dEUS - Dimanche 5 Février 2012 - Joy Eslava (Madrid)
Faut-il aller écouter de la musique quand le ciel menace de vous tomber sur la tête ? Grande question en ces temps difficiles…
La vague de froid polaire qui a envahi l'Europe cette semaine a à peu près épargné Madrid, heureusement, ce qui fait que l'attente de l'ouverture des portes de la Joy Eslava ne sera pas trop pénible ce soir. Je vois Tom Barman et un autre musicien de dEUS (excusez-moi, mais n'étant pas un vrai fan du groupe, je ne connais pas les noms...) qui rentrent dans la salle avec un air furibard, je ne sais pas si c'est un bon présage pour le concert ou non. En tous cas, l'ambiance en ce moment n'est pas au beau fixe : hiver, crise, 2012 a commencé dans la grisaille, et j'espère que l'intensité de dEUS me permettra de m'évader une paire d'heures ce soir. Eh oui, la musique, c'est quand même aussi fait pour ça, s'évader...
Je me dis "pas très fan de dEUS", mais c'est surtout qu'à la différence de mes amis parisiens, j'ai complètement loupé à l'époque les très réputés premiers albums (en particulier le fameux The Ideal Crash) du groupe belge, que je n'ai écouté que plus tard, quand le meilleur de l’inspiration était apparemment passé. Mais Vincent et Gilles B. me l’ont toujours dit : tu ne connais pas dEUS si tu ne les as pas vus sur scène… Alors Luis – fan de la première heure, lui, par contre… - et moi sommes là, entrant les premiers à 19 h 30 dans la salle… pour découvrir qu’il va nous falloir patienter 1 h 30, le groupe de première partie ayant apparemment déclaré forfait. Et comme un DJ généreux nous bastonne les tympans pendant ces 90 minutes, on ne pourra même pas discuter tranquillement en sirotant une bière. Nous nous sommes placés légèrement sur la droite du micro de Tom Barman, devant celui du guitariste, ainsi que recommandé par Gilles…
22 h : le quintet d’Anvers monte sur scène et attaque The Final Blast, extrait de leur dernier et excellent album, « Keep You Close ». Je dois dire que c’est immédiatement très impressionnant : le son est très fort et très clair, bien compact (la Joy Eslava est quand même une salle quasi parfaite, il faut bien le reconnaître…), les jeux de lumières et projections sont professionnels, le groupe joue soudé et intense, la voix de Tom Barman est aussi excellente que sur les disques, et les morceaux sont clairement adaptés à la scène, avec un ajout de puissance non négligeable, soit une chose que peu de groupes aujourd’hui prennent la peine de faire… Luis et moi sentons tout de suite que rien ne peut aller mal ce soir, que nous sommes partis pour un concert-claque ! The Architect, l’un des deux morceaux excellents de « Vantage Point » permet de retrouver le dEUS plus expérimental, à la limite de la cold wave : le jeu de guitare et les vocaux de Mauro Pawlowski, en face de moi, font vraiment mouche. Après un Constant Now agréable, sans plus, dEUS nous offre le premier morceau d’anthologie de la soirée, Oh Your God (le second bon morceau de « Vantage point », ah ah !) : oui, c’est la claque ! le groupe a une puissance démoniaque dans ses moments-là, et la Joy Eslava décolle comme une fusée : tout simplement fantastique ! On se repose encore un petit coup avec Easy, et c’est le moment que j’attendais (Gilles m’avait prévenu) : Instant Street (de Ideal Crash, bien entendu !)… Ça commence assez gentil, Tom a même une guitare acoustique, et tous les fans dans la salle chantent en chœur, heureux… Euh, c’est ça que j’attendais ? Et puis Tom change de guitare, repasse à l’électricité, et là, whaaam… la chanson s’accélère, monte, monte, et devient tout simplement inouïe, irrésistible : je regarde autour de moi, et tout le monde est en transe. On a envie que ça ne s’arrête jamais, mais bien sûr, ça s’arrête. Tom rigole avec le batteur, qu’il accuse d’avoir été long à décoller, il le chambre en le comparant aux coureurs un peu lents du Tour de France (la culture belge, quoi !). On voit immédiatement que le groupe est maintenant heureux, à son aise, les musiciens plaisantent, Tom s’essaye à l’espagnol, mais il nous explique qu’il ne veut pas trop parce qu’il est en train d’apprendre le portugais et qu’il ne veut pas s’emmêler…
La suite du set sera tout simplement parfaite, avec en particulier un beau The Dark Sets In (Greg Dulli n’est pas là, mais on s’en passe…) et le « mini-tube » (à la vidéo délirante et sulfureuse), Ghost. Keep You Close a ensuite des allures d’hymne pour stade : bon, c’est le dEUS plus commercial, mais je trouve que ça le fait bien. Le set se finit dans le fracas, dEUS ne suit plus vraiment la setlist, de toute façon, on sent que ces cinq-là en ont sous la pédale, tout roule de manière explosive ! Tom et ses potes reviennent pour un rappel de quatre titres (dont un The End of Romance en cadeau imprévu pour un petit couple de fans à notre gauche dont c’est l’anniversaire…). J’avoue que, même si Morticiachair est original et percutant, j’ai quant à moi préféré l’impressionnant Turnpike (enfin, je crois) qui s’avèrera donc pour moi le troisième sommet de la soirée, avec encore une fois un Mauro Pawlowski remarquable (il ne sourit jamais, le bougre !), mais aussi un solo déchirant de Tom. Comme le public ne veut pas les laisser partir, dEUS reviennent pour un second rappel, avec un morceau bruyant que je ne connais pas, mais qui permet de laisser tout le monde avec les oreilles bourdonnantes... ce qui est quand même le but du jeu, non ?
Voilà, 1 h 45 d’un concert imparable, de la part d’un vrai grand et bon groupe scénique. Je dois maintenant faire mon mea culpa pour être passé à côté de dEUS pendant toutes ces années : désormais, quand ils passeront près de chez moi, je serai là, dans la salle !
Alors, faut-il écouter de la musique quand le ciel menace de vous tomber sur la tête ? Si c’est celle de dEUS, très certainement !
Les musiciens de dEUS sur scène :
Tom Barman : chant, guitare
Klaas Janzoons : violon
Stefan Misseghers : batterie, percussions
Mauro Pawlowski : guitare
Alan Gevaert : basse
La setlist du concert de dEUS :
The Final Blast (Keep You Close – 2011)
The Architect (Vantage Point – 2008)
Constant Now (Keep You Close – 2011)
Oh Your God (Vantage Point – 2008)
Easy (Keep You Close – 2011)
Instant Street (The Ideal Crash – 1998)
If You Don't Get What You Want (Pocket Revolution – 2005)
Dark Sets In (Keep You Close – 2011)
Magdalena (The Ideal Crash – 1998)
Ghost (Keep You Close – 2011)
Keep You Close (Keep You Close – 2011)
Sister Dew (The Ideal Crash – 1998)
Little Arithmetics (In a Bar, Under the Sea – 1996)
Bad Timing (Pocket Revolution – 2005)
Encore:
Theme From Turnpike (In a Bar, Under the Sea – 1996)
Morticiachair (Worst Case Scenario – 1994)
The End of Romance (Keep You Close – 2011)
Roses (In a Bar, Under the Sea – 1996)
Encore 2:
Suds & Soda (Worst Case Scenario – 1994)