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Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
30 décembre 2017

Alt-J / La Femme / IAM - Dimanche 23 Juillet 2017 - Festival Lollapalooza Paris (Hippodrome de Longchamp)

2017 07 23 Lollapalooza Paris Day 2 Longchamp Billet« Allez, une décision de dernière minute, un coup de cœur immense pour "RELAXER", le troisième album de alt-J, et je prends mon billet pour le second jour de Lollapalooza, un festival que je fréquentais à São Paulo mais dont c’est la première édition à Paris. La météo de ce dimanche est assez inquiétante, avec pas mal de pluie prévue, mais je tente le coup quand même.

2017 07 23 Tom Odell Lollapalooza Paris (34)Arrivée à 15h45 après une marche interminable le long de l’hippodrome de Longchamp, organisée visiblement pour canaliser les entrées, et j’arrive devant "l’Alternative Stage", où je compte m'incruster pour toute la soirée, au moment même où Tom Odell commence son set. Je ne connais rien de cet individu, je l’avoue à ma grande honte (non, pas vraiment…), et je suis bien le seul car le public, majoritairement féminin et amoureux, s'amasse en grande quantité devant la scène. Pas de problème pourtant pour entrer au premier rang en passant par l'extrême gauche, et pour me rapprocher petit à petit du milieu, surtout pour éviter une caméra plantée juste devant moi. Bon, Tom Odell, ce n'est pas du tout honteux, juste terriblement ordinaire, du genre à recycler tout le "classic rock" – Bowie, Elton John, Springsteen – en faisant passer la pilule au culot, je dirais (mais je vais sûrement me faire lyncher en disant ça...). Tom est un blondinet élégant, lunettes noires, costar beige et mèche à la Bowie, il est assis au piano dont il joue tout à fait correctement. Sa musique est ordinaire, je l'ai déjà dit, mais puissante par instants, et surtout jouée avec enthousiasme et générosité, ce qui rattrape pas mal de choses quand même... Il est accompagné par un trio de musiciens plutôt rock, qui portent bien ses chansons. Les filles autour de moi sont ravies, moi je tape du pied et dodeline de la tête gentiment. Je suis rassuré quant aux photos car j'ai entrevu l'ami Robert dans la fosse, le son est bon, je suis bien placé, le festival s'annonce bien à condition que la pluie ne soit pas trop catastrophique. Tom termine son set d'une heure par son tube Another Love, qui évidemment soulève l'enthousiasme, et par une chanson festive qui permet de se quitter en agitant tous les bras. A noter un moment amusant, lorsque Tom lance un hommage à Liam Gallagher, qui doit commencer son concert au même moment sur une autre scène, en commençant à chanter Wonder Wall : plus moyen ensuite d'arrêter le public qui continue à chanter en chœur les paroles du hit d’Oasis ! Voilà Tom obligé d’élever la voix pour affirmer qu'il a lui aussi un hit, certes de moindre renommée : Another Love...

Bon, au suivant !

Les suivants, ce sont les rappeurs de IAM, visiblement attendus avec un immense enthousiasme par le public plus concerné - et marseillais - qui a remplacé les minettes d'obédience britannique devant la scène. Je réalise que ce sera mon premier concert de rap depuis près de 25 ans, depuis que j’ai décroché de ce style de musique qui me parle peu. Mais j'ai personnellement beaucoup de sympathie pour IAM, un groupe que j'ai bien aimé à l'époque des albums "Ombre est Lumière" et de "l’Ecole du Micro d'argent".

2017 07 23 IAM Lollapalooza Paris (35)17h30, c’est donc avec une demi-heure d'avance sur le programme que Akhenaton, Shurik’n et leur bande attaquent le set de IAM. Je suis sceptique pendant quelques minutes, refroidi par les poses, les mouvements des bras, les ondulations qui me semblent tellement caricaturales de cette musique... mais, très vite, quelque chose prend. Quelque chose de magique, même : de l'ordre de l'Amour, de la générosité, de l'intelligence que dégage le groupe, ses textes engagés mais subtils, loin, loin des imprécations actuelles et de la vulgarité triomphante du hip hop moderne. Un vrai classicisme, une orthodoxie - comme ils le chantent eux-mêmes -, qui fait honneur au groupe et à son public. Très vite, c'est l'Ecole du Micro d'Argent (puisque, chance pour moi, la tournée actuelle du groupe revisite cet album mythique…), et je vois les yeux brillants, le sourire presque tendre d'Akhenaton, et je me sens profondément ému. Bouleversé presque. Samuraï en remet une couche, ce set d'IAM est merveilleux. Les quatre rappeurs arpentent la scène selon les codes du genre, haranguent la foule, l'incitent à répondre, mais les stéréotype sont dépassés : c'est fun, c'est brillant, c'est... classique. Il y a bien sûr au milieu quelques morceaux que je ne connais pas (ou peut-être que je ne reconnais pas…), mais l'heure passe comme un rêve. Presque à la fin, ils font évidemment le Je Danse le Mia, tout le monde s'en réjouit, mais le vieux tube amusant est presque anecdotique dans ce contexte. On finit avec le marathon génial de Demain c'est loin, avec le rituel du banc à partir duquel se lancent les rappeurs, chacun à leur tour. C'est un véritable marathon oui, car cela s’étale sur un petit quart d’heure, au cours duquel les textes débordent, percutent par leur richesse, leur pertinence, leur intelligence et leur sensibilité : IAM nous touche une fois de plus au coeur. Akhenaton rayonne, j'ai les larmes aux yeux. Je n'aurais jamais cru que ça puisse m'arriver. Bravo. Et merci.

Il a plu quelques gouttes pendant la fin du set d'IAM, mais ça s'est vite calmé. Pour le moment la météo est plus clémente que prévu, pourvu que ça dure ! Changement complet du public bien sûr pour la Femme : beaucoup de jeunes gens au visage peint font leur apparition. Je gagne quelques mètres vers le milieu. Jusque-là, tout va bien, comme disait l'autre, sauf que j’aborde ce set avec beaucoup de doutes, ayant entendu de nombreuses critiques négatives sur les capacités scéniques du groupe...

2017 07 23 La Femme Lollapalooza Paris (32)... mais j'avais tort d'être inquiet... 19h15, une bande de fous furieux entrent sur scène, quelque part entre la gay pride et Au Bonheur des Dames, pour ceux qui étaient nés à l'époque. Un soupçon de délire Béruriers sans la contestation politique : et c'est parti pour une heure roborative de punk rock psychédélique déjanté. Avec on le savait, des incursions "dance", des chansons électro qui rappellent les garçons modernes (mais bien moins que sur l'album...), une touche de variété cabaret un peu ridicule. Bon, ok, ils jouent très approximativement (mais de toute manière le son est pourri), et Clémence chante vraiment mal, même si elle est très jolie. Mais depuis quand les punks sont-ils censés chanter et jouer bien ? Hein, je vous demande ! La Femme nous ont offert une heure de fête, et le public a répondu avec un enthousiasme sans partage, ce qui a clairement élevé le niveau général. Il y a eu beaucoup de cul, de sexe, d'exhibition hétéro, homo et transgenre, beaucoup de couleurs, de paillettes et de strass. Marlon, visiblement branché sous 100.000 volts, a fait un slam courageux. A un moment, ils ont réussi à diviser la foule pourtant bien serrée en deux groupes et à organiser une bataille rangée (pour rire) entre eux – Luca, proclamé "ceinture noire en rock" a été lui-même au milieu du mosh pit organiser tout ça ! C'est dire ce que la Femme peuvent faire quand l'alchimie opère, comme visiblement ça a été le cas ce soir ! A un moment, l'une des choristes est passée au micro, et, vêtue de grandes ailes de papillon, elle nous a offert un moment de chant lyrique, avec une voix parfaite : c'est aussi ça, la Femme, des instants de surprise totale. Bon, la troupe toute entière est bien taraudée par le sexe, en témoignent les nombreuses chorégraphies travesties et assez dénudées qui accompagnent les morceaux, ou encore le conseil lancé par Marlon avant Mycose : « On n'est pas à Solidays, même si c'est le même endroit, il y a pas de capotes partout... Mais bon, prenez des capotes et on y va ! ». Ou encore la blague de cour d’école primaire sur la « grande queue » à faire avant d’aller aux gogues, qui « peut plaire à certains »… Et puis, bien entendu, et heureusement, comme tout concert punk l'exige, nous avons tous sauté comme des petits pois, le sourire aux lèvres, sur les brûlots du premier album (Sur la Planche, bien sûr). Après, je ne dirai pas que cette musique est géniale, et encore moins indispensable : je sais seulement que, ce soir à Lollapalooza, ça a été incroyablement fun...

Il est 20h15, il ne pleut toujours pas, je caresse l'espoir que le set d'alt-J échappe lui aussi aux intempéries. Le public change autour de moi, les Anglais arrivent, logiquement, et c'est tout de suite moins relax (on les connaît, les bâtards...). La nuit tombe doucement, et les roadies installent sur scène un matériel impressionnant : une estrade pour chacun des trois musiciens, entourée de grilles immenses de LED, avec derrière d’immenses panneaux lumineux. On sent la mise en scène à grands moyens, qui tranche avec ce qu’on a vu jusqu’à présent.

2017 07 23 Alt J Lollapalooza Paris (2)21h00 : la pluie tombe maintenant et le thermomètre a chuté, mais heureusement les conditions restent encore acceptables, surtout protégé comme je le suis dans mon ciré ! Joe, Gus and Thom s’installent chacun dans leur "cage", et attaquent leur set avec Fitzpleasure, premier de nombreux extraits de leur mémorable premier album, "An Awesome Wave". Le son est très fort, mais magnifiquement cristallin et dur, proche de la perfection – ce qui est sans doute plus facile à réaliser lorsqu’il n’y a que trois musiciens, mais bon… La voix très particulière, parfois même agaçante de Joe, contraste vivement avec son apparence physique de gros ours tranquille. A sa droite, donc directement devant moi, souvent caché par ses claviers, Gus est le plus démonstratif des trois musiciens, et il se charge en outre de la communication avec le public, dans un français excellent, presque sans accent.

Il est vrai que alt-J n’a pas une excellente réputation scénique, j’ai lu parfois que le groupe peinait à reproduire la sophistication extrême de ses albums : ce soir, ce n’est pas le cas, et il me semble au contraire que les morceaux bénéficient désormais d’ajouts qui les rendent comme il se doit plus attractifs en live, tout en demeurant spectaculairement "intelligents". La splendeur visuelle des lumières concourt également à l’impression d’une véritable expérience artistique, qui complète parfaitement la richesse musicale des chansons, mêlant une variété de styles en une réinvention moderne de ce que pourrait être le "rock" le plus pertinent de 2017 et des prochaines années.

2017 07 23 Alt J Lollapalooza Paris (28)Il reste néanmoins que, peu à peu, une certaine monotonie s’installe : si j’y réfléchis, je me rends compte que ce qui cloche, c’est bel et bien la perfection de la mise en scène, de l’interprétation, du spectacle, au détriment de l’enthousiasme et de la spontanéité qui sont quasi absentes du set. Ou plutôt, dès que Joe ou Gus esquissent un pas, un geste, un mouvement vers leur public, on les voit s’interrompre, comme pensant tout bas : « Oh fuck, I am in that cage, so I can’t do that… ! ». Heureusement, la set list s’ouvre alors aux morceaux de "RELAXER", ceux que j’attends le plus. Et Cold Blood s’avère une tuerie, pour moi le sommet du set, sans doute le morceau le plus "accrocheur" que le groupe ait composé. Au total, alt-J interpréteront cinq titres sur les huit de l’album, ce qui n’est pas mal, même si les morceaux les plus aventureux sont délaissés au profit de ceux qui sont plus "typiquement alt-J", à l’exception toutefois du très cinématographique Pleader, qui fonctionne parfaitement en live. Pendant ce temps, la pluie et le froid continuent à gagner du terrain, et c’est presque avec soulagement que j’accueille le hit Breezeblocks qui annonce la fin du concert, après une heure quinze. Pas de rappel, tout le monde se disperse rapidement pour regagner la sortie et la chaleur de son foyer.

Même si alt-J n’ont pas démérité musicalement, et ont même atteint par instants des sommets de beauté, je crois que les souvenirs les plus forts de la journée resteront pour moi ceux des sets de IAM et de La Femme. Une fois de plus, c’est l’inattendu qui survient et qui fait le prix de ce genre d’événements : aucun regret donc, au contraire, quant à cette journée rock ajoutée à l’improviste à mon planning ! »

 

2017 07 23 IAM Lollapalooza Paris (46)Les membres de IAM sur scène :

Akhenaton

Shurik'n

Kheops

Imhotep

Kephren

 

La setlist du concert de IAM :

Nés sous la même étoile (L'école du micro d'argent – 1997)

L'école du micro d'argent (L'école du micro d'argent – 1997)

Samuraï (Shurik'n song) (Où je Vis – 1998)

Bad Boys de Marseille (Akhenaton song) (Métèque et Mat – 1995)

La Saga (L'école du micro d'argent – 1997)

Monnaie de singe (Rêvolution – 2017)

Chez le mac (L'école du micro d'argent – 1997) / Independenza (Independenza EP – 1998) / Bouger la tête (L'école du micro d'argent – 1997)/ Dangereux (L'école du micro d'argent – 1997)

L'empire du côté obscur (L'école du micro d'argent – 1997)

Un bon son brut pour les truands (L'école du micro d'argent – 1997)

Petit frère (L'école du micro d'argent – 1997)

Orthodoxes (Rêvolution – 2017)

Je danse le mia (Ombre est Lumière – 1993)

Demain, c'est loin (L'école du micro d'argent – 1997)

 

2017 07 23 La Femme Lollapalooza Paris (72)Les musiciens de La Femme sur scène :

Sacha Got – guitare, voix

Marlon Magnée - clavier

Sam Lefèvre – basse, clavier

Noé Delmas - batterie

Clémence Quélennec – voix, clavier

Lucas Nunez Ritter – clavier, voix

+ toute une bande d’allumés pour faire le spectacle…

 

La setlist du concert de la Femme :

Sphynx (Mystère – 2016)

Packshot (Psycho Tropical Berlin – 2013)

Où va le monde (Mystère – 2016)

Mycose (Mystère – 2016)

Exorciseur (Mystère – 2016)

Tatiana (Mystère – 2016)

Si un jour (Psycho Tropical Berlin – 2013)

Sur la planche (Psycho Tropical Berlin – 2013)

Nous étions deux (Psycho Tropical Berlin – 2013)

It's Time to Wake Up (2023) (Psycho Tropical Berlin – 2013)

Always in the Sun (Mystère – 2016)

SSD (Mystère – 2016)

Antitaxi (Psycho Tropical Berlin – 2013)

 

Les musiciens de alt-J sur scène :

Joe Newman – guitar, lead vocals

Thom Sonny Green - drums

Gus Unger-Hamilton – keyboards, vocals

 

2017 07 23 Alt J Lollapalooza Paris (39)La setlist du concert de alt-J (ordre non certain à 100%) :

Fitzpleasure (An Awesome Wave – 2012)

Tessellate (An Awesome Wave – 2012)

Something Good (An Awesome Wave – 2012)

Deadcrush (RELAXER - 2017)

Nara (This Is All Yours – 2014)

In Cold Blood (RELAXER - 2017)

3WW (RELAXER - 2017)

Intro (An Awesome Wave) (An Awesome Wave – 2012)

Every Other Freckle (This Is All Yours – 2014)

Matilda (An Awesome Wave – 2012)

Hit Me Like That Snare (RELAXER - 2017)

Pleader (RELAXER - 2017)

Taro (An Awesome Wave – 2012)

Left Hand Free (This Is All Yours – 2014)

Breezeblocks (An Awesome Wave – 2012)

Ce CR a été partiellement publié à l'époque sur mon blog www.manitasdeplata.net

Commentaires
Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
  • Depuis que j'ai 15 ans, ce qui nous fait un bail, je fréquente les salles de concert de par le monde, au gré de mon lieu de résidence. Il était temps de capturer quelque part tous ces grands et petits moments d'émotion, de rage, de déception, de plaisir...
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