Morcheeba - Mercredi 12 Novembre 2014 - Citybank Hall (São Paulo)
« Nous sommes tellement peu nombreux à 21h30 dans la grande salle du Citibank Hall de São Paulo (ex-CrediCard Hall) que Morcheeba décident visiblement de retarder le début du concert d’une quinzaine de minutes. Curieux, ce manque d’engouement des Paulistanos pour un groupe pourtant réputé, alors qu’on voit typiquement d’illustres inconnus remplir facilement les salles ? Non, pas vraiment, si l’on pense aux prix prohibitifs des billets ici au Brésil, et si l'on se souvient que ce mois de Novembre est certainement le plus riche en concerts de rock jamais vu à São Paulo : en période de crise économique comme nous vivons cette année, s’il faut choisir entre le soft rock « lounge » de Morcheeba, la nostalgie Beatlesienne avec McCa, la fièvre polaire des Arctic Monkeys, l’esprit roots de Jake Bugg, la pop enchantée et bancale de Metronomy, etc. etc., eh bien ce n’est pas Morcheeba qui a la préférence ! Dans cette ambiance froide, avec un public clairsemé perdu au milieu des rangées de chaises peu confortables installées sur la piste – eh oui, le concert est ASSIS ! -, les deux premières chansons, acoustiques et lentes au demeurant, du set sont presque catastrophiques : les musiciens semble perdus, loin au fond d’une scène bien trop grande pour eux, et la musique pourtant chaude de Morcheeba lutte en vain contre les rigueurs de l’air conditionné et le vide glacial de la salle. Et puis Skye attaque World Looking In, Ross a pris sa Telecaster et commence à faire du bruit, quelques spectateurs se lèvent, vite contrôlés par le service d’ordre qui tente de faire respecter les règles de la maison, qui sont en fait celles du pays tout entier (chacun à sa place, et qui a payé le plus cher doit être devant...)... Skye saisit l’opportunité au bond, et invite toute le monde à se lever : c’est la bousculade générale, j’enjambe une rangée de chaises avec Inés, et nous nous retrouvons au premier rang, plein centre, juste devant Skye, alors que le public enthousiaste est désormais massé devant la scène : Part of the Process a mis tout le monde en joie, et nous sommes, enfin, à un concert de rock !
A partir de là, peu importe que nous soyons si peu, puisque nous sommes un véritable public, au contact avec un véritable groupe, qui manifeste une véritable envie de jouer pour nous. Et, si je compare cette soirée à celle de quatre ans et demi plus tôt, à Madrid, nous sommes dans une configuration bien meilleure : une acoustique impeccable, un groupe qui communique (enfin, Skye...), une setlist certes discutable (grosse priorité aux classiques de la période « Big Calm » / « Fragments of Freedom ») mais constituée de crowd pleasers impeccables. Skye, une fois passée l’épreuve de ce début de soirée difficile, est radieuse, dans une robe blanche décorée de petits chats que, comme d’habitude, elle s’est confectionnée elle-même (elle nous avoue être une « cat lover » absolue, nous aussi, Skye, nous aussi !). Skye, soit Shirley Klaris Yonavieve Edwards pour ceux qui ne connaissent pas l’origine de son surnom, ne paraît guère ses 42 ans, et est particulièrement en voix et en forme ce soir : lla voir évoluer sur la grande scène du Citibak Hall, radieuse, à quelques mètres de nous, est un plaisir qui surpasse parfois celui de la musique de Morcheeba, une musique certainement légèrement inférieure sur scène, ainsi jouée en format traditionnel « rock », à ce qu’elle est sur les albums, où les incursions hip hop, dub step, trip hop, et les invités vocaux apportent une richesse supplémentaire. A droite, Ross (et non pas Paul, comme le criera toute la soirée un joyeux drille qui ariverra même à lui tirer un sourire, et un médiator !) Godfrey, est concentré sur son jeu de guitare régulièrement noisy. A gauche et derrière, un groupe anonyme qui assure correctement mais sans génie – le bassiste, de mémoire, était déjà là à Madrid il y a 4 ans et demi, mais je ne suis pas sûr pour les autres.
Otherwise, extrait de l’excellent et Brésil-friendly « Charango », est le premier moment de magie de la soirée, mais c’est sans doute l’interprétation de Blood Like Lemonade qui emporte le morceau, quelques minutes plus tard, juste avant un Slow Down magnifique, qui est une sorte de mètre-étalon du « charme Morcheeba ». Le public réclame São Paulo, morceau-phare de « Charango », ce qui serait en effet bien vu, mais nous n’avons droit ce soir qu’à une set list standard, a priori exactement la même que pour les autres concerts de la tournée. Et le set se termine un peu abruptement, en tout cas, beaucoup plus tôt que l’on le souhaiterait, par l’inévitable et imparable Rome. Une heure seulement, c’est quand même vraiment peu pour un groupe qui a un tel catalogue d’excellentes chansons... sans parler du fait que Morcheeba a curieusement fait l’impasse quasi totale sur son dernier album, « Head Up High », pourtant très réussi !
Joli rappel de trois titres, entamé en duo (Skye et Ross tous seuls) avec un superbe Over and Over accompagné par le public tout entier, et terminé en configuration « rock » par un Let Me See impeccable, qui nous laisse définitivement avec un goût de trop peu dans la bouche, après moins d’une heure et quart de set. Au final, une soirée calme, détendue (des qualicatifs qui viennent naturellement à la bouche quand on parle de Morcheeba, non ?), mais complètement réussie, même si une salle plus remplie aurait sans doute permis au groupe de monter encore plus en puissance. »
La setlist du concert de Morcheeba :
Trigger Hippie (Who Can You Trust? – 1996)
Under the Ice (Head Up High – 2013)
World Looking In (Fragments of Freedom – 2000)
Part of the Process (Big Calm – 1998)
Otherwise (Otherwise – 2002)
Moog Island (Who Can You Trust? – 1996)
Col (Who Can You Trust? – 1996)
Blood Like Lemonade (Blood Like Lemonade – 2010)
Slow Down (Otherwise – 2002)
The Sea (Big Calm – 1998)
Blindfold (Big Calm – 1998)
Rome Wasn't Built in a Day (Fragments of Freedom – 2000)
Encore:
Over and Over (Big Calm – 1998)
Fear and Love (Big Calm – 1998)
Let Me See (Big Calm – 1998)