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Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
14 mars 2017

Jean-Louis Murat - Mardi 3 Mai 2016 - Maroquinerie (Paris)

2016 05 03 JL Murat La Maroquinerie Billet« Les Pia Nites nous offrent en ce début mai le plaisir rare de pouvoir applaudir Murat dans un cadre parfait, celui, intime et chaleureux, de la Maroquinerie (« Murat à la Maro », super !). Un plaisir d’autant plus rare qu’il semble qu’il n’y aura pas de « tournée Morituri » pour célébrer et supporter la sortie du pourtant excellent nouvel album de l’Auvergnat bougon ! Pas assez d’intérêt du grand public pour sa musique, apparemment… Triste époque !

Bon, j’arrive à la Maro presque une heure et demi avant l’ouverture des portes, mais il y a déjà pas mal de monde prenant le soleil devant le bar, un verre à la main. Et au milieu, Murat et son groupe, et même Morgane Imbeaud, plus brune mais toujours aussi charmante ! Bon, en sirotant mon verre de Viognier, je me tâte pour savoir si je vais aller embêter Murat, et puis je me dis que non, je ne saurais d’ailleurs pas quoi lui dire de plus que les habituels : « j’aime beaucoup ce que vous faites », « je vous écoute depuis les années 90 » (déprimant, non ?) ou « votre dernier album est très bon »… que lui sortent déjà tous les groupies de cinquante ans qui l’entourent. Encore, si Inés était déjà arrivée, Murat serait sans doute content de saluer une jolie jeune femme !

2016 05 03 JL Murat La Maroquinerie (14)Un peu de chaos au moment de l’ouverture des portes à 20 heures, dans la mesure où il y a des gens qui attendent depuis trois heures de l’après-midi, mais je réussis quand même à atteindre le premier rang, sur la droite, donc idéalement placé pour avoir un peu de recul par rapport à Murat qui est sur la gauche. La salle se remplit très vite, et est bourrée à craquer dix minutes avant l’entrée en scène de Murat… ce qui fait qu’Inés ne va pas pouvoir me rejoindre devant, et restera bloquée à la balustrade supérieure. Heureusement, pour elle, c’est a priori une bonne position pour profiter du concert d’un peu plus loin.

20h40, donc, dix minutes de retard sur l’horaire alors que le concert est filmé et diffusé « live » sur le Net, Jean-Louis Murat et son groupe – le même trio que pour la tournée « Babel », auquel s’ajoute donc Morgane (ex-Cocoon, pour les amnésiques et les étourdis) pénètrent sur la scène, vêtus exactement (on s’en doute) comme « à la ville ». J’ai vu la set list de l’organiste, à ma droite, je connais donc le programme à l’avance : l’intégralité de « Morituri » joué dans l’ordre, suivi par de riches extraits de « Babel », et deux chansons plus anciennes pour finir : vingt titres en tout, donc on peut espérer deux bonnes heures de concert. Le son est excellent, la voix de Murat bien audible – la voix peut être parfois un problème à la Maro, on le sait -, seule la lumière, très blanche et très vive, laisse à désirer. C’est bien pour les photos (en fait, cette lumière a été installée pour faciliter le filmage…) mais plus que déroutant pour les morceaux plus intimistes, et pour l’ambiance en général. Le groupe qui accompagne Murat est absolument excellent, conjuguant une sorte de souplesse soul-jazz avec une belle intensité, le tout dans une bonne ambiance décontractée. Morgane, dans le fond, vocalise superbement (oui, elle, elle s’est changée, elle a une belle robe noire…). Murat fait du Murat : il chante très bien, fait un peu le pitre sur les passages où il se concentre sur sa guitare – quelques beaux moments plus « rock » - mais ignore largement le public pendant les trois quart du set.

2016 05 03 JL Murat La Maroquinerie (17)L’interprétation live de « Morituri » permet de juger objectivement de la qualité des morceaux, pas forcément tous du niveau de ceux de « Babel », mais très réussis quand même : Frankie envoûte, Interroge la Jument (avec les échos de la barbarie jihadiste de 2016) excite le public, la Chanson du Cavalier est puissant, mais c’est évidemment le magnifique Morituri qui l’emporte : un nouveau classique dans le répertoire de l’Auvergnat ! Au moment de se lancer dans le Cafard qui doit conclure cette première partie du set, Murat décide qu’il en assez, et qu’il veut aller boire un coup. Il emmène ses musiciens et nous plante là, promettant qu’il revient tout de suite ! Bon ! Je dois avouer que je ne suis pas encore complètement convaincu. Peut-être est-ce la frustration d’être séparé d’Inés, mais j’ai du mal à rentrer dans la musique…

Heureusement, tout va changer avec la seconde partie du set, de toute beauté… qui commence pourtant mal avec une version bâclée et mal chantée de J’ai Fréquenté la Beauté : à la fin, Murat jure que ce sera la dernière fois qu’il joue cette chanson, qu’il en a marre. « Ça s’entend ! » lui rétorque un spectateur… La suite sera par contre époustouflante, démarrant avec un Les Ronces grandiose de tension et d’émotion, alors qu’il s’agit pourtant sur l’album d’un morceau mineur, et se terminant avec un Chagrin Violette littéralement transfiguré. Vallée des Merveilles arbore désormais sa paillardise joyeuse sans complexe, Neige et Pluie au Sancy est dur comme jamais, Frelons d’Asie permet à Morgane de se transcender sous les encouragements taquins de Murat, et Long John, ralenti et majestueux, est saisissant de beauté. Cette excellence confirme mon diagnostic initial, à la sortie de « Babel » : le problème de l’album, c’était ce foutu Delano Orchestra, maladroit, pénible, à la limite de la faute de goût. Joué par un bon groupe, « Babel » aurait été une réussite totale, peut-être le meilleur disque de Murat, au niveau de « Mustango »…

A noter que, durant toute ce set, Murat est plus décontracté, balance ses habituelles vannes à l’humour plus que douteux, du type : « en Auvergne, on n’a pas que des pneus ! », sorte de compliment tordu au talent et à la beauté de Morgane… Il attaque aussi les journalistes, insultant un malheureux spectateur (un « casse-toi connard » sarkozien !) ayant admis être lui-même journaliste…

2016 05 03 JL Murat La Maroquinerie (78)Et là, surprise, Murat attaque le Cafard, que je pensais perdu pour la soirée… C’est très beau…, sauf que le morceau tourne en eau de boudin, entre Murat qui décide de délirer sur l’Ile de Sein (« Nichon »…), et qui finit par s’énerver contre la lumière trop blanche et trop brillante (« on se croirait dans un hôpital, non, plutôt un morgue ! »). Il demande qu’on éteigne les lumières en face de lui, et comme personne ne s’exécute, il quitte il scène ! On attendra en criant et en vain qu’il revienne (pour ces deux chansons prévues en conclusion…) : Murat fait la gueule, égal à lui-même.

Une conclusion un peu moche quand même pour un concert qui avait su s’élever progressivement et atteindre les sommets. C’est dommage, mais c’est aussi ça, Murat, il n’y a pas de quoi être surpris ! ».

 

Les musiciens de Jean-Louis Murat :

Jean-Louis Murat (voix, guitare)

Christopher Thomas (basse)

Gael Rakotondrabe (claviers)

Stéphane Reynaud (batterie)

Morgane Imbeaud (voix)

 

2016 05 03 JL Murat La Maroquinerie (71)La setlist du concert de Jean-Louis Murat :

French Lynx (Morituri – 2016)

Frankie (Morituri – 2016)

Tarn et Garonne (Morituri – 2016)

La pharmacienne d'Yvetot (Morituri – 2016)

Le chant du coucou (Morituri – 2016)

Interroge la jument (Morituri – 2016)

Tous mourus (Morituri – 2016)

La chanson du cavalier (Morituri – 2016)

Nuit sur l'Himalaya (Morituri – 2016)

Morituri (Morituri – 2016)

J'ai fréquenté la beauté (Babel – 2014)

Les ronces (Babel – 2014)

Vallée des Merveilles (Babel – 2014)

Neige et pluie au Sancy (Babel – 2014)

Frelons d'Asie (Babel – 2014)

Long John (Babel – 2014)

Chagrin violette (Babel – 2014)

Le cafard (Morituri – 2016)

Cette chronique a déjà été partiellement publiée sur mon blog manitasdeplata.net

Commentaires
Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
  • Depuis que j'ai 15 ans, ce qui nous fait un bail, je fréquente les salles de concert de par le monde, au gré de mon lieu de résidence. Il était temps de capturer quelque part tous ces grands et petits moments d'émotion, de rage, de déception, de plaisir...
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