigt se dresse, insultant ou vengeur (d’après Billy), puéril en tout cas (d’après moi...) : de la même manière que Billy Idol considère visiblement qu’être un « rocker », c’est sire « fuck » à chaque phrase, le symbole de son courage est donc de pouvoir sure du haut de son estrade pailletée aux spectateurs qui ont payé cher pour le voir d’aller se faire foutre... Non, je me trompe... Au monde, pas à ses spectateurs, ou au moins, pas à ses spectatrices, parce que Billy n’est pas assez stupide (tout juste...) pour ignorer qui le paye... Alors, pour son public, qu’il imagine visiblement universellement calqué sur l’audience américaine de MTV, Billy fait donner la grosse cavalerie : scène bourrée de crânes empilés, groupe bien lourd de hard, tenues « gothiques », et surtout, surtout, débauche incontrôlée de sourires-rictus (célèbres). La preuve, c’est qu’il utilise tous les tics si laborieux de l’Actors’ Studio pour exprimer cette sincérité (voir l’incroyable pastiche d’un Paul Newman jeune...). La preuve, c’est aussi qu’il s’mpoigne régulièrement l’entre-jambes pour montrer aux jeunes filles qu’il les aime. la preuve, c’est encore qu’il raconte sa vie avec une évidente bonne volonté : ses jeunes années (toutes se filles qu’il a baisées...), son accident de moto (toutes ses opérations qu’il a dû subir...), son admiration pour le Rock, le Vrai (Jouer dans un film sur Jim Morrison est un tel privilège...).
En résumé, tout cela est démagogique en diable (« Ce qui m’a aidé à tenir le coup, c’est de penser à vous...), stupide (« J’ai eu une opération pour me faire grossir la bite », avec un clin d’oeil appuyé aux jeunes spectatrices), voire parfois franchement odieux (« Chérie, attention avec tes dents », au milieu d’une fellation simulée... ou encore le premier morceau, chanté en boitant, appuyé sur une canne dont il n’aura visiblement plus besoin ensuite).
Face à cette vulgarité, ce show business à l’américaine qui caricature le rock’n’roll et s’en réclame, mais surtout devant une telle bêtise asphyxiante, il est difficile de prêter vraiment attention à la musique... Ce n’est pas grave, elle était de toute manière insignifiante, même pas mauvaise, juste inexistante.
La mort du rock ado, orchestrée par un mongolien body buildé. »
PS : Les photos de sont de Patrick M., merci à lui...