Arcade Fire / Pixies / Ellie Goulding - Dimanche 6 Avril 2014 - Festival Lollapalooza - Circuit d'Interlagos (São Paulo)
« Arcade Fire. Sans doute la seule chose dans le monde merveilleux de la musique qui puisse me convaincre d'être en ce dimanche après-midi estival (plus de 30 degrés, mais l'impression thermique est proche des 40) sur le circuit d'Interlagos pour la version 2014 de Lollapalooza. En me jurant bien que ce serait la dernière fois, à mon âge ! Hihihihi...
J'arrive un peu avant 14 heures et la foule est déjà nombreuse devant le Palco Skol pour assister au set de Raimundos, idoles locales. Je prends mon mal en patience en attendant sur le côté de la scène que les fans veulent bien libérer le premier rang. Bon, Raimundos, c'est plutôt pas mal si on aime le hardcore et la fusion 90’s US. Comme ce n'est pas vraiment mon cas, je ne ferai aucun commentaire musical sur les 20 dernières minutes du set auxquelles j'ai assisté. Par contre, j'ai trouvé le leader du groupe sympa, et bien en phase avec son public très enthousiaste. Il est descendu se frotter à ses fans, sa guitare à la main, et tout s'est terminé dans l'allégresse générale.
Les fans harcore se sauvant - ils n'ont pas le profil pour Ellie Goulding, tant mieux pour moi - j'arrive à me planter au premier rang, à la barrière, à la gauche de la scène et devant la sono et l'un des ecrans vidéo géants. Ma place habituelle dans ce genre d'événement. Son et vue impecs. Ne reste plus qu'à prendre mon mal en patience et attendre pendant 5 heures et quelques l'arrivée sur scène du meilleur groupe de rock du monde. Si, si !
15h25 : Ellie Goulding, très attendue par toutes les ados présentes, apparaît en maillot brésilien, et déchaîne logiquement les cris enthousiastes des minettes. Ellie n'a pourtant rien d'une pop star synthétique d'aujourd'hui. Elle ressemble plutôt à n'importe quelle jeune anglaise ordinaire, au physique ordinaire, sans charisme particulier, avec une bonne voix quand même. Sa musique, malheureusement, n'a rien de bien intéressant : de la pop r'n'b comme on n'appelle ça de nos jours, un peu plus rock certainement que la moyenne... Ellie ne sait pas trop danser d'ailleurs, mais elle a un tambour à côté d’elle pour s'occuper quand elle ne chante pas, elle a un groupe qui fait le show, des choristes pros et enthousiastes, et elle bénéficie de l'appui sincère du public. Du coup, malgré la platitude terrible de sa musique, on arrive à ne pas s’énerver, et on s'ennuie juste doucement jusqu'aux 4 ou 5 derniers morceaux, un peu plus relevés. Le groupe s'amuse bien, c’est déjà ça, Ellie finit par quitter le maillot et apparaître en soutien gorge - délire général - puis agrippe une guitare pour faire un peu plus rock sans doute. Bon, ça commence à suffire au bout de 55 minutes. Et puis, bien sûr, nous sommes « le meilleur public qu'elle ait jamais eu de sa vie » ! Ben voyons... Un set réellement médiocre, qui n’avait rien à faire à l’affiche d’un festival comme Lollapalooza.
Entracte, petite discussion avec un type de l’équipe qui filme les concerts, et qui a vécu en Europe : il teste son français, son italien et son espagnol sur moi. Sympa, et puis je peux faire une photo de la set list de Ellie Goulding. La température est déjà plus acceptable avec le soleil qui descend, les fans des Pixies arrivent peu à peu, on commence à sentir l'excitation des vrais événements rock.
17h35 : Frank Black, Joe Santiago et David Lovering : Pixies ! Avec une nouvelle bassiste pour remplacer l'irremplaçable Kim Deal. Pixies ! Avec des nouvelles chansons pour nous faire croire / espérer que nous avons en face de nous un vrai groupe à nouveau. Des nouvelles chansons – qui figureront a priori dans le nouvel album (!) qui devrait paraître ces jours-ci - dans l'ensemble correctes, certaines même accrocheuses, mais nettement moins monstrueuses que les grands titres des années 90. Mais bon, l'intention est bonne, c’est plutôt sain de se remettre à composer et de ne plus être seulement un cover band de luxe de ses propres compositions... Et Pixies jouent plutôt bien ce soir leurs merveilles éternelles : Broken Face, Monkeys Gone to Heaven, Nimrod’s Son, Ed is Dead, Caribou, Holiday Song, Gauge Away etc. etc. Curieusement, ils feront l'impasse sur Debaser et sur Tame, et sur l’intégralité de « Bossa Nova », mais termineront un set de 1h10 avec un U-Mass puissant et un Planet of Sound qui me semble toujours aussi irrésistible, mais dont la violence radicale sembla passer au dessus de la tête du public, qui avait - logiquement - surtout explosé sur les joyaux pop que sont Where Is My Mind et Here Comes your Man. Sinon, il n'y a toujours pas grand chose à voir sur scène, le groupe bougeant un minimum, et j'ai senti le manque de Kim Deal, ses sourires magiques, sa voix froissée qui faisait bien défaut aux choeurs, et sa basse ronde et joliment erratique. Mais bon, ce fut un beau set, marqué à mon avis par la guitare brillante de Santiago, un écho encore suffisamment excitant d'un groupe qui fut, voici 25 ans le plus radical - et novateur - de son époque.
Arcade Fire. 20h25. Sur les écrans géants, des images de « Orfeu Negro », premier hommage au Brésil d’un set qui va en comporter de nombreux. Vu l’enthousiasme délirant des dizaines de milliers de personne massées devant le Palco Skol et armés de tubes lumineux colorés, je dirais que, de toute manière, c’est déjà gagné pour les Canadiens !
Reflektor. Une dizaine de musiciens sur scène (avec l'ajout de percussions des Caraïbes), un son d'une amplitude magnifique. Win Butler entame le set le visage dissimulé sous un masque de mort. Cinq minutes plus tard, le masque retiré, il est déjà au contact avec les premiers rangs : clairement Win apprécie son nouveau statut de rock star planétaire, et l’artiste récalcitrant et compliqué des débuts laisse peu à peu place à un showman décomplexé (un peu ce qui était arrivé à Michael Stipe à l’époque, non ?). Mais le plus important, c’est bien que, même avec une musique différente, Arcade Fire n'a pas changé, et que, 10 ans plus tard, leurs concerts ont gardé la généreuse intensité des débuts... Une fois passé un Flashbulb Eyes réellement différent avec son ambiance dub / percussions, on retrouve notre Arcade Fire éternel, le groupe de "Funeral", album immense qui n’a pris une ride en 10 ans, et dont TOUS les grands morceaux vont être interprétés ce soir, avec la même folie que toujours... bouleversant littéralement le public dont la majorité assistent pour la première fois à un concert d'Arcade Fire. Rebellion (Lies), et tout le monde chante à pleins poumons. Ready to Start et je n'ai déjà plus de voix à force de hurler. No Cars Go, l'extase est générale, et à côté de moi mon voisin en est déjà réduit à pleurer de bonheur. Etc. Etc. Magnifique, tout simplement. Peut-être les meilleures 40 minutes de tous les sets d'Arcade Fire que j'ai pu voir jusqu’à ce jour.
Et puis, curieusement, la setlist nous propose, après ce rush inouï d’adrénaline, d’aller explorer d’autres contrées... puisque, après quatre albums, Arcade Fire a désormais plus d’un univers à nous proposer. La seconde partie du set sera donc plus mesurée, mais aussi plus théâtrale, avec des lumières et une mise en scène impressionnantes : on ne sait plus où regarder, entre les plaques de métal qui reflètent les lumières au dessus de la scène, les costumes bariolés de la troupe, la seconde scène avancée au milieu du public où apparait une drôle de créature toute entière vêtue de miroirs pendant Afterlife, et où Régine interprétera It’s Never Over. Une Régine à l’honneur ce soir, en particulier sur un Sprawl II boosté par les percussions qui est une sorte de symbole du virage « dance » d’Arcade Fire.
Après ces longs - mais satisfaisants - moments plus introspectifs, il est temps de clore le set, et on sent le groupe un peu pressé par le temps (il est prévu de clore les hostilités à 22 heures) : le génial Normal Person enflamme à nouveau la foule qui pogotte éperdument, Here Comes the Night Time gravera ensuite sa ritournelle dans nos cervelets pour le reste de la nuit, et une version grandiose de Wake Up nous permettra de sortir de Lollapalooza repus, alors que les feux d’artifice de clôture explosent déjà dans le ciel... Malheureusement, l’horaire déjà dépassé, Arcade Fire n’aura pas eu le temps de jouer le trépidant Joan of Arc, que j’attendais avec impatience, mais tant pis, il me faudra retourner les voir !
A noter donc que durant le set, les références au Brésil ne manqueront pas, ce que l’on pourrait juger “démagogique” si le groupe ne manifestait pas constamment une telle gentillesse : références musicales d’abord, avec Régine qui interprète O morro não tem vez, de Tom Jobim et Vinícius de Moraes, avec un passage de Aquarela do Brasil, de Ary Barroso, alors que les « grosses têtes » de carnaval font irruption sur scène, et finalement, avec le Nine out of ten de Caetano Veloso en intro du magnifique, obsédant, Here Comes the Night Time... Références verbales ensuite, puisque Win mentionnera la « saudade » comme motif principal de ses chansons, ébauchera plusieurs phrases en portugais (le seul de la journée à avoir la politesse de communiquer dans la langue de son public, ce n’est pas rien !), et finalement promettra en cas de victoire du Brésil lors de la Coupe du Monde de revenir jouer avec le groupe tout entier vêtu des couleurs de la bandeira nationale...
Longue sortie des dizaines de milliers de personnes, à la fois hébétées et transportées par un concert ex-tra-or-di-nai-re, longue marche dans la nuit vers les taxis, les trains ou les voitures pour essayer de s’extirper le plus vite possible de la nasse qu’est devenue Interlagos... Mais peu importe, nous sommes ailleurs, nous avons vu et entendu Arcade Fire !
PS : le lendemain matin, la presse et le net brésiliens bruissent des commentaires extatiques des journalistes : Arcade Fire, le meilleur groupe du monde, la clôture parfaite de Lollapalooza, un spectacle inouï, etc. Tous les superlatifs y passent. Et moi, je me tais et je rigole, parce que cette suprématie des Canadiens sur le Rock, ça fait déjà 10 ans que ça dure. Et je n’ose pas vraiment y croire, mais j’ai très envie que ça dure encore un peu. Vous aussi, non ? »
La setlist du concet de Ellie Goulding :
Figure 8 (Halcyon – 2012)
Ritual (Halcyon – 2012)
Goodness Gracious (Halcyon – 2012)
Animal (Lights US Edition – 2010)
Starry Eyed (Lights – 2010)
Stay Awake (Halcyon – 2012)
My Blood (Halcyon – 2012)
Bad Girls / Salt Skin (Lights – 2010)
Only You (Halcyon – 2012)
Anything Could Happen (Halcyon – 2012)
I Need Your Love (Halcyon – 2012)
Lights (Lights – 2010) You My Everything (Halcyon – 2012)
Burn (Halcyon – 2012)
Les musiciens de Pixies sur scène :
Black Francis / Frank Black – guitar, voice
David Lovering – drums, voice
Joey Santiago - guitar
Paz Lenchantin – bass, voice
La setlist du concert de Pixies :
Bone Machine (Surfer Rosa – 1988)
Cactus (Surfer Rosa – 1988)
Something Against You (Surfer Rosa – 1988)
Broken Face (Surfer Rosa – 1988)
Brick Is Red (Surfer Rosa – 1988)
Gouge Away (Doolittle – 1989)
Bagboy (new song)
Monkey Gone to Heaven (Doolittle – 1989)
Blue Eyed Hexe (new song)
I've Been Tired (Come On Pilgrim – 1987)
Magdalena (new song)
Caribou (Come On Pilgrim – 1987)
Nimrod's Son (Come On Pilgrim – 1987)
Indie Cindy (new song)
Ed Is Dead (Come On Pilgrim – 1987)
Where Is My Mind? (Surfer Rosa – 1988)
Here Comes Your Man (Doolittle – 1989)La La Love You (Doolittle – 1989)
The Holiday Song (Come On Pilgrim – 1987)
Greens and Blues (new song)
Hey (Doolittle – 1989)
U-Mass (Trompe le Monde – 1991)
Planet of Sound (Trompe le Monde – 1991)
La setlist du concert de Arcade Fire :
Reflektor (instrumental outro tape)
Reflektor (Reflektor – 2013)
Flashbulb Eyes (Reflektor – 2013)
Neighborhood #3 (Power Out) (Funeral – 2004)
Rebellion (Lies) (Funeral – 2004)
The Suburbs (The Suburbs – 2010)
The Suburbs (Continued) (The Suburbs – 2010)
Ready to Start (The Suburbs – 2010)
Neighborhood #1 (Tunnels) (Funeral – 2004)
No Cars Go (Arcade Fire EP – 2003)
Haïti (Funeral – 2004)
Neighborhood #2 (Laika) (Funeral – 2004)
Afterlife (Reflektor – 2013) (w/ 'My Body Is a Cage' a capella intro and New Order's "Temptation" snippet)
It's Never Over (Oh Orpheus) (Reflektor – 2013) (w/ Antônio Carlos Jobim's "O Morro Não Tem Vez" intro; Régine on B-stage)
Sprawl II (Mountains Beyond Mountains) ('Damian Taylor Remix' intro) (The Suburbs – 2010)
Normal Person (Reflektor – 2013)
Here Comes the Night Time (Reflektor – 2013) (w/ Caetano Veloso's "Nine Out of Ten" intro)
Wake Up (Funeral – 2004)