Arctic Monkeys / Miles Kane - Vendredi 27 Janvier 2012 - Palacio de Deportes (Madrid)
« Putain de temps : pour ma rentrée musicale, après plus d’un mois et demi de jeûne, il fait un vrai temps d'hiver nord-européen sur Madrid, nuages et froid et pluie fine, pas les conditions idéales pour faire la queue avec des centaines de djeunsss pendant 3 heures en attendant l'ouverture des portes du Palacio de Deportes... Juan Carlos – courageux - est là depuis 16 h, j'arrive à 18 h pour le rejoindre, nous ne sommes pas trop mal placés dans la file qui s'allonge, mais le premier rang n'est pas garanti. En plus, mon enthousiasme pour les Arctic Monkeys n'est plus celui des premiers jours, je les ai vus plusieurs fois, et je sais qu'ils sont un honnête groupe scénique, sans plus. Mais ce soir, il y a Miles Kane, ex-Rascals, ex-Last Shadow Puppets, brillant compositeur et guitariste fulgurant en première partie, et je n'aurais pour rien au monde manqué sa prestation, vu qu'aucun véritable concert de lui n'est prévu pour l'instant à Madrid.
20 h 05, on a réussi à remonter doucement le long de la file, Luis nous a rejoint et nous entrons - en courant - parmi les premiers dans le Palacio de Deportes. Sprint effréné pour découvrir - horreur ! - que d'autres portes ont dû être ouvertes avant la nôtre, il y a déjà pas mal de monde devant la scène. On se case quand même au premier rang, mais très sur la gauche, en face de la sono. Bah, ça ira...!
21 h 00, l'une de mes idoles de l'année 2011, Miles Kane est devant moi. C’est le bonheur, ce fugace moment d’excitation qui devient de plus en plus rare au fur et à mesure que les années passent, et que l’usure de l’habitude triomphe de l’innocence... Et Miles attaque très rock, très sauvage avec Better Left Invisible. Miles a toujours cet allure très juvénile, avec cette coupe de cheveux un peu rétro, très Angleterre des sixties, et il est entouré d’un groupe un peu anodin mais efficace, ce qui fait qu’on ne regrette pas trop les Rascals. Le son est moyen, fort mais brouillon, et s'arrangera progressivement, sans jamais être fidèle au son « tranchant » de l’album. Miles est à fond, offrant à Madrid son premier show, avec l'objectif évident de convaincre le public : que c'est bon ! Une belle attitude scénique, en communication constante avec le public - qui visiblement le connaît (la connexion Alex Turner...) et connaît ses chansons, de superbes solos de guitare incisifs, et bien sûr une poignée de morceaux réellement impériaux tirés de "Colour of the Trap" : une belle version de Kingcrawler, un Quicksand réjouissant à l’enthousiasme communicatif... Et puis l'une de mes chansons préférées du moment, l'explosif Get Closer qui soulève littéralement toute la salle ! Magnifique ! Je suis en transes, la soirée est déjà réussie, en ce qui me concerne. Miles clôt ses 40 minutes de set (presque) parfait par Inhaler, bien sûr, joué au lance-flammes. Oui, un set (presque) parfait, du rock’n’roll pur jus joué avec intelligence, enthousiasme, et ce qu'il faut de furie. Je dis « presque » parce que les bidouilles à l'orgue pendant et entre les morceaux étaient assez déplacés, vulgaires, et vraiment pas nécessaires... On se dit avec Luis et Juan Carlos que ça ne va pas être facile pour les Arctic Monkeys de suivre après cela, même si l'on se doute que l'enthousiasme des fans les portera... En tout cas, on attend Miles Kane de nouveau à Madrid dans une salle de dimension plus humaine, même s'il a prouvé ce soir qu'il tenait sa place devant 12.000 personnes.
22 h 20 : pas mal de retard pour Alex Turner et ses Arctic Monkeys. Las ! Quand ils montent sur scène avec leur nouveau look « teddy boys », sans doute en hommage aux early Beatles, on ne peut qu’exprimer notre consternation : « Ils ont l’air ridicule ! » s’exclame Luis ! Et je dois dire qu’en effet, ce deuxième changement d’allure – après la rupture grunge du troisième album – a de quoi laisser sceptique… Il y aura quand même un (gros) avantage à la nouvelle coupe de douilles d’Alex Turner, c’est qu’il n’est plus planqué derrière ses cheveux, et qu’il est désormais possible de faire de bonnes photos de lui ! En fait, Alex, qui m’horripilait toujours, a mûri, et a sans doute atteint enfin l’âge adulte : oui, désormais, Alex Turner regarde le public, sourit et parle au public, essaye de communiquer avec le public : quelques mots basiques en espagnol seront même prononcés, si, si, je vous jure… Une révolution ! Dès l’intro explosive de Don’t Sit Down, avec la foule adolescente en fusion, on sent que les Arctic Monkeys ont changé, se sont affirmés, ont durci le ton et le son. Je ne dirai pas qu’ils sont désormais un grand groupe de scène, ils ne le seront sans doute jamais, mais ils ont clairement augmenté l’impact « live » de leur musique, tout en devenant un peu plus intéressants à regarder. Teddy Picker, Crying Lighting, le son augmente en volume et devient de plus en plus clair : j’aurais apprécié une telle qualité de son pour Miles Kane ! Comme quoi, l’amitié (entre Alex et Miles) a ses limites ! Et puis, Arctic Monkeys attaquent le magnifique Brianstorm, c’est puissant et fort, je regarde Luis et Juan Carlos, et on se dit que, oui, les Monkeys sont maintenant vraiment bons. Arrive une version hard de Dancefloor, qui a perdu sa faconde punk mais reste furieusement excitant, avant un Library Pictures (le meilleur titre de « Suck It and See ») sans concession et fédérateur : absolument terrassant…
… Et puis, et puis, eh bien pas grand-chose… comme toujours, comme avant, Alex Turner semble incapable de faire monter encore la pression, et au contraire, le « soufflé » retombe, je vois les ados autour de nous qui ont arrêté de sauter en l’air, le concert se met à descendre, descendre dans une sorte de morosité, le bombardement sonique que nous subissons se traduisant plus par de la fatigue que par de l’excitation. L’orgue grinçant et virevoltant de Pretty Visitors n’arrivera pas à me réveiller vraiment, et il faudra attendre le titre final, le tubesque When The Sun Goes Down pour qu’un peu de magie revienne. 60 minutes seulement, et les Monkeys quittent la scène… un peu court pour un groupe qui a 4 albums à son actif, mais personne ne se plaint trop autour de nous. 5 minutes d’attente avant un rappel qui décollera sur le joli Fluorescent Adolescent, mais se conclura maladroitement avec une version de 505 anesthésiée par la guitare de Miles Kane (venu rejoindre son pote Alex pour le final), un 505 qui ne dégage plus sous ce traitement sonique la même émotion que lorsque Alex l’interprétait quasi en solo.
Voilà, il est quasi minuit moins vingt, temps de rentrer à la maison sans même prendre une bière dans les cafés des environs pris d’assaut, après cette longue soirée. Nous sommes tous d’accord pour dire que les Arctic Monkeys sont forts, mais échouent à tenir un concert entier, et que Miles Kane aura été la grande « révélation » (pour les autres, car moi je le savais) de la soirée. »
La setlist du concert de Miles Kane :
Better Left Invisible (Colour of Trap – 2011)
Counting Down the Days (Colour of Trap – 2011)
My Fantasy (Colour of Trap – 2011)
Rearrange (Colour of Trap – 2011)
The Responsible (Jacques Dutronc cover)
Kingcrawler (Colour of Trap – 2011)
Telepathy (Colour of Trap – 2011)
Quicksand (Colour of Trap – 2011)
First of My Kind (New song - Live première, noted as 'My Kind’ on the setlist)
Encore:
Come Closer (Colour of Trap – 2011)
Inhaler (Colour of Trap – 2011)
Les musiciens d’Arctic Monkeys sur scène :
Alex Turner – vocals, guitar
Jamie Cook - guitar
Matt Helders – drums, vocals
Nick O'Malley – bass, vocals
La setlist du concert de Arctic Monkeys :
Don't Sit Down 'Cause I've Moved Your Chair (Suck It and See – 2011)
Teddy Picker (Favourite Worst Nightmare – 2007)
Crying Lightning (Humbug – 2009)
The Hellcat Spangled Shalalala (Suck It and See – 2011)
Black Treacle (Suck It and See – 2011)
Brianstorm (Favourite Worst Nightmare – 2007)
The View from the Afternoon (Whatever People Say I Am, That's What I'm Not - 2006)
I Bet You Look Good on the Dancefloor (Whatever People Say I Am, That's What I'm Not - 2006)
Library Pictures (Suck It and See – 2011)
Evil Twin (Single – 2011)
Brick by Brick (Suck It and See – 2011)
This House Is a Circus (Favourite Worst Nightmare – 2007)
Still Take You Home (Whatever People Say I Am, That's What I'm Not - 2006)
Pretty Visitors (Humbug – 2009)
She's Thunderstorms (Suck It and See – 2011)
Do Me a Favour (Favourite Worst Nightmare – 2007)
When the Sun Goes Down (Whatever People Say I Am, That's What I'm Not - 2006)
Encore:
Suck It and See (Suck It and See – 2011)
Fluorescent Adolescent (Favourite Worst Nightmare – 2007)
505 (with Miles Kane) (Favourite Worst Nightmare – 2007)