Buzzcocks - Mercredi 5 Février 1992 - Elysée Montmartre
« Je ne sais rien des Smashing Pumpkins, si ce n’est que c’est un nouveau groupe dont on parle beaucoup, et qui est généralement associé au mouvement grunge US. Peut-être à cause de la présence d’une bassiste et des morceaux globalement assez longs - entre cinq et dix minutes – interprétés dans une ambiance assez psychédélique, j’ai plutôt eu l’impression d’un groupe qui jouait dans la cour de Sonic Youth, mais en plus heavy et un peu plus pop. Leur set m’a d’abord paru intéressant, et puis j’ai rapidement sauté du train : j’ai passé la demi-heure suivante à observer tout cela de loin, avec un ennui de moins en moins léger. Bref, la suite de l’aventure Smashing Pumpkins, ce sera sans moi...
En les voyant pénétrer sur scène, bedonnants, sanglés dans leurs vestes mods et leurs pantalons punks, avec fermetures éclair et lanières comme en 1977, j'ai pensé un instant que mes pires cauchemars se réalisaient : les héros punks repassaient à la caisse, en un revival putride... Non, pas mes Buzzcocks chéris, pas eux !
Et puis les chansons ont déferlé, l'une après l'autre, et les tourbillons des deux guitares (Shelley / Diggle) étaient là, avec cet acharnement souvent répétitif d'autrefois, Les sourires sont vite revenus sur les visages, de part et d’autre de la scène : tout le monde était là pour le plaisir, semble-t-il, de ces joyaux pop énervés et souvent étincelants. Et même si les nouvelles chansons, lourdes et pataudes, ne faisaient que confirmer que les Buzzcocks sont définitivement un groupe du passé, l'énergie et la bonne humeur de Steve Diggle réussissent à sauver les moments plus ordinaires, et à maintenir l'intérêt en attendant les merveilles absolues que sont What Do I Get?, Everybody's Happy Nowadays, Autonomy, Noise Annoys, ou Oh Shit!...
Quant au final, la superbe dernière demi-heure, à partir d'un Ever Fallen In Love? complétement bouleversant, et parfaitement approprié à mon état d'esprit actuel, ce sera un incroyable crescendo d'électricité poppy et mélodique... jusqu'à ce que Fast Cars, Orgasm Addict ou l'inattendu et éternel Boredom viennent couronner un concert tout-à-fait délicieux, rassurant, presque... exceptionnel !
Oui, la leçon de ce soir est simple : les grandes chansons ne meurent pas ! »
PS : Merci à Patrick M pour ses belles photos...