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Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...

29 novembre 2021

black midi - samedi 28 novembre 2021 - Cabaret Sauvage (Paris)

Ce nouveau concert parisien de black midi, nous l'attendons depuis près de deux ans, puisque, à l'annulation initiale de fin 2019, a succédé la pause forcée de la pandémie. Depuis, le guitariste Matt Kwasniewski-Kelvin a quitté le groupe qui a sorti un second album, Cavalcade, encore plus clivant du fait d'un éloignement quasi systématique des règles du jeu post-punk que suivait encore le groupe à ses débuts. Du coup, alors que le froid de l'hiver qui est tombé sur Paris saisit l'habituelle troupe des passionnés qui se disputeront le premier rang, les questions sont nombreuses quant au concert auquel nous allons enfin assister. Mais également évidemment sur l'évolution de la situation sanitaire puisque les nouvelles du monde sont mauvaises : d’ailleurs, on nous annonce à l’entrée du Cabaret Sauvage que le port du masque à l'intérieur de la salle sera à nouveau strictement contrôlé...

20h05 : o. est un tout nouveau duo, que black midi a embarqué sur sa tournée : elle, Tash, est à la batterie (et au design des t-shirts psychédéliques…), lui, Joe, est au saxophone baryton et aux pédales. Leur musique est sans surprise, vue la prépondérance du saxo, largement jazzy, mais ne recule pas devant des montées en puissance plus traditionnellement rock. Conjuguant ambiance nocturne de circonstance (qui a pensé à Morphine, à cause d’un saxophone baryton assez peu couramment utilisé dans le Rock ?), délires avant-gardiste (avec citation du All I Need de Radiohead, nous semble-t-il…) et pulsion sensuelle, cette musique aura rapidement conquis le public du Cabaret Sauvage, qui leur fait la fête. 45 minutes originales et beaucoup plus stimulantes que prévu. Sinon, on est bien d’accord que choisir comme nom de groupe « o. » n’est pas la meilleure idée du monde pour être identifiable sur le web, ils nous annonce donc qu’ils apparaissent sur Instagram sous le nom de o.the.band (à ne pas confondre avec un groupe nommé A Band Called O !) : migraines annoncées…

21h15 : On est passé de la Cristalline à l'Evian sur scène, c'est bien la preuve que les stars de la soirée arrivent. Et au-delà de l'eau d'Evian, les black midi aiment aussi Édith Piaf, qui après nous avoir fait patienter, annonce leur entrée avec la Vie en Rose (après quand même une déclaration de toute-puissance calquée sur les matchs de catch !).

Le guitariste parti désormais remplacé par un impressionnant saxophoniste, le math rock des débuts du groupe s'est plus que coloré de free jazz, et le groupe plonge désormais franchement dans un chaos sonore que n'aurait pas renié les Stooges de la deuxième face de Fun House. Geordie fait des déclarations baroques et incompréhensibles puis mime Donald Duck ; Cameron, le bassiste, s'engage dans des joutes spectaculaires avec Kaidi, l’imposant – et très classe - saxophoniste. Tandis qu'à gauche, Seth, aux claviers, reste relativement sérieux, en face de lui, Morgan abat un boulot colossal à la batterie, confirmant à chaque morceau qu'il est sans doute le batteur contemporain le plus talentueux.

Il y a, on le sait, chez black midi beaucoup d'humour farfelu (Geordie et Seth font semblant de se battre sur scène avant de venir assassiner Kaidi avec un mini-cimeterre en plastique, le genre ...), mais surtout une maîtrise musicale colossale qui leur permet d'aller toujours plus loin dans la dissonance, le tumulte, et l'inconfort. Face à cet univers délirant, une bonne partie du public choisit de danser dans un maelström de folie, qui fait monter la température de la salle au-delà du raisonnable. D'autres spectateurs s'émerveillent devant l'audace du groupe, tandis que certains trouvent ça profondément ennuyeux. Quelque part, tout le monde a raison : entre virtuosité et canular, cocon de bruit nonsensique et pics d'énergie démente, black midi ne choisit pas, et passe de la grande escroquerie du rock’n’roll au génie improbable sans jamais cesser de s'amuser. Et de jouer avec nous.

Pour résumer - en le simplifiant outrageusement - ce set de 1h20, sans rappel bien entendu : le début a été littéralement supersonique, avec l’enchaînement furieux de 953 et Speedway du premier album, qui a mis la fosse du Cabaret Sauvage en liesse, la fin effrayante d’audace brutale (John L et Slow du second album), tandis que le milieu, où le groupe a enchaîné des compositions parfois incompréhensibles et qui nous ont semblé nouvelles, ou du moins, inconnues au bataillon, a ressemblé à un labyrinthe soul jazz, au sein duquel Geordie venait parfois jouer au crooner improbable !

S’il y a un verdict final raisonnable, ce serait que black midi bouleverse de plus en plus les codes de la musique actuelle, confirme pour le coup son importance qui dépasse la hype initiale, et est désormais un groupe précieux. Pas toujours aimable, mais précieux.

 

Les musiciens de black midi sur scène :

Geordie Greep (vocals, guitar, bass guitar)

Cameron Picton (vocals, bass guitar, guitar)

Morgan Simpson (drums)

Seth Evans (keyboards, synths)

Kaidi Akinnibi (saxophone)

 

La setlist du concert de black midi :

953 (Schlagenheim – 2019)

Speedway (Schlagenheim – 2019)

Welcome to Hell

Dethroned (Cavalcade – 2021)

Sugar/Tzu

Circus

The Defence

Lumps

Western (Schlagenheim – 2019)

Still

Eat Men, Eat

Chondromalacia Patella (Cavalcade – 2021)

John L (Cavalcade – 2021)

27 Questions

Slow (Cavalcade – 2021)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

19 novembre 2021

Gustaf / Grandma's Ashes / Otis Cœur - Jeudi 18 novembre 2021 - Petit Bain (Paris)

On a beau montrer du doigt les milieux de la politique, du business, du sport pour leur retard en ce qui concerne la parité hommes femmes, la situation n'est guère plus brillante dans le Rock, qui s'est pourtant toujours fièrement vendu comme révolutionnaire, progressiste, voire libérateur vis à vis des comportements "vieux et dépassés"... le Rock est trop souvent masculin, voire macho, alors qu'on constate que son public est depuis deux décennies largement féminin. La nécessité en 2021 d'un festival comme les Femmes s’en Mêlent n'a donc pas encore disparu, et c'est quelque part désolant…

En ce jeudi soir, c'est sur la péniche de Petit Bain que ça se passe, avec une belle affiche de femmes rockers dans tous leurs états !

20h10 : le duo Ottis Cœur, c’est-à-dire Camille et Margaux, devient un trio sur scène avec le renfort imposant de l'impressionnante Sonia à la batterie : mais, fondamentalement, on a affaire à deux filles dissemblables - une grande brune et une petite blonde - qui chantent pourtant parfaitement bien ensemble sur toutes les chansons. Les premières notes laissent présager un power pop un peu sucré à la Go-Go's, avec des textes en français... ce qui est un premier bon point pour elles (puisqu’en dépit d’une scène Rock française meilleure et plus riche qu’elle ne l’a jamais été, on compte sur les doigts des deux mains les groupes qui ont le courage ( ?) de chanter en français !)… Et puis rapidement, on se rend compte que cette musique tape dur, et sec aussi, comme on aime, et on comprend mieux les références aux riot grrrls, à partir de l'impressionnant le son de ta voix, puis du joli règlement de compte de Léon (… qui est un con !) : on réalise alors qu’Ottis Coeur est bien plus dans le rock que dans le sucre. Plus le set avance, plus on se prend d'amour pour cette musique à la fois légère, élégante et dure, qui a de plus l'audace de nous parler frontalement de choses ordinaires de la vie, et pas des plus plaisantes. Belle efficacité du single Je marche derrière toi et final un peu garage avec Devinez la Fin ! 35 minutes qui se sont avérées parfaitement emballantes : une belle découverte, un groupe à suivre.

21h05 : on est heureux de revoir le trio mi-prog, mi-stoner Grandma's Ashes dans des conditions meilleures qu'au Supersonic. Et ce soir, il faut bien dire que le son est parfait et les lumières suffisantes pour pouvoir jouir plus sereinement de leur musique complexe, labyrinthique, tout à tour fascinante et... parfois un peu frustrante. Frustrante parce que si la tension est toujours superbement omniprésente, les explosions de violence sont trop rares pour que notre jouissance soit totale. Les filles ont une classe folle ce soir en noir et blanc, et déploient un savoir-faire technique qui impressionne. Les derniers titres du set de 45 minutes permettent des envolées plus agressives qui illustrent le potentiel du groupe.

22h05 : Gustaf, c’est un quintette originaire de Brooklyn, comme une bonne partie de la nouvelle musique qui compte aujourd'hui, et on peut facilement les prendre pour des rigolos (-tes, plutôt, même si le groupe comprend un mâle, ce pour quoi Lydia Gammill s'excusera en riant plus tard), parce que ça sourit beaucoup sur scène. Et parce qu’il y aura pas mal de petites, voire de grosses plaisanteries au cours du set de plus d’une heure et quart : faire jouer la guitare par le public, faire monter les filles de Ottis Cœur sur scène juste pour crier une fois, sortir de scène avant les rappels en jouant à une sorte de « chat » où la délirante Tarra désigne le musicien qui doit disparaître, ce genre de… gamineries. Mais quand Lydia se prend au jeu (de scène), elle devient aussi possédée que... disons le Nick Cave d'autrefois... et on n'a plus envie de rire devant les claques qu'elle se met dans la figure ou sur la tête, et les regards de démente dangereuse qu’elle nous jette. Du coup, assister à un concert de Gustaf, ça nous a presque incités à écrire quelque chose du genre : "J'ai vu le futur du Rock et il portait une camisole de force". Gustaf, c'est beaucoup plus excitant qu’on l’imagine en écoutant l’album et en regardant les clips, car ça fait un peu peur, et il y a même deux ou trois moments où l’on ne passe pas loin de cette fameuse « bascule » vers l'hystérie générale.

Mais, surprise, surprise, Lydia calme le jeu dans la seconde partie du set, qui prend la forme de longs monologues - dont un en français, bravo et merci – presque hip-hop, mais souriants, cette fois : une quasi-logorrhée qui joue sur la répétition des mots, au contenu politique, posée sur une rythmique métronomique assurée par une basse qui cisaille littéralement l’atmosphère de Petit Bain.

Et non, nous n'avons pas encore parlé de la musique elle-même... eh bien, sur ce point, il y avait débat : on est clairement du côté de Bodega, ce qui ne surprend pas vu l’appartenance des deux formations à la nouvelle scène de Brooklyn. On pourrait identifier des influences B-52’s, Tom Tom Club ou Devo, mais le tout en quelque sorte dans une version décharnée : avec Vram, le guitariste, qui ne fait qu'à s'amuser, avec Tarra qui joue la choriste au premier plan en faisant des plaisanteries avec des cochons en plastique et avec sa voix distordue et masculinisée par les machines, la responsabilité du son repose intégralement sur la section rythmique de Tine à la basse et Melissa à la batterie. Et croyez-nous, cette section rythmique fait des merveilles !

Evidemment, le fait que la setlist contienne l’intégralité de l’album nous aide à trouver nos repères au milieu du chaos général, et des bombes déjantées et drolatiques comme le génial Cruel, le dansant The Motions ou l’agressif et plus post-punk Mine sont riches en sensations fortes. Et originales.

Bref, une superbe soirée, qui confirme une fois de plus combien le Rock est vivant et créatif en 2021, et combien, même largement marginalisée, cette musique-là est essentielle. Bravo et merci aux organisateurs des Femmes d’en Mêlent !

 

La setlist du concert de Grandma’s Ashes :

666

Radish Cure (The Fates EP – 2021)

Daddy Issues (The Fates EP – 2021)

Epopée

Borderlands

Caféine

Aside

 

Les musiciens de Gustaf sur scène :

Lydia Gammill (vocals, flute)

Tine Hill (bass)

Melissa Lucciola (drums)

Vram Kherlopian (guitar and vocals)

Tarra Thiessen (vocals and percussion)

 

La setlist du concert de Gustaf :

Design (Single – 2020)

Best Behavior (Audio Drag For Ego Slobs – 2021)

Dream (Audio Drag For Ego Slobs – 2021)

The Motions (Audio Drag For Ego Slobs – 2021)

Dog (Audio Drag For Ego Slobs – 2021)

Liquid Frown (Audio Drag For Ego Slobs – 2021)

Book (Audio Drag For Ego Slobs – 2021)

Produce

Mine (Audio Drag For Ego Slobs – 2021)

Happy (Audio Drag For Ego Slobs – 2021)

Cruel (Audio Drag For Ego Slobs – 2021)

Package (Audio Drag For Ego Slobs – 2021)

Boom

What It Means

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

18 novembre 2021

The Hives - Mercredi 17 Novembre 2021 - Olympia (Paris)

2021 11 17 The Hives Olympia Billet

Au moment du choix - impossible - entre aller voir The OSees (ou quelle que soit la manière dont le nom du groupe s’écrive en ce moment…) et The Hives, tous deux en concert le même soir à Paris, notre logique a été totalement influencée par la situation pandémique : il y avait plus de chances qu'un groupe suédois puisse venir jouer qu'un groupe américain, n'est-ce pas ? Et puis les Hives, même si l'on n'espère plus de véritable surprise de la part de nos éternels punks en costume-cravate noir ou blanc, ou noir et blanc, c'est la garantie d'une bonne soirée, avec un grand sourire en prime !

2021 11 17 The Dahmers Olympia (6)

20h30 : The Dahmers sont arrivés dans les bagages des Hives, et nous sont vendus comme un autre groupe punk suédois derrière un nom inspiré – mauvais goût garanti – du fameux serial killer américain. Malheureusement, mal fagotés dans des combinaisons noires ornées de dessins de squelette, ils ressemblent surtout à une version cheap de leurs compatriotes de Ghost. Ou encore à une résurrection du groupe gothique macabre et ridicule des Juicy Fruits, accompagnant Beef dans Phantom of the Paradise... Vous voyez le genre ! The Dahmers jouent ce qui est en fait un hard rock speedé très seventies dans l’esprit - d'ailleurs ils citent à un moment le Highway Star de Deep Purple... Tout cela est à la fois presque enfantin dans la caricature (avec ces titres de chanson grandguignolesques, comme Creepiest Creep, Cold Skin ou Blood on My Hands…) - donc sympathique - et vraiment pas inspiré. Scène typique : ils se font un selfie devant la fosse de l'Olympia en (faux) délire (organisé pour la photo). Le triomphe du paraître ?

21h00 : cette fois, puisque les paris étaient ouverts entre les partisans du blanc et les défenseurs du noir parmi les fans, les Hives ont choisi le costume noir avec des rayures zébrées blanches- phosphorescentes dans l'obscurité, avec la traditionnelle chemise blanche dessous. Très classe, comme toujours. On attaque, sans surprise, par Come On, mais quelque cloche : le son est confus, pas assez fort, la voix de Pelle est presque inaudible, ce qui est très rare à l'Olympia. Pire, le groupe ne dégage pas son habituelle énergie… Mais peu importe, le public parisien est déjà à fond !

2021 11 17 The Hives Olympia (23)

Si le son va s'améliorer (un peu), et si le groupe va progressivement trouver son rythme (Pelle reconnaîtra d'ailleurs, de manière inhabituelle, que les Hives post-pandémie ont un peu de mal à retrouver leurs marques...), la joie et l'énergie du public parisien ne baisseront jamais durant l'heure dix qui va suivre. Et si, au final, ce concert "de retrouvailles" atteindra parfois des sommets, ce sera largement grâce à l'enthousiasme délirant de toutes (beaucoup de filles qui n'hésitent pas à slammer, et qui hurlent) et de tous. Des sommets, il y en aura plusieurs dans la soirée : Won’t Be Long (sans doute leur meilleure mélodie à chanter tous ensemble !), Walk Idiot Walk, et surtout, comme toujours, leur tube parfait, Hate to Say I Told You So : trois moments de joie intense, de profonde satisfaction « physique », trois moments où l’Olympia tout entière, avec tout le monde au balcon debout et dansant, ressemble à un immense chaudron en ébullition. Trois moments où les Hives deviennent un grand groupe.

2021 11 17 The Hives Olympia (14)

Cerise sur le gâteau, Pelle, même s’il continue à assurer son rôle de M. Loyal du cirque des Hives, sera un peu moins bavard qu’à son habitude. On comprend que les dialogues de Pelle avec le public font partie du charme du groupe, qu’ils servent sans doute aussi aux musiciens à reprendre un peu leur souffle entre deux brûlots punks joués à cent à l’heure, mais on est contents de rester dans la mesure à ce niveau-là ! Par contre Pelle et Nicholaus continuent à être tous deux en contact permanent avec les premiers rangs, voire pour Pelle, à se lancer dans quelques slams : il y a des choses qui ne changent pas, et c’est tant mieux !

Le rappel débute par le single de 2019, I’m Alive, assez peu connu mais diablement efficace puisqu’il rompt avec le style habituel du groupe, en étant plus lent et plus lourd, et s’éternisera un peu sur un Tick Tick Boom, certes très attendu, mais trop délayé, entre les présentations humoristiques des musiciens et l’habituel petit jeu de faire asseoir le public (très difficile, vu comme nous sommes entassés !)…

…Mais, au bout de la nuit – courte, quand même, la nuit – l’ambiance incroyable qui régnait dans une Olympia que l’on n’avait pas vu autant à la fête depuis longtemps, fut notre plus belle récompense… à nous comme aux musiciens, visiblement heureux de cette chaleureuse réception.

 

2021 11 17 The Dahmers Olympia (11)

La setlist du concert de The Dahmers :

Quiet Squaler (Witching Hour EP – 2020)

To the Night (In the Dead of Night – 2017)

Creepiest Creep (Down in the Basement – 2018)

Stalker (Demons – 2014)

Cold Skin (In the Dead of Night – 2017)

Blood on My Hands (Down in the Basement – 2018)

Cut Me Down (In the Dead of Night – 2017)

Nightcrawler (In the Dead of Night – 2017)

 

Les musiciens de The Hives sur scène :

Howlin' Pelle Almqvist (Per Almqvist) - chant

Chris Dangerous (Christian Grahn) - batterie

Nicholaus Arson (Niklas Almqvist) - guitare électrique

Vigilante Carlstroem (Mikael Karlsson) - guitare électrique

The Johan and Only (Johan Gustafsson) - basse

 

2021 11 17 The Hives Olympia (41)

La setlist du concert de The Hives :

Come On! (Lex Hives – 2012)

Main Offender (Veni Vidi Vicious – 1999)

Go Right Ahead ! (Lex Hives – 2012)

Paint a Picture

Won't Be Long (The Black & White Album – 2007)

Good Samaritan

Walk Idiot Walk (Tyrannosaurus Hives – 2004)

Two-Timing Touch and Broken Bones (Tyrannosaurus Hives – 2004)

My Time Is Coming ! (Lex Hives – 2012)

See Through Head (Tyrannosaurus Hives – 2004)

Hate to Say I Told You So (Veni Vidi Vicious – 1999)

Encore:

I'm Alive (Single – 2019)

Try It Again (The Black & White Album – 2007)

Tick Tick Boom (The Black & White Album – 2007)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

17 novembre 2021

The Fleshtones / Dynamite Shakers - Mardi 16 Novembre 2021 - Petit Bain (Paris)

2021 11 16 The Fleshtones Petit Bain Billet

On est en avril 1982 et le Palace, théâtre de nos plus belles nuits Rock parisiennes en dépit - ou plutôt en parallèle - des soirées très branchées qui s'y déroulent, est en feu. Sur scène, le plus beau groupe de garage rock de l'époque, que nous nommons d'emblée et sans hésitation « meilleur groupe scénique de la décennie ».

40 ans ou presque ont passé et les Fleshtones sont toujours là, toujours aussi bons malgré les années qui n'améliorent pas les articulations, mais ne font plus du tout la une des magazines branchés. Pire, nous avons le plus grand mal à convaincre les nouvelles générations de nous accompagner ce soir à Petit Bain où les Fleshtones donnent un concert annoncé il y a peu, et qui n'attire donc comme d'habitude qu’une majorité de déjà convaincus.

2021 11 16 Dynamite Shakers Petit Bain (7)

20h30 : Dynamite Shakers, à la fin de leur set furieux de 45 minutes, reprennent le Too Much Class for the Neighborhood des Dogs, bouclant merveilleusement la boucle, puisque les Dogs avaient ouvert pour les Fleshtones le 15 avril 1982. Et avec quelle énergie et quelle classe... au point qu'on ne se souvient pas, même en confrontant nos propres souvenirs avec ceux d’autres vétérans que les Dogs aient jamais été aussi bons ! Ce quatuor français joue du rock "by the book", et évoquent pas mal les Flamin' Groovies, mais aussi un peu les merveilleux Plimsouls ou encore les Inmates, deux formations-clé lors du retour (définitif) du rock garage dans toute son énergie et son élégance… en moins pop et moins soul sans doute. Mais en plus dur, plus énergique : parfait, en somme. Propulsée par la frappe d'un batteur littéralement colossal, voici une musique qui insuffle une joie ineffable : chanson après chanson, car elles sont toutes impeccables, c'est une déferlante de riffs sauvages, comme on disait à l'époque bénie de notre innocence, avec une attitude scénique parfaite. Le chanteur transpire et est frénétique comme il se doit, le guitariste est en cuir noir et mignon comme un ange, la bassiste assure diaboliquement. Et ces très jeunes gens sont vêtus avec une élégance purement rock’n’roll qui tranche avec 2021, mais a finalement quelque chose de littéralement éternel. Et nous, on ruisselle de bonheur, épuisés d'applaudir aussi fort à la fin de chacune des chansons. Et de crier. Et de sourire. Sans doute l'un des meilleurs concerts de rock'n'roll que l'on ait pu voir cette année, et un groupe prometteur à suivre de très, très près.

2021 11 16 The Fleshtones Petit Bain (4)

21h30 : Mais est-ce vraiment raisonnable de continuer à jouer du rock garage à près de 70 ans ? C'est une question qui ne se pose pas très longtemps à un set des Fleshtones en 2021. Le temps d'accuser le coup devant les cheveux blancs, les traits plus flasques, les dentitions en danger, quelques minutes - ou même pas, en fait - d'hésitation... et puis on est repartis pour un tour. Car les chansons sont là… - pas les mêmes qu’avant, car, paradoxalement, Peter Zaremba, Keith Streng et Bill Milhizer (auxquels on a désormais le droit d'associer Ken Fox qui est là depuis plus de 30 ans quand même !) ne font pas dans la nostalgie, le passéisme ou je ne sais quoi dans le genre. Ils jouent des chansons qui sont nouvelles, sorties sur leurs derniers albums, et n’incluent dans leur setlist quasiment aucune vieillerie, à part l’inoxydable New Scene de 1983 ! Et surtout ils balancent la purée… Et peut-être même plus qu'à une époque où foutre le bordel et faire les clowns semblait parfois la priorité du groupe.

Streng, qui ne sourit pas plus qu'à l'époque, est resté un guitariste redoutable, s'appuyant confortablement sur la rythmique solide de Milhizer et Fox. Avec ces mecs-là qui assurent derrière lui, Zaremba peut passer une partie de son temps à organiser des petits jeux avec les spectateurs et à haranguer la foule pour bien rappeler que les Fleshtones sont là, nous aiment et jouent pour nous. Le français de Zaremba est devenu très acceptable après toutes ces années, et il reconnaît sans doute pas mal de ses fans qu'il fait monter sur scène. Il continue toutefois à jouer la provocation pince-sans-rire, et à exhorter le public à faire un peu n’importe quoi sans jamais nous adresser un sourire. Le jeu populaire des Fleshtones consiste désormais à demander aux spectateurs de tourner sur eux-mêmes, comme les musiciens le font sur scène, jusqu’à ce que l’étourdissement nous gagne, ce qui permet à Zaremba de nous interroger d’un air interloqué (et en français…) : « Pourquoi ? Mais, pourquoi ?... ». On s’amuse comme on peut, mais on s’amuse bien.

2021 11 16 The Fleshtones Petit Bain (9)

Signe des temps, quand même, et pas le meilleur, les Fleshtones font désormais des hommages : à Dominique des Dogs (la chanson Dominique Laboubée, qui cite justement Too Much Class for the Neighbourhood), à Charlie Watts (une reprise bien sentie de Child of the Moon des Stones), et surtout aux Ramones. Chacun a droit à son morceau mais celui à la manière des Ramones (Remember the Ramones !) est le plus efficace, reprenant joyeusement les codes de leur musique.

La setlist est bouclée en moins de 50 minutes, mais quand on connaît les Fleshtones, on sait que c’est là que les choses sérieuses (si l’on ose dire…) commencent : une floppée de rappels, formels mais surtout largement informels, Zaremba rappelant sans cesse ses musiciens qui quittent la scène, pour continuer à jouer, à brailler, à chanter, pour que « ça ne s’arrête jamais ! »… jusqu’à ce que ce soit la salle, alors que les onze heures du « couvre-feu » s’approchent, qui décide de couper le son ! C’est ça, la fête du rock’n’roll !

Mais s’il fallait conserver un seul souvenir de cette soirée, on a envie que ce soit ce moment magique des rappels, où les musiciens de Dynamite Shakers ont rejoint les Fleshtones, et où tout le monde a joué ensemble, d’ailleurs avec une facilité déconcertante (on imagine qu’il y avait eu une répétition un peu sérieuse avant) : ce brillant passage de témoin entre les « grands anciens » et les « petits jeunes » nous donne incontestablement de bonnes raisons de croire au futur du Rock’n’Roll !

 

2021 11 16 Dynamite Shakers Petit Bain (13)

La setlist du concert de Dynamite Shakers :

Broken Space

Twisted Individual (Dynamite Shakers – 2021)

She’s Waitin’ (Dynamite Shakers – 2021)

Beautiful Crime

What’s Goin’ On

It’s Too Late (Dynamite Shakers – 2021)

The Sound (Dynamite Shakers – 2021)

Can’t Wait

Split Brain

The French Top Ten (Dynamite Shakers – 2021)

Black Cats

The Bell Behind The Door (Dynamite Shakers – 2021)

Saturday

Blow My Mind

Too Much Class for the Neighborhood (Dogs cover) (Dynamite Shakers – 2021)

 

Les musiciens des Fleshtones sur scène :

Peter Zaremba - chant, harmonica, claviers

Keith Streng - guitare

Ken Fox - basse

Bill Milhizer - batterie

 

2021 11 16 The Fleshtones Petit Bain (18)

La setlist du concert des Fleshtones :

Love My Lover (The Band Drinks for Free – 2016)

Back to School (Take a Good Look – 2008)

You Gotta Love, Love (Face of the Screaming Werewolf – 2021)

New Scene (Hexbreaker ! – 1983)

Dreaming About Work (Solid Gold Sound – 2001)

Dominique Laboubée

Child of the Moon (The Rolling Stones cover) (Face of the Screaming Werewolf – 2021)

Charlie Chan

Manpower Début (Face of the Screaming Werewolf – 2021)

I Surrender (Bonnie St. Claire cover)

Suburban Roulette (The Band Drinks for Free – 2016)

Remember the Ramones (Wheel of Talent – 2014)

My Kinda Lovin

Soul Shake (Delaney & Bonnie cover)

Alright (The Searchers cover)

(I'm Going Back to) The House on the Hill (Hank Ballard and the Midnighters cover)

Face of the Screaming Werewolf (Face of the Screaming Werewolf – 2021)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

16 novembre 2021

Shannon Wright - Lundi 15 Novembre 2021 - Petit Bain (Paris)

2021 11 15 Shannon Wright Petit Bain Billet

Peu de gens – trop peu de gens en fait – savent combien un concert de Shannon Wright est une expérience forte : ce soir, Petit Bain n’est malheureusement pas complet pour accueillir l’une des expériences musicales actuelles les plus singulières, les plus passionnantes qui soient. Mais peu importe, car tous ceux qui sont là sont de fervents adeptes qui savent pourquoi ils sont venus, et ce qu’ils espèrent vivre à nouveau.

2021 11 15 Cyann Petit Bain (4)

20h30 : la soirée débute avec Cyann, qui nous racontera ensuite n’avoir pas joué live depuis le début de la pandémie. Eh bien, ça ne se voit pas, car la jeune femme est en pleine maîtrise de son installation complexe de claviers, pédales et autres mécanismes technologiques lui permettant à elle seule de produire une musique d’une folle amplitude… Avec en premier lieu sa voix démultipliée, créant une atmosphère planante, glaciale parfois, riche toujours, pendant 45 minutes. Largement arythmique, si l’on excepte la présence d’un beat solitaire pendant une dizaine de minutes au milieu du set, cette musique alterne des passages plus dénudés qui reviennent même vers un format chanson (il y a eu un passage où l’on pouvait penser à une veine similaire à celle de Nick Cave dans son Ghosteen !), et des montées sonores – assorties à un moment à des vibrations qui soumettront la coque de la péniche du Petit Bain à rude épreuve. Cyann témoigne d’une belle insistance à expérimenter, mais si on peut aussi trouver ça fatiguant à force. Une première partie qui conjugue étrangement l’intéressant et le… pénible !

2021 11 15 Shannon Wright Petit Bain (2)

21h30 : avec Shannon Wright, c’est une tout autre histoire, on passe de la musique des machines à la peinture troublante de l’humanité la plus fragile, la plus déchirante. Il faut d’abord savoir que Shannon, on est là pour l'écouter, pas pour la voir : car elle joue dissimulée en permanence derrière son épaisse chevelure. Privés de « spectacle », nous n'avons plus qu'à nous concentrer sur la musique qui, ça tombe bien et on l’a déjà dit, est renversante. Nous voilà face à une impensable tempête d'émotions, un trop plein de sensations qu'il vaut d’ailleurs mieux recevoir les yeux fermés.

Sur un splendide piano classique Yamaha - dont on se demande comment il a pu rentrer sur scène dans le ventre de la péniche -, Shannon nous régale d'un jeu quasi-virtuose, tandis qu'elle égrène des chansons à nous dévaster l'âme, de sa voix à la texture quasi surnaturelle, vibrante comme mille fantômes de souffrances oubliées. Et le contraste entre la splendeur classique du piano et l'inextinguible déchirement du chant est sidérant. Même s’il est impossible de vraiment mettre en avant un morceau au milieu des autres, on pointera une interprétation merveilleuse de Somedays, l’un des sommets de son dernier album – datant déjà de 2019 -, Providence.

2021 11 15 Shannon Wright Petit Bain (10)

D’ailleurs, quand Shannon abandonne son siège devant le piano pour s'emparer de sa guitare électrique, dont elle tire des dissonances et des rythmes contrariés, l'évidente brutalité dont elle fait preuve vis à vis de ses propres chansons paraît presque trop logique, presque pléonastique par rapport à ce que nous venons de vivre.

Au bout de 45 minutes, Shannon quitte la scène avec juste quelques remerciements balbutiés, mais face à notre insistance, elle reviendra nous offrir deux autres brassées de fleurs brisées au piano, dont Avalanche, l’un des morceaux favoris des fans. Et ensuite, elle disparaîtra pour de bon, nous laissant groggys dans une salle que nous n’avons ni l’envie ni la force de quitter aussi vite. Nous nous apercevons alors de la présence parmi nous ni plus ni moins que de Warren Ellis, et également des musiciens des Psychedelic Monks… des gens de bon goût bien sûr, mais aussi des artistes qui placent la sincérité au cœur de leur travail. Ce n’est pas une coïncidence !

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

 

 

12 novembre 2021

girl in red - Jeudi 11 Novembre 2021 - La Boule Noire (Paris)

2021 11 11 Girl In Red Boule Noire (24)

Concert “secret” de girl in red, annoncé discrètement sur les réseaux sociaux deux jours avant, avec entrée gratuite mais accès très limité aux 100 premières personnes : l’occasion parfaite de revoir dans une petite salle – à la Boule Noire, là où nous l’avions découverte en live il y a déjà deux ans et demi – une artiste qui est déjà passée à une dimension bien supérieure…

Comme c’était prévisible, les jeunes fans de Marie Ulven Ringheim font la queue depuis le début de la matinée pour une ouverture des portes à 19h30. Heureusement, en ce 11 novembre 2021, le temps est clément, froid sec, pas de vent et grand ciel bleu. Petit moment d’angoisse générale à l’entrée, bien gérée par le staff : contrôle du pass sanitaire permettant le contrôle (?) du nom des personnes inscrites sur le site, et les heureux / ses élu(e)s pénètrent enfin dans le lieu de leurs rêves !

20h30 : finalement il est clair qu’on a laissé entrer plus de 100 personnes, ce qui est une bonne chose quand on considère le temps d’attente… L’atmosphère est, comme à chaque fois qu’on voit girl in red sur scène, très jeune (ces hurlements stridents, comme si on était à nouveau à l’époque des Fab Four !), mais surtout très féminine et très chaleureuse. De manière surprenante, il n’y a ni amplis ni retours sur la scène, ce qui éveille des doutes sur la qualité du son auquel on aura droit… et de fait, hormis la voix de Marie, le reste du son ne rendra pas honneur à l’enthousiasme et l’énergie des jeunes musiciens du groupe, qui se déchaînent généreusement sur chaque chanson.

2021 11 11 Girl In Red Boule Noire (12)

Passée un Sérotonine peu convaincant en intro, on retrouve la mécanique très simple de la majorité des chansons de girl in red, cette bedroom pop mélancolique qui explose sur des refrains très efficaces, très rock, où tout le monde hurle en chœur – couvrant régulièrement la sono, qui aurait pu être plus forte – et saute en l’air. C’est évidemment très joyeux et des frissons nous parcourent régulièrement l’échine quand l’enthousiasme des jeunes filles s’approche de l’hystérie. Des morceaux « classiques » du répertoire comme girls (trois ans déjà !) et le fantastique dead girl in the pool sont des pics d’intensité logiques, mais c’est plutôt le très beau Body and Mind, sur un registre différent, qui prouve que Marie a le potentiel de dépasser son statut actuel d’idole adolescente.

Ce qu’il y a de bien avec « Marie et ses garçons », c’est qu’ils ont conservé toute la fraîcheur des premiers jours, cette impression générale d’amateurisme bon enfant et généreux à la fois qui tranche si clairement avec le comportement de jeunes groupes britanniques par exemple. Dès le début du set, Marie surfe sur les bras tendus de ses adoratrices (et adorateurs), et sur le dernier morceau, l’incontournable i wanna be your girlfriend, elle organise le mosh pit pour venir y pogoter elle-même.

Tout au long du concert, elle va continuer à parler beaucoup – on sait combien elle est bavarde, Marie ! – incluant ses fans dans ses monologues sur sa vie de jeune norvégienne gay et presque ordinaire (malgré sa célébrité !). Le problème est que, trois ans après ses débuts remarqués, on aimerait un peu plus d’organisation et de rigueur (on ne va pas parler de professionnalisme, heureusement !) : moins de longs bavardages et un enchaînement plus rapide des chansons qui éviterait des baisses de tension, et des musiciens qui maîtrisent un tantinet mieux leur sujet seraient deux « plus » évidents pour accompagner le niveau de popularité croissante du groupe. On ne peut pas s’empêcher de rester stupéfaits devant le choc survenu sur scène entre le bassiste et l’un des deux guitaristes, qui s’est pris le manche de la basse en plein dans les dents, et a été quasiment mis KO quelques secondes !… Soit le genre de choses qu’on n’avait quasiment jamais vu arriver même pendant les concerts punks les plus survoltés et violents…

De la même manière, le fait que le groupe ne soit pas capable d’accompagner Marie lorsque, pour satisfaire ses fans réclamant plus de chansons, elle voudrait leur offrir un Hornylovesickmess non prévu sur la setlist, pose quand même un souci. Remarquez que Marie n’a pas flanché, qu’elle a pris son courage à deux mains, s’est installée au piano – un instrument qu’elle ne maîtrise pas complètement – et nous a offert une interprétation improvisée en solo et ralentie de la chanson, qui a été l’un des moments les plus touchants du concert… donc nous ne nous plaindrons pas trop !

1h10 d’un set à la bonne franquette, régulièrement réjouissant, mais qui témoigne aussi de la nécessité pour Marie et son girl in red de prendre leur envol, et dépasser ce premier stade des années d’apprentissage.

On se revoit en mai prochain pour faire le point !

 

2021 11 11 Girl In Red Boule Noire (38)

La setlist du concert de girl in red :

Serotonin (if i could make it go quiet – 2021)

You Stupid Bitch (if i could make it go quiet – 2021)

girls (chapter 1 – 2018)

i'll die anyway. (chapter 2 – 2019)

we fell in love in october (single – 2018)

Body And Mind (if i could make it go quiet – 2021)

Did You Come? (if i could make it go quiet – 2021)

dead girl in the pool. (chapter 2 – 2019)

I’ll Call You Mine (if i could make it go quiet – 2021)

midnight love (if i could make it go quiet – 2021)

bad idea! (chapter 2 – 2019)

Hornylovesickmess (if i could make it go quiet – 2021)

i wanna be your girlfriend (chapter 1 – 2018)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

 

9 novembre 2021

SUUNS - Lundi 8 Novembre 2021 - Maroquinerie (Paris)

2021 11 08 Suuns Maroquinerie Billet

Nombreux sont les gens de goût qui considèrent SUUNS comme l’une des meilleures choses qui soient arrivées au Rock au XXIe siècle. Issus de la prolifique scène de Montréal, ces expérimentateurs forcenés ont réussi à mélanger krautrock, électronique et esprit punk comme peu d’autres groupes l’avaient fait avant eux, et à produite une musique qui ne ressemblait pas à grand-chose d’autre. Et il est encore plus facile de reconnaître que leurs prestations scéniques puissantes sont supérieures à leurs efforts discographiques… ce qui explique une Maroquinerie complète deux soirs de suite, pour un groupe qui n’est pas – et ne sera sans doute jamais – populaire, mais qui a conquis une bonne frange de mélomanes parisiens.

Un peu d’inquiétude tout de même dans notre anticipation de ce concert : le dernier album, The Witness, marque un virage dans la trajectoire du groupe, et convainc moins que ses prédécesseurs, tandis que le claviériste originel, Max Henry, a quitté le groupe, et que Ben Shemie, le leader, vit désormais à Paris, loin de ses collègues. De quoi se faire du souci, non ?

2021 11 08 Sébastien Forrester Maroquinerie (6)

20h : Sébastien Forrester, derrière ses machines et ses percussions, nous embarque pour 35 minutes d'un voyage immobile, en partant d'une stase organique sur laquelle des rythmes tribaux créent la vie… avant que des sons électroniques ne s’intègrent graduellement, nous imposant une transe technologique à laquelle il est difficile de résister… On termine un lent engloutissement dans une sorte d'abyme à l'obscurité oppressante traversée de chaos bruitiste. C'est fascinant, parfois beau, parfois un peu ennuyeux : c’est comme un vrai voyage, en fait, avec tous les états d’âme par lesquels il nous fait passer. Une belle expérience sonore, et parfois même sonique, dans laquelle il faut accepter de se laisser sombrer.

21h : SUUNS sont maintenant réduits officiellement à trois musiciens, Ben au chant, à la guitare et occasionnellement à la basse, Joe Yarmush à la basse et à la guitare, et Liam O’Neill à la batterie et aux percussions électroniques. Mais ce sont cinq personnes qui s’installent sur scène dans une obscurité qui persistera plus ou moins durant toute la durée du set - près d’une heure et demie en incluant deux rappels – puisque les musiciens originels sont désormais soutenus sur scène par deux claviéristes (et saxophoniste). La Maroquinerie a fait le plein de spectateurs et l’ambiance est électrique dans la salle, on sent qu’on à affaire à un groupe qui déchaîne les passions…

2021 11 08 SUUNS Maroquinerie (21)

Le set débute par l’enchaînement de cinq morceaux à la suite de The Witness, des morceaux plus réflexifs, plus intimistes presque pourrait-on affirmer, en particulier sur la longue introduction de Third Stream, des morceaux qui permettent toutefois à Ben d’assumer plus franchement son rôle de chanteur. Et qui ont quelque chose d’un round d’observation entre le groupe et le public. Quelques puissantes montées en tension sur C-Thru nous rassurent quand même sur le fait que SUUNS n’a pas changé tant que ça… même si les très planants Clarity et Go To My Head perdent un peu de notre attention. Quelques super-fans au premier rang en profitent pour aller chercher des bières…

C’est à partir du moment où la setlist revient aux titres plus anciens que le concert prend, inévitablement a-t-on envie de dire, toute son ampleur : Translate est une véritable tuerie, avec un son d’une originalité stupéfiante, tout en force, en brutalité, qui n’évoque rien d’autre de connu… et qui débouche sur un Powers of Ten dévastateur, qui voit toute la Maroquinerie basculer dans la transe. Sur scène, on est inévitablement fasciné par la puissance de frappe de Liam à la batterie, dont chaque coup semble résonner à l’intérieur de notre crâne. Et on tente en vain d’entrevoir le visage du gros nounours chevelu qu’est Joe alors qu’il triture mortellement sa guitare. Après que Ben ait fait une sympathique démonstration de son français sans aucun accent québécois, le set se termine sur un beau The Trilogy très électronique… qui nous donne envie d’en entendre plus…

Et ça tombe bien, SUUNS nous concèdent un double rappel – puisque personne ne veut vraiment partir, ni eux ni nous : les glissements de guitare sur lit d’électronique de 2020, un morceau d’une formidable étrangeté mais qui réussit à être excitant malgré tout, complètent les crowd pleasers que sont Armed For Peace et Gaze, sur lesquels beaucoup de gens présents dans la salle ont découvert le groupe, il y a plus de 10 ans déjà. C’est d’ailleurs étonnant, quand sur Gaze, le saxophone part en délire free sur le martèlement démentiel du morceau, il y a quelque chose des Stooges de Fun House dans ces moments de chaos qui allient une sorte de bestialité et un concept fort…

Une bonne partie des spectateurs dans la salle ont visiblement prévu de revenir le lendemain, pour profiter autant que possible de cette musique singulière, et intensément satisfaisante quand elle part dans des envolées rythmiques ou soniques ébouriffantes. Espérons quand même que l’assagissement du dernier album ne marque pas un changement définitif du groupe, ce serait dommage !

 

La setlist du concert de SUUNS :

2021 11 08 SUUNS Maroquinerie (26)

Third Stream (The Witness – 2021)

Witness Protection (The Witness – 2021)

C-Thru (The Witness – 2021)

Clarity (The Witness – 2021)

Go to My Head (The Witness – 2021)

Fiction (Fiction EP – 2020)

Instrument (Hold/Still – 2016)

Translate (Hold/Still – 2016)

Powers of Ten (Images du Futur – 2013)

Pie IX (Zeroes QC – 2010)

The Trilogy (The Witness – 2021)

Encores:

Gaze (Zeroes QC – 2010)

Armed for Peace (Zeroes QC – 2010)

2020 (Images du Futur – 2013)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

7 novembre 2021

JE Sunde - Samedi 6 Novembre 2021 - Café de la Danse

2021 11 06 JE Sunde Café de la Danse Billet

Plusieurs fois reporté, comme c'est le cas pour de nombreux artistes évidemment, le concert de J.E. Sunde à Paris pour le lancement de son album Nine songs about love 9 songs about love a enfin lieu ce soir au Café de la Danse, mais n'est malheureusement pas complet, malgré les critiques louangeuses reçues un peu partout. Du coup le public est confortablement assis - et ne se lèvera pas - ce qui confère une ambiance à la soirée plus recueillie que chaleureuse. Ambiance un peu troublée par une photographe agitée et pas très pro qui irritera tout le monde et se fera rappeler à l'ordre.

2021 11 06 Corentin Ollivier Café de la Danse (7)

20h05 : on commence avec Corentin Ollivier, jeune artiste originaire d’Angers, qui a fait auparavant du rock en groupe et de l’électro en solo, et qui se présente désormais seul sur scène avec sa vieille guitare qui se désaccorde (c'est lui qui l’affirme !). Il nous propose des chansons folk classiques qui ne retiennent pas particulièrement l'attention, malheureusement. Il nous annonce même une reprise – improbable ? - de LCD Soundsystem, mais que nous n’arriverons pas à réconcilier avec ce que nous connaissons du groupe, et finalement, qui ne tranche pas par rapport au reste des chansons. Peut-être devrait il composer et chanter en français pour pouvoir nous offrir quelque chose d'un peu plus original...? 40 minutes qui nous ont paru bien longues.

21h : J.E. Sunde est là avec deux musiciens - un bassiste et un batteur - pour étoffer sa musique, qui, elle, au contraire de la première partie, pourrait s'en passer. Car la voix de Jon est totalement étonnante, presque féminine parfois et incroyablement... "acide" en même temps. Parfaite pour chanter de la country traditionnelle en fait, même si, à deux ou trois exceptions près, ce n'est pas de la country de Jon compose, mais plutôt un folk rock soyeux, régulièrement nourri de mélodies facilement mémorisables.

2021 11 06 JE Sunde Café de la Danse (11)

Le set de 1h10, rappel de deux titres compris, abordera différents styles et différentes ambiances. On passera avec aisance de l'acoustique à l'électrique, et de la dérision légère dans la description sociale à l'émotion discrète. Pas d'excès de pathos ni de démonstration de virtuosité, on est dans une musique élégante, ancrée dans l'Amérique profonde (Jon vient du Wisconsin), mais ouverte à la lumière du monde. Le seul moment d’émotion véritablement intense, qui sera d’ailleurs suivi d’une très longue ovation générale, sera le délicat et poignant I Don’t Care To Dance, en solo acoustique : un morceau qui amène aussi sûrement les larmes aux yeux qu’une chanson de Nick Drake, auquel on compare parfois Jon (un peu abusivement à notre avis…), et qui constituera indiscutablement le sommet de la soirée.

Même si l’on aimerait beaucoup que Jon persiste dans cette veine « à haut degré d’émotion », il a choisi clairement d’interpréter ses chansons en format beaucoup plus énergique, rock’n’roll si l’on veut, ce que nous serions bien en peine de lui reprocher (même si, du coup, le concert aurait certainement mieux fonctionné avec un public debout !) : comme il le chante clairement sur Clover : « You say God died a long time ago / I guess I’ll try and find salvation then in rock'n'roll »… C’est bien ce qu’on fait tous, Jon !

2021 11 06 JE Sunde Café de la Danse (16)

A la fin, Jon remerciera longuement et chaleureusement les équipes françaises du label et de la production qui ont rendu possible ce concert. Et, en ces temps difficiles où, comme Jon l’a expliqué en présentant sa chanson We Live Each Other's Dreams, un artiste est régulièrement envieux devant ses amis qui ont un boulot leur permettant de nourrir leur famille, il y a quelque chose d'émouvant et d'admirable aussi quand on pense à tous ces gens, même séparés par un océan, qui se battent pour que la musique et l'Art en général continuent à exister.

Une remarque, nous utilisons dans cette chronique le prénom de « Jon » pour Sunde, pour respecter les instructions qu’il a lui-même données, non sans humour ! « Je m’appelle Jon, J.E., c’est juste pour faire le malin sur les pochettes de disques ! ». Car ce mélange d’humanité et de modestie est peut-être bien l’une des plus belles caractéristiques de ce compositeur et interprète de talent.

Dernière partie du set bien énergique comme on aime, avant un rappel qui se termine en solo acoustique sur une nouvelle chanson inspirée par la thérapie de Jon : Blind Curve est une allégorie sur la foi que nous devons avoir quant à notre trajectoire au moment d’aborder un virage sans aucune visibilité. Une conclusion parfaite à une soirée musicale stimulante et parfois très touchante.

 

La setlist du concert de Corentin Olliver

Everything You Thought Would Last (Into Pieces – 2021)

An Ear and a Shoulder (Into Pieces – 2021)

Skin to Skin (new song)

Heal (Into Pieces – 2021)

Reasons to Admit (Into Pieces – 2021)

Someone Great (LCD Soundsystem Cover)

Forever After (Into Pieces – 2021)

Exhale (Into Pieces – 2021)

I Shot An Arrow (Into Pieces – 2021)

 

2021 11 06 JE Sunde Café de la Danse (10)

Les musiciens de J.E. Sunde sur scène :

J.E. Sunde – voix, guitare acoustique, guitare électrique

Andrew - basse

Shane - batterie

 

La setlist du concert de J.E. Sunde :

You Can't Unring a Bell (Shapes That Kiss the Lips of God - 2014)

Love Gone To Seed (9 Songs about Love – 2021)

Clover (9 Songs about Love – 2021)

Sunset Strip (9 Songs about Love – 2021)

I Love You, You’re My Friend (9 Songs about Love – 2021)

Thorns and Roses (Now I Feel Adored – 2017)

Love Leaves a Mark (9 Songs about Love – 2021)

We Live Each Other's Dreams (9 Songs about Love – 2021)

I Don’t Care to Dance (9 Songs about Love – 2021)

Easy Kid (Shapes That Kiss the Lips of God - 2014)

Glory, Gloria (new song)

Risk (9 Songs about Love – 2021)

Wedding Ring (Now I Feel Adored – 2017)

Encore:

A Blinding Flash of Light (Shapes That Kiss the Lips of God - 2014)

Blind Curve (new song)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

6 novembre 2021

Damon Albarn et Joan As Police Woman - Vendredi 5 Novembre 2021 - Gaîté Lyrique (Paris)

2021 11 05 Damon Albarn Gaîté Lyrique Billet

Seconde soirée du Festival Arte et on attend de savoir, en pénétrant dans la Gaîté Lyrique à quelle sauce on sera mangé. A l'entrée, on nous prévient déjà : il faudra vous déplacer autour de la scène car Damon va bouger. Bon, on se prépare au pire, et c'est vrai que, au premier regard, la scène ressemble à un cauchemar, encombrée qu'elle est de pianos, de claviers et de matériel. Choisis ton camp, camarade, mais en sachant que, comme hier, tu ne pourras pas tout voir !

2021 11 05 Joan As Police Woman Gaîté Lyrique (9)

21h00 : Joan Wasser (aka Joan as Police Woman) s'installe à l'un des pianos et attaque un extrait de The Barbarian, le titre phare – de 12 minutes à l’origine - de son nouvel album, The Solution Is Restless sorti le jour même : le regretté Tony Allen passe sur une petite télé à côté de Joan et on entend ses beats intégrés dans la musique. Un silence presque religieux règnera dans la salle, pourtant déjà bien remplie, pour accueillir les morceaux, tous très intimistes, que Joan a choisi de nous interpréter ce soir, au piano ou à la guitare électrique. Elle nous explique que ce concert est le premier qu'elle donne depuis 2 ans, et il est vrai qu’elle semble parfois un peu nerveuse, malgré la bienveillance du public. Elle nous offrira une très belle interprétation éthérée de Geometry of You, encore une fois avec Tony à l'écran, avec un drone au violon et avec le piano-voix mesuré de Joan. Avant de chanter Real Life, un morceau tiré de son tout premier album datant de 15 ans, Joan remercie très élégamment PIAS pour leur support, ce qui est quand même très classe : on sait combien Joan est sensible à l’importance politique et sociale de l’Art et combien l’économie fragile des différents acteurs dans la Musique la préoccupe. Pour Get My Bearings, Damon vient la rejoindre sous les applaudissements, pour l'accompagner à un second piano. On regrettera toutefois que la configuration de la scène empêche les ¾ du public de voir Joan pendant son set… 35 minutes d'un set très beau, mais qui nous donne surtout envie de la revoir dès que possible accompagnée de son groupe !

2021 11 05 Damon Albarn Gaîté Lyrique (2)

22h05 : La scène est un peu plus dégagée après que le piano et le matériel de Joan aient été enlevés, mais on reste dans une configuration où seuls deux côtés du carré permettent au public de voir les musiciens, ce qui n’est pas optimal. Damon Albarn arrive – ou revient, si l’on considère son apparition avec Joan – enfin : ses fans - souvent féminines il faut l’admettre, ce qui prouve que, même si on est loin des années Blur, il y a des choses qui ne changent pas – exultent ! Damon, la cinquantaine toujours juvénile, arbore un look décontracté, à la limite du « père de famille en mode relax le week-end à la maison ». Il a quand même revêtu un beau sweat-shirt portant le mot « Bonjour », qu’il confiera plus tard, soigneusement, à son garde du corps qui veille précieusement sur lui tout au long du concert au pied des marches, prêt à bondir en cas de menace (on imagine que Liam Gallagher pourrait s’être glissé subrepticement dans la foule, par exemple !).

Il est accompagné de 4 musiciens : un batteur virtuose qui ressemble à Jeff Bezos lassé de se balader dans l’espace, un guitariste qui restera assis tout le set avec l’air d’être à deux doigts du suicide, un pianiste / saxophoniste brillant et jovial (tellement près de nous, au bord de la scène, que nous pourrons échanger des plaisanteries au long du set), et un spectaculaire bassiste black. Il sera aussi supporté sur quelques morceaux par un quatuor à cordes, installé sur une seconde scène près de l'entrée de la salle...

2021 11 05 Damon Albarn Gaîté Lyrique (14)

L’introduction de The Nearer the Fountain, More Pure the Stream Flows, l’un des quelques titres déjà paru du nouvel album « islandais » de Damon donne le ton de la soirée : calme, introspection, élégance, cool… Damon est au piano, concentré, et on peut craindre un moment que le set ne devienne légèrement… euh… ennuyeux. Il faut attendre Royal Morning Blue pour qu’Albarn, enfin debout, lance vraiment la soirée: généreux, notre homme va se promener tout autour de la scène, pour se rapprocher de son public, et particulièrement des belles femmes autour de lui, auxquelles il n’hésitera pas à prendre la main d’un air charmeur (eh oui, séducteur un jour, séducteur toujours, ce bon vieil Albarn !).

La setlist sera largement consacrée, donc, au nouvel album, qui n’est pas encore sorti, ce qui est évidemment plus difficile pour le public, prié de se concentrer pour découvrir les nouveaux morceaux, mais nous récompensera quand même par des extraits du back catalogue de Damon, de Blur (eh oui !) à The Good, The Bad & The Queen en passant – heureusement – par Gorillaz. Il y aura aussi une belle reprise du vivifiant Go Back de Tony Allen, auquel Damon rend hommage en nous racontant que lorsqu’il l’a vu sur l’enregistrement de Joan, il a senti qu’il lui parlait encore de l’au-delà…

The Tower of Montevideo permet à notre copain saxophoniste de nous en mettre plein la vue sur une musique qui chaloupe plutôt à la manière cubaine qu’uruguayenne (mais là, on pinaille !). Européen convaincu, Albarn déplore la disparition des « Petits Filous » des supermarchés, un laitage essentiel pour la lunch box des écoliers anglais : bon, on ne va parler des hauteurs de sa pensée politique, mais merci pour l’hommage à l’industrie laitière française, Damon !

On Melancholy Hill, le hit single de Gorillaz,nous met tous franchement de bonne humeur avec sa mélancolie joueuse, et sera suivi de la splendide nouvelle chanson Polaris – belle mélodie et décollages enthousiasmants – qui sera peut-être l’un des moments les plus réussis de la soirée. La conclusion du set sur un This Is a Low, datant du sommet pop de Blur, Parklife, s’avère un bon choix, puisqu’il nous permet de reprendre le refrain en chœur, mais aussi parce qu’il démontre qu’entre tous les groupes montés par Albarn, entre toutes les phases musicales de sa carrière, il a su garder une véritable cohérence.

Malgré les appels insistants des fans après 1h20 de concert, Damon ne reviendra pas (même si l’on pouvait l’espérer, sachant son goût pour les marathons scéniques, depuis le fameux concert danois où la sécurité avait dû l’expulser après plus de quatre heures de show !). Un petit set acoustique privé, loin des caméras et des grues envahissantes d’Arte, ne nous aurait pourtant pas fait de mal, Damon !

2021 11 05 Joan As Police Woman Gaîté Lyrique (10)

La setlist du concert de Joan As Police Woman :

The Barbarian (The Solution is Restless – 2021)

Out of Time (Blur cover)

The Ride (Real Life – 2006)

Geometry of You (The Solution is Restless – 2021)

Tell Me (Damned Devotion – 2018)

Real Life (Real Life – 2006)

Get My Bearings (The Solution is Restless – 2021)

The Magic (The Deep Field -2011)

 

2021 11 05 Damon Albarn Gaîté Lyrique (28)

La setlist du concert de Damon Albarn :

The Nearer the Fountain, More Pure the Stream Flows (new song)

The Cormorant (new song)

Royal Morning Blue (new song)

Lonely Press Play (Everyday Robots – 2014)

Go Back (Tony Allen cover)

The Tower of Montevideo (new song)

The Poison Tree (The Good, The Bad & The Queen – Merrie Land - 2018)

Hong Kong (Gorillaz – D-Sides - 2007)

Daft Wader (new song)

Out of Time (Blur song)

El Mañana (Gorillaz – Demon Days - 2005)

Darkness to Light (new song)

On Melancholy Hill (Gorillaz – Plastic Beach - 2010)

Polaris (new song)

Particles (new song)

This Is a Low (Blur – Parklife - 1994)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

5 novembre 2021

Shame et Nova Twins - Jeudi 4 Novembre 2021 - Gaîté Lyrique (Paris)

2021 11 04 Shame Gaîté Lyrique Billet

Le festival Arte n'est pas un évènement ordinaire, tout au moins en termes de "logistique" pour les spectateurs qui aiment être au premier rang lors des concerts. La prudence nous commande d'éviter la première, première partie (C’est Karma, dont on nous a dit a posteriori beaucoup de bien…) qui a lieu dans une petite salle, pour aller directement s'installer dans la grande salle du deuxième étage de la Gaîté Lyrique pour le set de Nova Twins... Nous découvrons avec surprise une scène carrée installée inhabituellement au centre de la grande salle, qui plus est avec un sol de verre qui permet un éclairage par en dessous. Deux caméras-grues sont placées de part et d'autres (ce qui aurait d'ailleurs dû nous mettre la puce à l'oreille pour la suite)...

2021 11 04 Nova Twins Gaîté Lyrique (8)

21h : Le duo londonien qui monte (en fait un trio sur scène, puisque les filles sont soutenues par un batteur, à la frappe puissante !), Nova Twins, étiqueté grime / punk, déboule dans un déluge de lumière et se lance dans son set avec une énergie étourdissante. On en prend plein les yeux et plein les oreilles, et ça ne va pas baisser de rythme pendant 35 minutes, chacune d’elle jouée à fond ! Avec leur look DIY moderne et leur énergie joyeuse, les filles dégageant une sympathie immédiate : la chanteuse Amy Love n’arrête pas de répéter qu’elle aime Paris parce que Nova Twins y a été reconnu plus tôt… Bon, on imagine qu’elle dit ça tous les soirs, mais elle paraissait quand même sincère, et faisait sans doute référence à leur passage aux Transmusicales de Rennes voilà 5 ans qui avait en effet fait une petite sensation ! Pour imaginer leur musique, le mieux est de parler de vocaux hip hop sur un hardcore millésimé années 90, mais minimaliste et infusé d’électronique, le genre… Amy organisera rapidement un moshpit devant la scène pour que les spectateurs s’en donnent à cœur joie, et on remarque que la charge est largement conduite par des filles, ce qui fait sacrément plaisir. Elles jouent une bonne partie des titres de leur premier album, sans oublier le morceau qui les a révélées, Bassline Bitch, et tout le monde est content.

A partir du moment où les filles quittent la scène… c'est un peu la panique : tout leur matériel est dégagé pour installer celui de Shame, mais d'une manière très particulière : la batterie est au centre et un musicien sera posicionné à chaque coin de la scène carrée, tournant le dos au public et avec ses amplis derrière lui. Où se placer ? La décision n'est pas facile à prendre, la seule chose évidente est qu'il sera de toute manière impossible de bien voir tous les musiciens où que l'on soit. Et puis il y a l'inquiétude de la qualité sonore, vu l'absence d'une sono susceptible d'équilibrer le son des amplis les plus proches. Bref, une idée intéressante qui donne une très belle esthétique à la scène ainsi organisée, et on imagine bien que pour Arte, qui filme et diffuse les concerts, c’est un point très important de différenciation, mais dont la commodité pour les spectateurs présents dans la salle est pour le moins discutable !

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Il est déjà 22h25 quand les 5 musiciens de shame montent sur scène, avec une dizaine de minutes de retard sur l’horaire initialement prévu. Ils sont joliment vêtus de smokings (portant l’étiquette Zara, nous le constaterons plus tard quand les vestes – et certaines chemises – auront été dispersées sur le sol !), nœuds papillons, et ils ont chacun un verre à la main, de champagne ou de jus d’orange. Cool ! Mais une nouvelle surprise nous attend quand chacun s’installe à sa place (Charlie Steen s'allonge même sur le sol !) et se met à attendre… buvant et souriant, mais sans rien faire ! Attendant quoi ? Nous ne le saurons pas, mais ça durera une dizaine de minutes avant que le set commence… C’est assez drôle, ou en tout cas très, très inhabituel, mais quand même un peu irritant à la longue. S’agissait-il d’un problème de retransmission ?

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Et puis, enfin, le concert commence… et les lads de Londres nous assènent d’emblée deux brûlots (Alphabet, 6/1) de leur excellent second album, Drunk Tank Pink, confirmant en même temps 1) que leur excellente réputation scénique est justifiée 2) que leur musique évolue – sans perdre son urgence punk – vers des terrains plus ambitieux, dissonants, dérangeants parfois. Et c’est une très bonne nouvelle !

Sur scène, Charlie est au contact permanent avec la foule, passant malheureusement la majorité de son temps sur « un côté du carré », et frustrant donc les trois autres, tandis que Sean et Eddie sont concentrés sur leur jeu de guitare, et que Josh, le joyeux bassiste très extraverti – donc explosant le vieux code du bassiste de Rock taciturne – fait une grande partie du spectacle à lui tout seul : courses effrénées, sauts spectaculaires, voilà un tout jeune homme qui ne ménage pas sa peine !

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Le son est, comme nous pouvions le craindre, assez moyen, et varie en fonction de là où vous êtes placé autour de la scène, la voix de Charlie étant dans certains endroits peu audible. Mais cela n’a pas l’air de diminuer l’enthousiasme débordant du public qui fête le groupe : les gens braillent les paroles en chœur, ça slamme, ça saute partout, c’est la bonne ambiance punk… même s’il faut reconnaître que la musique que joue actuellement shame est plus anxiogène que festive ! Bien évidemment, les titres du premier album, plus traditionnellement post punk, et en particulier Concrete (très « clashien » pour le coup…), Dust on Trial et le formidable One Rizla (« And you're clinging to conflict / Just let go », braillons-nous tous avec Charlie !) en quasi final, sont ceux qui déchaînent le plus les passions. Charlie répond chaleureusement à l’amour de son public en regrettant de n’avoir pas pu jouer en France depuis deux ans, et en répétant combien il aime « l’Europe » (on connaît la position anti-Brexit du groupe, mais on ne peut guère s’empêcher de remarquer que, comme la grande majorité des Anglais, il utilise le mot « Europe » pour qualifier ce territoire qui commence au-delà de la Manche !).

Au bout d’une heure, il est temps de boucler le set – non sans avoir promis de revenir au Bataclan, pour plus de chansons en avril prochain – et Charlie monte sur la coursive où un micro a été installé pour lui, pour chanter l’impressionnant Station Wagon, conclusion du second album et donc conclusion de la soirée…

… une soirée qui aura confirmé, malgré les « complications » de la mise en scène télévisuelle, la valeur de shame, qui pourrait bien prétendre à prendre la place de Idles sur le podium du post-punk anglais. A confirmer donc le 1er avril prochain dans notre cher Bataclan, là où naissent les légendes…

 

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Les musiciens de Nova Twins sur scène :

Amy Love – lead vocals, guitar

Georgia South – bass guitar, backing vocals

??? - drums

 

La setlist du concert de Nova Twins :

Intro Who Are the Girls

Devil's Face (Who Are the Girls – 2020)

Vortex (Who Are the Girls – 2020)

Play Fair (Who Are the Girls – 2020)

Wave (Nova Twins EP – 2016)

Antagonist

Bassline B*tch (Nova Twins EP – 2016)

Taxi (Who Are the Girls – 2020)

Undertaker (Who Are the Girls – 2020)

 

Les musiciens de Shame sur scène :

Charlie Steen – chant

Sean Coyle-Smith – guitare

Eddie Green – guitare

Josh Finerty – basse

Charlie Forbes – batterie

 

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La setlist du concert de Shame :

Alphabet (Drunk Tank Pink – 2021)

6/1 (Drunk Tank Pink – 2021)

Concrete (Songs of Praise – 2018)

This Side of the Sun (Live Debut)

The Lick (Songs of Praise – 2018)

Nigel Hitter (Drunk Tank Pink – 2021)

Tasteless (Songs of Praise – 2018)

Born in Luton (Drunk Tank Pink – 2021)

March Day (Drunk Tank Pink – 2021)

Dust on Trial (Songs of Praise – 2018)

Harsh Degrees (Drunk Tank Pink – 2021)

Angie (Songs of Praise – 2018)

Water in the Well (Drunk Tank Pink – 2021)

Snow Day (Drunk Tank Pink – 2021)

One Rizla (Songs of Praise – 2018)

Station Wagon (Drunk Tank Pink – 2021)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

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Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
  • Depuis que j'ai 15 ans, ce qui nous fait un bail, je fréquente les salles de concert de par le monde, au gré de mon lieu de résidence. Il était temps de capturer quelque part tous ces grands et petits moments d'émotion, de rage, de déception, de plaisir...
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