The Wombats - Dimanche 22 Mai 2011 - Joy Eslava (Madrid)
« On ne peut pas dire que je sois très motivé ce dimanche soir pour laisser ma famille à la maison et aller à la Joy Eslava, à deux pas de la Puerta del Sol occupée par les "indignados" qui protestent contre la "politique politicienne" espagnole en ce jour d'élections : c'est déjà loin dans ma mémoire, l'époque de la gloire de The Wombats, groupe pop énervé, foutraque et rigolo, attirant surtout les adolescentes. Depuis, de l'eau a passé sous les ponts, et le second et tardif second album du groupe, "This Modern Glitch" ne s'est pas révélé très enthousiasmant : trop lisse, d'une inspiration inégale, il signalait surtout que les Wombats ne serait jamais un groupe pop "important"... Mais mon cousin Clément, en visite de Paris, est avec moi ce soir, et je suis ravi de lui faire découvrir la Joy et les soirées rock madrilènes.
Je suis un peu interloqué en pénétrant dans la salle et en me plaçant à l'extrême droite du premier rang, déjà bien rempli, par la quantité de matériel sur la scène. A 20 h 30, je vais en avoir l'explication... car le groupe de première partie, ce n’est ni plus ni moins que les « fameux » Morning Parade : premier morceau, ça y est je me souviens, j’ai lu il y a quelques temps un article dans Q, qui parlait de ce groupe encore inconnu, mais sciemment construit par des « professionnels de la profession » pour être un futur succès en stade, sur le modèle Coldplay, mais avec des tripes (des couilles ?) en plus. Ce n’est donc pas à une première partie ordinaire que nous assistons, mais à un « monstre » en pleine ascension : d’où ce volume de matériel colossal sur la petite scène de la Joy, et cette flagrante impression de contrôle total sur tout (même les retours et les tapis de scènes sont à eux, on croit rêver…). Et pour quel résultat ? Eh bien, 32 minutes d'une redoutable efficacité, culminant sur A&E (titre mentionné sur la setlist que je chiperai à la fin du set), avec des chansons presque toutes accrocheuses, devant un public qui lève les bras et tape dans les mains, même sans connaître (et pour cause, le disque sortira seulement en fin d'année). Le seul problème de tout cela, c’est le manque d'émotion, le sentiment grandissant qu’il y a quelque chose d'indéniablement artificiel chez Morning Parade, malgré leur puissance de feu... On se lasse donc avant la fin, mais on voit quand même bien le plan de l'irrésistible ascension. Bon, je pourrai dire, quand ils seront devenus les nouveaux U2, que je les ai vus "avant tout le monde". Et sinon (s’ils ne deviennent pas les nouveaux U2, si le plan imparable foire…), eh bien, j'aurai quand même passé une demi-heure plaisante devant ce concept passionnant d'une musique "sous contrôle".
Alors après, quand les roadies de Morning Glory ont enlevé tout le matériel du groupe, il ne reste plus grand chose pour The Wombats, et moi je trouve ça rassurant qu'ils aient toujours les petits claviers un peu bringuebalants des débuts... La scène est donc maintenant bien dégagée pour nos « anciens » ( ?) amis qui apparaissent avec près d'une dizaine de minutes de retard sur l'horaire, sous un éclairage pour le moins réduit. Clément me souffle qu’il y a peu de groupes désormais qui ont encore des éclairages frontaux… peut-être, mais ça n’aide pas les photos ! Matthew Murphy semble avoir perdu du poids depuis la dernière fois, et est très mignon dans sa veste blanche d’entertainer ; Tord Øverland-Knudsen, juste devant moi, reste le ludion incontrôlable du groupe, celui qui diffuse des ondes de joie quasi ininterrompues durant l’heure quinze minutes que va durer le set ; quant à Dan Haggis, il est malheureusement invisible derrière sa batterie, d’où je suis placé, mais on l’entendra régulièrement : c’est qu’il est le plus bavard du trio, le Dan !
Le set des Wombats débute devant une salle archipleine et débordante d’enthousiasme (l’effet « public jeune », même si la classique interdiction aux moins de 18 ans effective à Madrid doit priver le groupe d’une bonne part de ses fans !) par le réjouissant Our Perfect Disease qui ouvre aussi le second album, et tout de suite, c’est évident : les nouveaux morceaux vont bien passer l’épreuve de la scène, avec un son plus grêle, mois carré que sur l’album, qui leur rend une innocence que je pensais que le groupe avait perdue. On enchaîne avec Kill The Director, que je mets du temps à reconnaître : car les anciens morceaux, sans doute un peu usés par trop de concerts au cours des 3 dernières années, ont perdu leur lustre pop pour devenir des machines punk rock, portées à incandescence par la combinaison de la basse redoutable de Tord – répétons-le, fort spectaculaire – et de la voix à la fois gouailleuse et plaintive de Matthew. Tout le set sera donc construit sur le principe d’une alternance entre les nouvelles chansons, jouées de manière plus « ciselées », et les redoutables « crowd pleasers » de « A Guide To Love and Desperation », qui déclenchent à chaque fois cris des minettes et remous dans la foule. Je retiendrai particulièrement How I Miss Sally Bray, B-side très énergique, le morceau le plus punky de la soirée, les deux guitares (Tord a temporairement abandonné sa basse magique) sur Techno Fan, l’enthousiasme général sur Patricia The Stripper, et le superbe Schumacher and Champagne, qui fonctionne encore mieux que sur l’album. Et nous voilà déjà dans la dernière ligne droite, avec l’enchaînement des morceaux les plus imparables, à partir de Backfire At the Disco jusqu’à Tokyo… Oui, ce soir, les Wombats sont tout simplement impeccables : sans être devenus des virtuoses, ils ne nous infligent plus ces moments un peu embarrassants de cafouillage technique. De plus, Matthew chante finalement très juste, malgré ses effets de voix un peu répétitifs qui pourraient lasser. Au final, comme le dit Clément, voici un bon petit concert de rock tout simple, souriant et énergique comme on les aime tout naturellement.
Le rappel sera encore meilleur, avec le merveilleux Anti-D, que je considère d’ores et déjà, malgré son intro qui reprend le plagiat de Unfinished Symphony de The Verve, comme le meilleur morceau des Wombats, et la conclusion inévitable de Let's Dance to Joy Division. Comme avant, la formule magique de The Wombats, qui a particulièrement bien opéré ce soir, c’est ce mélange surprenant d’angoisse existentielle (la voix et les textes « pince-sans-rire mais quand même… » de Matthew) et de joie de vivre, un cocktail qu’on n’a plus beaucoup l’occasion de déguster, depuis… les Undertones, auxquels ces Wombats me font définitivement penser (… en moins géniaux, quand même !).
Voilà, il n’est même pas encore 23 h, et Clément et moi sortons ravis dans la Calle Arenal encore bien chaude (au pif, je dirai 27-28 degrés) : allez, on va aller se prendre une petite bière à une terrasse en se repassant les meilleurs moments de la soirée dans la tête ! »
Les musiciens de Morning Parade sur scène :
Steve Sparrow : lead vocals, piano and guitar
Phil Titus : bass
Chad Thomas : guitar
Ben Giddings : piano/synths
Andrew Hayes : drums
La setlist du concert de Morning Parade :
Under The Stars (single – 2010)
Headlights
Youth
Us & Ourselves
A&E (single – 2011)
Carousel
Born Alone
Les musiciens des Wombats sur scène :
Matthew Murphy : lead vocals, guitar, keyboard
Daniel (Dan) Haggis : drums, percussion, backing vocals
Tord Øverland Knudsen : bass guitar, guitar, keyboard, backing vocals
La setlist du concert de The Wombats :
Our Perfect Disease (This Modern Glitch – 2011)
Kill the Director (A Guide To Love, Loss and Desperation – 2007)
Party in a Forest (Where's Laura?) (A Guide To Love, Loss and Desperation – 2007)
Jump Into the Fog (This Modern Glitch – 2011)
Patricia the Stripper (A Guide To Love, Loss and Desperation – 2007)
How I Miss Sally Bray (Jump Into the Fog single – 2011)
Here Comes the Anxiety (A Guide To Love, Loss and Desperation – 2007)
Techno Fan (This Modern Glitch – 2011)
Schumacher the Champagne (This Modern Glitch – 2011)
Backfire at the Disco (A Guide To Love, Loss and Desperation – 2007)
1996 (This Modern Glitch – 2011)
Moving to New York (A Guide To Love, Loss and Desperation – 2007)
My First Wedding (A Guide To Love, Loss and Desperation – 2007)
Tokyo (Vampires & Wolves) (This Modern Glitch – 2011)
Encore:
Anti-D (This Modern Glitch – 2011)