Jay-Jay Johanson - Vendredi 14 Novembre 2014 - Choperia - SESC Pompeia (São Paulo)
Jeudi soir, un mail de Christophe : Jay-Jay Johanson joue demain au SESC Pompéia, sorte de centre culturel branché mais très, très sympa, se consacrant normalement à la diffusion de musiques locales, mais accueillant occasionnellement des artistes "internationaux". Et nous voilà donc le vendredi soir avec nos billets à R$20 (6 euros) à attendre l'heure du set du Suédois magnifiquement "pop dépressif". Sympa : nous tombons sur lui à la caisse où nous achetons nos bières et barquettes de frites... Petite conversation amicale - je lui signale que ses compatriotes, les Hives, sont également en ville - et Inés me prend en photo avec le "grand homme" (par la taille au moins, mais par le talent aussi !).
21h30 : Nathalie, Inés et Christophe sont en train de festoyer au restau inclus dans la salle de la Choperia, et moi, je suis, bien évidemment, avec moins de dix pelés et tondus devant la scène : on ne se refait pas ! Ce n’est que lorsque Jay-Jay Johanson et son pianiste Erik (il me sera présenté par Jay-Jay lorsque nous nous retrouverons à la fin du set pour la traditionnelle séance d’autographes) pénètrent sur scène que le public, très « bo-bo » du SESC daignera s’avancer vers la scène... pour onduler mollement et applaudir poliment pendant l’heure et demie du set. Mais bon, peu importe : fermement planté devant son micro, dont il ne décollera que très peu, Jay-Jay, très concentré, entame un magnifique The Girl I Love Is Gone, accompagné du seul piano et avec, derrière lui, le visage d’une jeune femme, muette, filmée en gros plan et en noir et blanc. L’impression est saisissante, voici un début de concert qui prend à la gorge : la voix haute et presque féminine de Jay-Jay, la délicatesse de la mélodie, l’ambiance sobre et élégante, nous sommes à un très haut niveau !
Malheureusement, la suite du set ne confirmera pas complètement cette excellente introduction : Eric lance sur son ordinateur les basses et les beats préenregistrés des morceaux suivants, à un niveau sonore un peu excessif, couvrant régulièrement la voix de Jay-Jay (... même si, au premier rang, où le suis, à moins de deux mètres de Jay-Jay, la gêne est moindre...). Et puis, il faut bien avouer que bon nombre de morceaux ne sont pas furieusement inspirés, et que les jours glorieux de « Whiskey » et de « Tatoo » - dix-sept ans déjà ! – sont loin : Dilemma, l’un des seuls mini-hits de Jay-Jay satisfera les fans, Milan Madrid Chicago Paris ravira mes envies d’être loin de São Paulo, Believe In Us, accrocheur, réhabilitera dans ma mémoire l’album « hitchcockien » de Jay-Jay, « Poison », mais globalement, le set manquera de magie.
S’il y a une chose agréable, c’est l’évidente complicité qui unit Jay-Jay et Erik, et le plaisir que tous les deux prennent à cet exercice un peu ingrat devant un public aussi peu concerné, un public de dilettantes branchés, qui constitue en général la pire crainte d’un artiste. Jay-Jay et Erik s’en tiennent à leur « ligne claire », cette sensibilité à fleur de peau, cette peinture fragile d’humeurs dépressives, s’appuyant sur des constructions rythmiques qui rappellent un peu les grandes heures du trip hop, à peine illuminées par des moments de virtuosité aux claviers qui peuvent incommoder (Christophe parlera même de Richard Clayderman !), mais à mon avis, ajoutent un peu d’éclat bien venu... Le final avant le rappel (On the Other Side), ainsi que le dernier morceau verront enfin Jay-Jay se lâcher un peu, et permettront de sortir du concert sur une bonne impression, même s’il est clair que Jay-Jay gagnerait à varier un peu plus les ambiances et les postures durant son set pour éviter une certaine monotonie.
Inés rampe sur scène pour aller récupérer la setlist, et nous passons au stand de merchandising pour acheter « Cockroach », l’album le plus récent de Jay-Jay, avant d’aller le faire autographier par l’artiste, décidément très disponible et délicieusement aimable. Jay-Jay et Erik nous parlent de leurs enfants respectifs, nous comparons nos âges, devisons sur la France, Paris et Arles, toutes choses bien agréables ma foi. Ce qui fait que nous sortons ravis de cette soirée un peu différente...
Dans deux jours, autre soirée suédoise, donc, mais à l’autre extrémité du spectre musical, avec le rock garage et audience-friendly des Hives ! Nuits nordiques à São Paulo ! ».
La setlist du concert de Jay-Jay Johanson :
The Girl I Love Is Gone (Whiskey – 1997)
It Hurts Me So (Whiskey – 1997)
Mr Fredrikson (Cockroach – 2013)
Dilemma (Spellbound – 2011)
Paris
She's Mine but I'm Not Hers (Tatoo – 1998)
I Miss You Most Of All (Cockroach – 2013)
Milan Madrid Chicago Paris (Tatoo – 1998)
Tomorrow (Antenna – 2002)
Far Away (Poison – 2000)
So Tell the Girls That I Am Back in Town (Whiskey – 1997)
She Doesn't Live Here Anymore (The Long Term Physical Effects Are Not Yet Known – 2007)
On the Radio (Antenna – 2002)
Monologue (Spellbound – 2011)
Hawkeye (Cockroach – 2013)
Believe in Us (Poison – 2000)
I'm Older Now (Whiskey – 1997)
On The Other Side (Spellbound – 2011)
Encore:
I Fantasize Of You (Whiskey – 1997)
Rocks in Pockets (The Long Term Physical Effects Are Not Yet Known – 2007)
Prequiem (The Long Term Physical Effects Are Not Yet Known – 2007)