Kaiser Chiefs / Foals - Dimanche 31 Mars 2013 - Lollapalooza Brasil 2013 (São Paulo)
« Aujourd'hui dimanche, pas question de reproduire la situation barbare d'hier après midi, je n'ai plus l'âge pour les bains de foule hystérique ! Aujourd'hui, "pépé" (hihihi) arrive tôt et s'assure une place tranquille au premier rang, à la barrière, bien à gauche mais bien sous la sono, de la scène Butantã où vont officier Foals (ma priorité pour la journée, du fait d'un nouvel album percutant, « Holy Fire »), puis mes éternels chouchous, Kaiser Chiefs. Je ferai donc l'impasse sur les merveilleux Hives - plus l'énergie pour une mêlée punk de 50.000 personnes ! - et sur Hot Chip, trop tard dans la soirée. Le temps est couvert, moins chaud qu'hier, ce qui est bien, mais avec des menaces de pluie, ce qui, à São Paulo, n'est jamais bon ! Ici, sous les tropiques, une petite pluie, c'est un déluge aux normes européennes !
Avant Foals, je me farcis 35 minutes des Brésiliens de Vivendo do Ócio, sympathique groupe de hardcore "à textes", énergique mais parfaitement anecdotique : on a entendu 10.000 fois cette musique, qui était déjà démodée en 1999 ! Seul détail amusant, les jeunes gars croient tellement en leurs paroles qu'ils ont une fille devant qui traduit tout en langage des sourds-muets ! Et pourquoi pas ? C'était original, au moins !
15h15 : introduction électro martiale pour faire monter l'excitation d'un parterre désormais bien rempli, le quintet de Foals entre en scène. Quatre jeunes gens qui ne payent pas de mine, derrière un leader – Yannis Philippakis - au look de jeune pâtre grec, évidemment. On démarre de manière progressive, avec Prelude, qui est aussi l’intro de l’album... Un son cristallin, beaucoup moins psychédélique que ce à quoi je m'attendais, des chansons légères qui diffusent une tristesse, voire une angoisse persistante - le parallèle avec The Cure me paraît vraiment pertinent - mais qui
s'élèvent sur des rythmes dançants qui leur font atteindre de belles altitudes éthérées. My Number est à cet égard une belle réussite, qui dissémine la joie dans la foule... Et puis, de temps à autre, des poussées de fureur incontrôlable, qui déplacent la musique de Foals vers autre chose de plus bruitiste, de plus extrême. Ne manquent peut-être que des mélodies un peu plus franches, un peu plus accrocheuses, pour que ce mélange instable soit vraiment parfait. On apprécie les beaux moments romantiques où on profite de la voix de Yannis, vraiment pas un mauvais chanteur du tout (Late Night est particulièrement touchant !). Les musiciens jouent avec un enthousiasme juvénile plaisant, regroupés en cercle au centre de la scène, concentrés dans cet exercice difficile d'oscillation entre tension un tantinet lugubre et explosion émotionnelle. Yannis vient régulièrement au contact du public, prouvant qu'il n'est pas le dangereux maniaque qu'on imaginait aux débuts du groupe. Le final du set sera parfait, avec le terrassant Inhaler, bombe de dance floor qui explose régulièrement en hurlements hystériques, envoyant des morceaux de shrapnel brûlants dans toutes les directions - une grande expérience d'excitation ambiguë à mon humble avis... Suivi de Two Steps, Twice, pur plaisir frénétique, fin de concert idéale. Il manque encore un tout petit quelque chose pour que cette musique ambitieuse soit vraiment "grande" sur scène, pour que Foals arrive à faire basculer la foule dans l'hystérie comme le font les vrais "groupes de scène", mais en tous cas, Yannis et sa bande font avancer la musique, c'est déjà formidable.
17h15 : C’est un extrait du Quadrophenia des Who qui annonce l’entrée de Kaiser Chiefs... les positionnant clairement dans la lignée du rock anglais le plus pur et dur. Pourquoi pas ? Et c’est alors que quelque chose de complètement inattendu va m’arriver... Mais qui est donc ce chanteur sur le devant de la scène ? Ce n’est sûrement pas Ricky Wilson ! Il y a bien quelque chose – la blondeur, la taille, le jeu de scène, la voix même (Wilson n’a jamais eu une voix particulièrement originale...), mais sinon, rien : maigre au lieu d’être un peu corpulent, la longue mèche sur les yeux au lieu de la coupe bien nette, un look assez relâché... et puis ce visage, quand on le voit de bien près sur les écrans géants... Non, ce n’est pas Ricky ! Le batteur aussi a changé, alors que Nick Hodgson était un élément tout-à-fait fondamental de Kaiser Chiefs, co-compositeur, producteur... Je me sens complètement désemparé, comme trahi par ce groupe que j’aimais tant voici 3 ou 4 ans... Du coup, je passe complètement à côté des deux premiers morceaux, Never Miss a Bit et ...Average Nowadays, de jolis classiques de la meilleure période de Kaiser Chiefs pourtant, joués à cent à l’heure, avec une violence inédite pour Kaiser Chiefs, que j’ai toujours considéré plus comme faisant de la brit pop musclée pour les stades que du punk rock.
Je questionne mon voisin, un fan du groupe visiblement, qui me certifie que c’est bien Ricky Wilson qui officie sur scène, mais je vais encore mettre plusieurs morceaux pour l’admettre (et encore !). Je dois dire que je suis sérieusement perturbé par cette maigreur (régime Dukan ? Drogues ?) qui a complètement transformé le frontman jovial du groupe en une sorte de pile électrique déjantée... Na Na Na Naa est alors assénée dans une version surspeedée qui met tout le monde sur les genoux. Le public de Lollapalooza est en transe, ça pogotte et ça saute dans tous les sens, je suis heureux d’être arrimé au premier rang. Oui, Kaiser Chiefs, ça le fait toujours... ! Même moins pop, même plus radicaux, le plaisir est encore intact. Les nouveaux morceaux trahissent une nouvelle orientation plus rock du groupe (la citation des Who fait sens...) mais déçoivent un peu...
Ricky (?) a le geste élégant de lire une courte lettre en portugais au public brésilien, ce que je trouve vraiment classe et chaleureux, quand on pense que quasi tous les autres groupes auront visiblement ignoré le fait qu’ils ne jouaient pas dans un pays anglophone ! Et puis arrive l’acmé du set, qui le propulse vers les cimes que peu de groupes populaires peuvent atteindre : The Angry Mob, avec son long final repris en choeur par des dizaines de milliers de personnes, alors que Ricky (?) a escaladé l’une des tours techniques au milieu de la foule, toujours plus téméraire, suivi par les cameramen hallucinés... Et puis le plaisir régressif de Ruby qu’on hurle à pleins poumons ! Dieu, que c’est bon ! Ricky fait alors acclamer alternativement les noms de The Hives (qui joueront ensuite sur une autre scène) et de Kaiser Chiefs, ce qui est, encore une fois, joliment élégant (et puis démontre qu’il a bon goût, le bougre...). Oui, j’adore toujours autant Kaiser Chiefs, même si le temps des grandes compositions est derrière eux, et qu’ils ont maintenant un drôle de chanteur... On finira bien sûr 50 courtes minutes avec le magnifique, l’éternel Oh My God, une vraiment grande chanson qui soulève l’âme...
C’est fini, et c’était juste parfait.
Comme hier, je vais rentrer à la maison, même si j’aurais aimé voir comment les Hives relevaient le défi rock’n’roll de Kaiser Chiefs. Mais en tout cas, avec les oreilles qui bourdonnent, Lollapalooza 2013 m’a donné ma dose de musique. Merci ! »
La setlist du concert de Foals :
Prelude (Holy Fire – 2013)
Balloons (Antidote – 2008)
Olympic Airways (Antidote – 2008)
My Number (Holy Fire – 2013)
Blue Blood (Total Life Forever – 2010)
Late Night (Holy Fire – 2013)
Providence (Holy Fire – 2013)
Spanish Sahara (Total Life Forever – 2010)
Red Socks Pugie (Antidote – 2008)
Inhaler (Holy Fire – 2013)
Two Steps, Twice (Antidote – 2008)
La setlist du concert de Kaiser Chiefs :
Never Miss a Beat (Off With Their Heads – 2008)
Everything Is Average Nowadays (Yours Truly, Angry Mob – 2007)
Kinda Girl You Are (The Future Is Medieval – 2011)
Na Na Na Na Naa (Employment – 2005)
Little Shocks (The Future Is Medieval – 2011)
Living Underground (New song)
Everyday I Love You Less and Less (Employment – 2005)
Good Days Bad Days (Off With Their Heads – 2008)
Modern Way (Employment – 2005)
The Angry Mob (Yours Truly, Angry Mob – 2007)
You've Got the Nerve (New song)
Ruby (Yours Truly, Angry Mob – 2007)
I Predict a Riot (Employment – 2005)
Oh My God (Employment – 2005)