Kasabian / The Hives / Blood Red Shoes au Festival DCODE - Samedi 25 Juin 2011 - Universidad Complutense de Madrid
« Un second festival en 2 semaines !? Incroyable ! Surtout pour moi, l'allergique ! Mais bon, l'affiche de ce samedi est tout simplement irrésistible : Kasabian, The Sounds, The Hives, Blood Red Shoes, The Vaccines, etc. Une fois qu'Inés a été convaincue que je pouvais - à mon âge ! - me lancer dans cette aventure physiquement éprouvante, les plans de campagne ont été préparés avec Juan Carlos et Luis : nous camperions devant la première scène, au programme plus alléchant, quitte à y passer plus de 8 heures de suite ! Oui, 8 heures, dont une bonne partie au soleil, par une température avoisinant les 40 degrés ! Pas une sinécure !
En plus, j'arrive même un peu plus tôt que prévu, vers les 16 h 30. Pas trop de problème pour m'orienter dans le campus de l'Université de Madrid, et me voici bientôt à pied d'œuvre, au premier rang un peu sur la droite, devant la Scène 1. La configuration du lieu est assez étrange : en fait, il y a une seule arène pour le public, les deux grandes scènes étant sises cote à cote ! Les artistes vont alterner en continu sur les deux scènes, mais a priori, si l'on ne veut pas perdre sa place devant l'une des deux, on est condamné à entendre les groupes qui jouent sur l'autre sans les voir. Je fais donc une croix sur The Vaccines et The Ting Tings par exemple. Bon, pas grave ! Je suis surtout inquiet quand à ma capacité physique à résister dans le cagnard. Mais je ne vais pas faire le "con", et je déclarerai forfait quand je n'en pourrai plus !
17 h : Polock sur scène, devant un public encore très, très clairsemé. Polock n'est pas encore un nom connu en France, malgré un petit papier élogieux dans les Inrocks, et pourtant, je dois dire que ce que j'ai vu pendant 30 minutes a été captivant : rien d'espagnol d'ailleurs dans ce pop rock élégant, nerveux, constamment inspiré, qui n'appelle d'ailleurs aucune référence évidente, ce qui est encore mieux. Chanteur chevelu à la très bonne voix, guitares fines et acérées, batterie puissante, sens parfait de l'équilibre entre mélodies et passages instrumentaux excitants... Polock est un nom à suivre.
17 h 30 : le service d'ordre nous arrose au jet d'eau, je protège comme je peux mon Blackberry et mon Lumix, mais ça fait du bien ! Tout le monde en profite pour remplir les petites bouteilles d'eau si vite bues : attention à ne pas se déshydrater ! Quelques minutes plus tard, un autre groupe espagnol (Mucho) débute son set sur la scène 2, adjacente... Ce qui me permet de constater qu'en effet, on entend correctement, et que d'ailleurs je peux même voir sur un écran géant placé entre les deux scènes ce qui se passe (sauf que le dit Mucho a choisi plutôt de nous projeter des images fixes...). Bon, de toute manière, rien de trop intéressant, un rock lourdingue et efficace à l'américaine, d'après ce que j'en perçois d'ici...
18 h 10 : Manel. D’abord un petit moment assez ridicule qui voit le groupe répéter alors que Mucho joue encore à côté, d'où une compétition sonore entre les deux consoles et les ingés-son qui "arrosent" le même public... Quel manque de respect pour Mucho qui terminait son set ! Eh bien, Manel, ils ont tout pour m'être antipathiques, ils chantent en catalan une sorte de folklore qui me rappelle plus Hugues Aufray en 1970 que disons... les Pogues. Je suppose que les textes chantent la beauté de la lutte des Catalans, je suis sûrement de mauvaise foi, mais j'avoue que ça me met d'humeur méchante, le genre chanteur folk barbu qui a des messages à faire passer... 18 h 30 : Juan Carlos et Luis sont arrivés, on rigole bien, je hurle "fuck off" aux bêtes Catalans, mais je suis bien seul, car il y a plein de gentils ados (catalans ?) qui aiment bien ! Puis les laids Manel s'en vont, et c'est (à 19 h) Jamaica qui suit sur la scène 2 : encore du rock bête et méchant, martelé sans goût ni grâce. C'est bien mieux de regarder Laura-Mary et Steven qui font leur sound check : torse nu, Steven est si blanc qu'il paraît radioactif !
18 h 55 : Blood Red Shoes entament avec 5 minutes de retard un set qui va être littéralement explosif, en fait le meilleur que j'aie jamais vu d'eux. Et ce malgré la chaleur qui visiblement abat complètement nos deux amis qui se déclarent justement trop anglais pour ce climat ! It’s getting boring by the sea, toujours en deuxième position, est explosif. Les nouveaux titres sont un peu plus "crowd pleasers" que les anciens, je trouve, Laura-Mary sourit plus largement que d'habitude, Steven se ressource en alternant eau et coca-cola. I Wish I Was Someone Better sera titanesque, Don’t Ask frappe dur et doux en même temps, la foule madrilène est en extase, et je crois que ça fait la différence avec les concerts précédents que j'ai vus. On nous arrose régulièrement au jet, car sinon, ce serait comme Fukushima, la fusion nucléaire. Luis essaye de s'abriter mais le jet d'eau le frappe en pleine figure ! On commence à être éclaboussés de boue vue l'insistance des arroseurs ! Mais bon, c'est fun, et le grunge-pop de Blood Red Shoes n'a jamais sonné aussi libre que ce soir ! Magnifique (... même si le son n'était pas tout-à-fait assez fort).
Le problème, alors que le public est maintenant bien tassé autour de nous et derrière nous, c'est que nous manquons donc forcement le set de The Vaccines à côté. Pourtant ce que nous en entendons et voyons sur l'écran géant me paraît vraiment bien. Dommage ! Juan Carlos rage, je le rassure en lui disant qu’on aura bien la chance qu’ils passent par Madrid un de ces jours (mais je ne sais pas si j’y crois vraiment…).
21 h 35 : The Hives... Inchangés, mais turbo-propulsés par la ferveur madrilène, the Hives vont tout simplement, tel des Attila scandinaves, dévaster le festival de leur punk rock hilare et généreux. Si le son n'est pas tout-à-fait à la hauteur habituelle, tout le reste sera parfait : lumières blanches, smokings impeccables (et chapeaux haut de forme pour leur entrée), chansons irrésistibles jouées à 100, puis à 200 à l'heure, harangues hilarantes en espagnol (voici un groupe qui communique !), bref, 1 h 5 de pur bonheur rock'n'roll. Après un Walk Idiot Walk d’anthologie, ça explosera littéralement à la fin, avec Won't Be long, parfait, suivi d’un Tick Tick Boom qui est une fois de plus l’occasion pour Pelle de montrer combien il est talentueux en manipulateur de public ! Rappel furieux avec Hate To Say I Told You So, puis final étonnant avec un nouveau titre dans un registre plus.. sophistiqué, lyrique même (Jolly Days ?). Les grands moments de spectacle offerts par Pelle ce soir : d'abord quand il ira chercher le public qui attend les Ting Tings devant la scène 2 en leur disant de ne pas avoir peur, les pauvres aveugles, de suivre sa voix, qu'il leur donnerait des Snickers qu'ils ont backstage ! Enfin, quand il fera s'asseoir la totalité du public sur Tick Tick Boom, spectacle impressionnant... En tout cas, pour ce set parfait de rock extrémiste délivré avec une gentillesse et un plaisir rares, The Hives gagnent la palme du groupe le plus fun de ma saison 2010 - 2011.
Sur la scène 2, les Ting Tings enchaînent par un show qui paraît assez spectaculaire sur les écrans, même si les nouveaux titres ne m'ont pas impressionné outre mesure. A voir (plutôt qu'à revoir...) dans de meilleures conditions.
Une heure et quart d'attente pour nous devant la scène 1, pour ne pas perdre une goutte de Kasabian... Nécessaire de toute manière après la tornade The Hives ! Ça s’incruste méchamment pour ce qui doit être le summum du festival (… même si les concerts continuent ensuite… !), et je me retrouverai malheureusement avec un énergumène gesticulant à ma gauche qui rendra le set de Kasabian moins confortable que les précédents. La nuit est tombée pendant le set de The Hives, et Kasabian va débarquer avec la grosse artillerie en termes de lumières, histoire nous prouver qu’ils sont, eux et personne d’autres les stars du festival (A noter que Glastonbury – leur fief - se déroule en même temps, si je ne m’abuse…).
Minuit pile, et Kasabian est sur scène, dans une débauche de lumière : tout de suite, Tom Meighan – cheveux courts, blouson en jeans, lunettes noires, allure inchangée de petite frappe au Q.I. méchamment moyen – monte à l’assaut du public madrilène avec Club Foot ! Tout le monde chante, agite les bras, saute en l’air comme une horde de hooligans dans un stade anglais : c’est « l’effet Kasabian » ! Pour ma part, Tom est ce que j’aime le moins dans Kasabian : avec ses mimiques ridicules (et que je te fais le signe de croix, et que je m’agenouille pour prier), ses bras éternellement ouverts en offrande christique (ce p’tit gars a un problème avec la religion, non ?), son éternel air de gamin polisson, ses « Madrid ! Madrid ! » ininterrompus, il me court rapidement sur le coquillard, le Tom ! A cause de lui, Kasabian prend régulièrement une allure de groupe de beaufs anglais, qui tranche tragiquement avec la richesse et la beauté de leur musique, à mon avis de plus en plus « impériale » : dans le genre « héritiers des Beatles », Kasabian se pose autrement là que les nains de Oasis ! Psychédélisme post-Revolver bien assimilé (Underdog, magnifique !), influence Kinks élégamment digérées (Thick As Thief, pas loin du plagiat, mais quelle superbe partie de trompette, quelle mélodie éternelle !), intégration parfaitement réussie de la dance music actuelle (Vlad The Impaler, irrésistible !), Kasabian a tout juste, et confirme en attendant le quatrième album (les deux titres que nous entendrons en avant première sont, dès la première écoute, excellents !) sa maîtrise de la pop la plus… populaire, la plus moderne : comment faire de la musique riche, complexe, excitante, tout en restant un grand groupe populaire. Il faut d’ailleurs tirer notre chapeau à tous les musiciens, l’excellent Sergio Pizzorno en tête (belle voix, beau jeu de guitare, malheureusement en permanence dans le noir) : j’ai été particulièrement impressionnant par le groove impérieux de la basse de Chris Edwards (Fast Fuse !) et la frappe massive de Ian Matthews. Au bout d’une heure, on aura droit à un beau rappel, qui se terminera en apothéose et dans la joie générale par le redoutable Fire, incroyable crowd pleaser qui matérialise pleinement la puissance de Kasabian.
Verdict : beau groupe, novateur et efficace… qui pourtant ne sera pas arrivé ce soir à provoquer la véritable hystérie dont les grands artistes scéniques maîtrisent la « mise à feu ». Il y aura eu quelque chose de brouillon, d’incomplet dans ce concert de Kasabian, en dépit des immenses chansons hypnotiques ou dansantes qu’ils lâchent comme un chapelet de bombes sur le public. Mais bon, la fatigue y était peut-être pour quelque chose de notre côté !
Il est 1 h 20, et malgré ma passion pour The Sounds, je décide de suivre Juan Carlos et Luis qui préfèrent rentrer, fourbus après ces longues heures physiquement éprouvantes… mais mentalement et émotionnellement réjouissantes. Une belle, grande, après-midi / soirée au Festival DCODE ! ».
La setlist du concert de Blood Red Shoes :
Keeping It Close (Fire Like This – 2010)
It's Getting Boring by the Sea (Box of Secrets – 2008)
Heartsink (Fire Like This – 2010)
It Is Happening Again (Fire Like This – 2010)
This Is Not for You (Box of Secrets – 2008)
Light It Up (Fire Like This – 2010)
I Wish I Was Someone Better (Box of Secrets – 2008)
You Bring Me Down (Box of Secrets – 2008)
Don't Ask (Fire Like This – 2010)
Colours Fade (Fire Like This – 2010)
La setlist du concert de The Hives :
Come On! (new song)
Main Offender (Veni Vidi Vicious – 2000)
Go Right Ahead (new song)
Die, All Right! (Veni Vidi Vicious – 2000)
Walk Idiot Walk (Tyrannosaurus Hives – 2004)
Hail Hail Spit n' Drool (Barely Legal – 1997)
No Pun Intended (Tyrannosaurus Hives – 2004)
Take Back the Toys (new song)
Try It Again (The Black and White Album – 2007)
A.K.A. I-D-I-O-T (Barely Legal – 1997)
Won't Be Long (The Black and White Album – 2007)
Tick Tick Boom (The Black and White Album – 2007)
Encore:
The Hives Declare Guerre Nucleaire (Veni Vidi Vicious – 2000)
Hate to Say I Told You So (Veni Vidi Vicious – 2000)
Patrolling Days (new song)
La setlist du concert de Kasabian :
Club Foot (Kasabian – 2004)
Where Did All the Love Go? (West Ryder Pauper Lunatic Asylum – 2009)
Underdog (West Ryder Pauper Lunatic Asylum – 2009)
Shoot the Runner (Empire – 2006)
Velociraptor! (new song)
Thick as Thieves (West Ryder Pauper Lunatic Asylum – 2009)
Take Aim (West Ryder Pauper Lunatic Asylum – 2009)
Empire (Empire – 2006)
Cutt Off (Kasabian – 2004)
Fast Fuse (West Ryder Pauper Lunatic Asylum – 2009)
Misirlou (Dick Dale and His Del-Tones cover)
Vlad the Impaler (West Ryder Pauper Lunatic Asylum – 2009)
L.S.F. (Lost Souls Forever) (Kasabian – 2004)
Encore:
Switchblade Smiles (new song)
Stuntman (Empire – 2006)
I Feel Love (Donna Summer cover)
Fire (West Ryder Pauper Lunatic Asylum – 2009)