Nirvana / Buzzcocks - Lundi 14 février 1994 - Le Zénith (Paris)
1994 : Nirvana n’est déjà plus le groupe sensation de Smells Like Teen Spirit, Kurt Cobain est devenu en moins d’une année une icone globale, et fait désormais plus la une des journaux à scandale que des chroniques musicales... Même si « In Utero », le dernier né, est encore une fois un album assez incroyable. Nous voilà donc en ce jour de la St Valentin au même endroit que lors de la précédente tournée du groupe, au Zénith, pour conforter ou infirmer notre impression un peu mitigée de la dernière fois. Et encore une fois assis dans les gradins, un peu trop loin de l’action.
Mais d’abord, un petit plaisir pour nous les fans, Buzzcocks ouvrent la soirée... devant un public indifférent, voire parfois hostile (on aura entendu des spectateurs huer le groupe, quelle tristesse !) : un public trop jeune sans doute pour saisir l’importance du groupe... Du coup, ce sera une déception, malgré quelques hymnes impeccables sur la fin pour nous rassurer quand même un peu.
Oui, Nirvana est ce soir un groupe très différent du concert de 1992, clairement plus professionnel,… même si le concert commence vers 23 heures, avec donc pas mal de retard par rapport à l’horaire prévu… Le son est aussi gonflé par l’ajout d’une deuxième guitare (Pat Smears ?), et même à l’occasion d’un violoncelle, on est donc loin désormais du trio de base qui exportait le son brut de Seattle ! Le public, quant à lui, est beaucoup plus jeune, arbore des t-shirts avec la tête de Cobain, et est surtout absolument fanatique, connaissant et chantant toutes les chansons, jusqu’à couvrir la voix de Kurt d’où nous sommes placés.
Ce qui ne change pas, par contre, c’est le peu de communication entre le groupe et le public, et le fait que Kurt, avec son attitude à demi-autistique, reste un piètre showman au sens habituel du terme.
Come As You Are et Smells Like Teen Spirit sont expédiées en première partie du set, comme s’il y avait désormais interdiction de prendre du plaisir à ses chansons trop évidentes ? Je vis tout le set avec curiosité, intérêt parfois, mais sans passion, et ce malgré l’amour que j’ai pour les albums de Nirvana.
Non, décidément, il y a toujours quelque chose qui ne fonctionne pas en live. Le set se termine avec la provocation punk de Territorial Pissings, mais ce sera le rappel qui sauvera in extremis la soirée : une reprise du génial The Man Who Sold The World de Bowie, soit l’une de mes chansons préférées des années 70, une chanson que le jeune public ne semble pas connaître (c’est tout à l’honneur de Nirvana, donc...) ; un très beau All Apologies qui touche en plein coeur ; une conclusion curieuse mais réussi avec une version acoustique de ce qu'on me dit être un classique de Leadbelly, peut-être une nouvelle direction pour un Nirvana plus mûr ?
En conclusion, comme en 1992, pas de doute sur le fait que je retournerai voir Nirvana sur scène, un groupe extraordinaire sur disque, qui n’a pas encore trouvé sa voie, sa voix (?) en live...
Merci à Patrick M. pour les photos...
La setlist du concert de Nirvana :
Radio Friendly Unit Shifter (In Utero – 1993)
Drain You (Nevermind – 1991)
Breed (Nevermind – 1991)
Serve the Servants (In Utero – 1993)
Come as You Are (Nevermind – 1991)
Smells Like Teen Spirit (Nevermind – 1991)
Sliver (Incesticide – 1992)
Dumb (In Utero – 1993)
In Bloom (Nevermind – 1991)
About a Girl (Bleach – 1989)
Lithium (Nevermind – 1991)
Pennyroyal Tea (In Utero – 1993)
School (Bleach – 1989)
Polly (Nevermind – 1991)
Very Ape (In Utero – 1993)
Lounge Act (Nevermind – 1991)
Rape Me (In Utero – 1993)
Territorial Pissings (Nevermind – 1991)
Encore:
The Man Who Sold the World (David Bowie cover)
All Apologies (In Utero – 1993)
On a Plain (Nevermind – 1991)
Heart-Shaped Box (In Utero – 1993)
Where Did You Sleep Last Night (Leadbelly cover)