« Complètement inattendu, ce grand moment de magie que constitua ce concert de Fun Boy Three au Palace. Il semble bien que les transfuges des Specials aient emporté avec eux une bonne part de ce qui faisait l’alchimie si particulière du plus grand groupe ska (et par ailleurs l’un des meilleurs groupes "pop" anglais…) : ce mélange jamais entendu ailleurs de fun (pour faire simple et stéréotypé, les blacks, leurs rythmes et leurs danses, que cela soit reggae ou jazz) et de noir désespoir (le petit blanc, Terry Hall, avec sa coupe de cheveux en ananas, sa voix à la Johnny Rotten, ses paroles d’une absolue cruauté, ses valses et ses tangos blêmes). Sur scène, le contraste est saisissant entre la festivité des sonorités, le bonheur de ces rythmes qui feraient danser un paraplégique, et la froide précision des textes et des vocaux de Terry, dans la pure lignée de l’esprit 77. Le meilleur exemple est sans doute l'extraordinaire Farmyard Connection, qui exprime le mieux cet improbable et explosif mélange de style... Mais là où tout bascula dans l’improbable le plus merveilleux, ce fut lors de la reprise de The End des Doors en rappel, une reprise entièrement imprégnée de l’esprit de cérémonie morbide "d’Apocalypse Now" : un grand moment pour conclure un concert d’une richesse inépuisable, un concert dont je me souviendrai longtemps. »