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Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
5 juin 2016

Elliott Murphy - Vendredi 13 Mars 2015 - New Morning (Paris)

2015 03 Elliott Murphy New Morning Billet« 66 ans au compteur de notre très cher Elliott, voilà ce qu’on va célébrer ce soir au New Morning, en cette soirée rituelle d’anniversaire – un rituel qui a désormais presque 25 ans. Et nous-mêmes, le très cher public d’Elliott, n’avons pas rajeuni non plus ! En faisant la queue Rue des Petites Ecuries, en compagnie de l’ami Francis retrouvé, pour ce premier concert depuis notre retour en France fin janvier, c’est tout juste s’il n’y a pas un certain spleen qui me saisit, entouré de toutes ces têtes grises et ces bedaines. « Rock’n’Roll is Here to Stay », qu’il continue à nous chanter, le père Elliott, mais il a quand même de moins en moins l’air frais, le Rock’n’Roll, non ? Un black qui passe dans la rue nous demande s’ils donnent des concerts de rap, dans cette salle, histoire d’enfoncer encore le clou. Et puis je rappelle à Francis cette fois, où, à 17 ans, j’avais fait le mur de l’internat pour aller applaudir, déjà, le jeune Elliott qui passait dans une salle à deux pas. Mais trêve de considérations amères sur le temps qui passe, les portes s’ouvrent, il est temps de nous précipiter pour essayer d’atteindre le premier rang…

… et rejoindre l’amie Patricia, qui a assisté au soundcheck, et nous attend devant la scène avec le fan club européen d’Elliott – des amis belges, scandinaves, espagnols unis par l’amour des chansons de notre exilé préféré… Elle nous annonce que nous aurons droit ce soir à deux sets, l’un consacré à une version ré-orchestrée de « Aquashow », le premier album d’Elliott, datant de 40 ans déjà, et l’autre, plus classique, avec quelques morceaux choisis du répertoire. Un peu d’inquiétude donc, « Aquashow » étant quand même l’un des albums les moins intéressants d’Elliott, et Patricia nous laissant entendre que la « déconstruction » consiste surtout en un ralentissement des tempos… Brrrrr !!!

2015 03 Elliott Murphy New Morning (4)21h, les Normandy All Stars sont là, accompagnés par Gaspard aux claviers, tout mimi avec ses cheveux désormais courts, et deux musiciens à corde, dont un violoniste qu’Inés trouve irrésistiblement mignon. Elliott Murphy entre alors, vêtu d’un costume blanc évoquant sa tenue décadente de la pochette de « Aquashow », mais finalement d’assez mauvais goût, et ce d’autant qu’avec sa barbe naissante et blanche, il évoque plus le Clay des Sons Of Anarchy que le blond éphèbe de 24 ans d’alors… Ajoutons qu’Olivier Durand, comme nous tous, s’est un peu arrondi depuis la dernière fois que je l’ai vu, et me voilà de nouveau englué dans cette impression que les ravages du temps sont le sujet du jour !

Le groupe attaque Last of the Rock Stars, et on saisit tout de suite le concept de déconstruction : l’énergie juvénile de l’hymne seventies est vidée, remplacée par une sorte d’application, de tension, plus en ligne avec notre époque et l’âge des artères de notre troubadour ! Le refrain fonctionne encore, même ralenti, et une indéniable élégance se dégage de cette nouvelle version. Les dix titres de « Aquashow » vont se succéder en 45 minutes, tous sensiblement retravaillés, certains soutenus par les cordes (délire d’Inés à propos du violoniste !), parfois meilleurs que les originaux – surtout les titres les plus faibles, comme Like A Great Gatsby et Don’t Go Away, qui gagnent en densité -, parfois bien pires : je pense à l’atroce version de Marilyn, paralysée, privée de sa mélodie, conclue par des éclats de cordes quasi rock progressif ! Bon, ce sont 45 minutes euh… intéressantes, mais loin de ce que j’attends personnellement d’un concert d’Elliott.

2015 03 Elliott Murphy New Morning (16)Quinze minutes de pause, et le second set va rattraper sans peine la sauce. Elliott a repris son jean et son gilet noir, les NAS sont seuls sur scène, et « ça pète » enfin comme on aime ! Belle intro blues et classic rock en quatre morceaux impeccables, avant le final grandiose avec une belle brochette de chansons parfaites, comme la discographie d’Elliott en contient tant… Elliott me semble mois bavard (peut-être parce qu’il parle beaucoup plus en français désormais !), moins plaisantin ce soir qu’à l’habitude, mais je ne peux pas m’empêcher de citer sa meilleure blague de la soirée : « Le Blues est né dans cette grande ville… Le Havre ! Parce que le samedi soir au Havre, c’est LE BLUES !! »… avant de lancer une version roborative de Take Your Love Away !

You never Know what you’re In for met la larme à l’œil aux fans inconsolables du merveilleux – et perdu – « Night Lights », tandis que A Touch Of Kindness prouve, s’il en était encore besoin, quel guitariste inspiré reste Olivier. Olivier ! Olivier ! Olivier ! Ovation générale ! On Elvis Presley’s Birthday livrera sa dose de nostalgie littéraire, avec crescendo émotionnel final garanti. Mais ce sera la version imparable de And General Robert E. Lee qui constituera à mon avis le sommet de la soirée, synthèse idéale du songwriting inspiré d’Elliott et de l’énergie élégante des Nas. Bravo !

Final en forme de crowd pleasing, Drive All Night – avec le retour de Gaspard à la guitare - enchainé avec Last of Rock Stars en version désormais classique – le Shout des Isley Bros. au milieu pour faire chanter tout le monde. Et c’est (presque) fini, en nous laissant cette fois un goût de trop peu. Tout le monde réclame un encore, mais Elliott nous fait signe qu’il est 23 heures, plus le temps, etc. etc. Ils reviendront tout de même pour une version ralentie du génial Green River, puis, une seconde fois, un a capella traditionnel de Worried Man Blues.

Elliott aura 66 ans dans trois jours, les années ont commencé à le marquer physiquement, mais sa fougue est encore intacte, ses sourires tendres envers ses fans du premier rang, dont Patricia, sont toujours aussi touchants, sa musique est désormais tellement classique qu’elle semble sans âge… Et non, il n’a pas joué Route 66, qui aurait été pourtant une reprise évidente, non ?

2015 03 Elliott Murphy New Morning (28)Petite séance photo, avec JP Nataf d’abord, qui avait été mon élève de maths alors qu’il préparait le bac (si ! si ! Très gentiment, il m’a dit qu’il avait eu son bac grâce au coup de pouce que je lui avais donné, et que, du coup, il avait pu faire de la musique… Même si ce n’est sans doute pas vrai, ça m’a fait plaisir. Moi, je me souvenais surtout de nos discussions passionnées à la fin des cours sur les derniers singles punks !), puis avec Pat et Elliott, pour les souvenirs et pour marquer le coup…

…Et on est repartis dans la nuit froide avec Dominique, Francis et Inés pour aller boire des canons, à la santé de la jeunesse, la jeunesse perdue et pourtant éternelle. »

 

Les musiciens d’Elliott Murphy sur scène :

Elliott Murphy : Vocal, Guitar, Keyboard

Olivier Durand : Lead Guitar & Vocals

Alan Fatras : Drums & Vocals

Laurent Pardo : Bass & Vocals

+

Gaspard Murphy : Guitar, Keyboards

Violin

Cello

 

La setlist du concert d’Elliott Murphy :

Part 1: Aquashow Deconstructed

Last Of The Rock Stars (Aquashow Deconstructed – 2015)

How's the Family (Aquashow Deconstructed – 2015)

Hangin' Out (Aquashow Deconstructed – 2015)

Hometown (Aquashow Deconstructed – 2015)

Graveyard Scrapbook (Aquashow Deconstructed – 2015)

2015 03 Elliott Murphy New Morning (61)Poise 'n Pen (Aquashow Deconstructed – 2015)

Marilyn (Aquashow Deconstructed – 2015)

White Middle Class Blues (Aquashow Deconstructed – 2015)

Like a Great Gatsby (Aquashow Deconstructed – 2015)

Don't Go Away (Aquashow Deconstructed – 2015)

Part 2

Benedict’s Blues (new song)

Sweet Honky Tonk (new song)

Take Your Love Away (Selling the Gold - 1996)

You Never Know What You're In for (Night Lights – 1976)

On Elvis Presley's Birthday (12 – 1990)

Blissed Out In the Land Of Nod (new song)

A Touch of Kindness (Coming Home Again – 2006)

And General Robert E. Lee (Notes From the Underground – 2008)

Drive All Night (Just a Story from America – 1977)

Last Of The Rock Stars (Aquashow - 1973) / Shout (The Isley Brothers cover)

Encore:

Green River (Strings from the Storm – 2003)

Encore 2:

Worried Man Blues ([traditional] cover – It Takes A Worried Man – 2013)

Commentaires
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  • Depuis que j'ai 15 ans, ce qui nous fait un bail, je fréquente les salles de concert de par le monde, au gré de mon lieu de résidence. Il était temps de capturer quelque part tous ces grands et petits moments d'émotion, de rage, de déception, de plaisir...
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