Al Jarreau - Vendredi 17 Octobre 1986 - Zénith (Paris)
« Il y a aussi des concerts que l’on fait pour faire plaisir à la femme avec qui l’on vit, ce qui n’a absolument rien de honteux, bien au contraire : ouvrir son horizon musical pour partager plus avec une personne que l’on aime (ou un ami que l’on respecte, par exemple aussi), c’est naturel. Et malgré ma passion irraisonnée pour le Rock, je sais bien qu’il y a de nombreuses musiques de par le monde qui peuvent me plaire. le problème avec Al Jarreau, c’est qu’en 1986, ses meilleurs jours sont loin derrière, et qu’il semble déjà entré dans la phase un peu pathétique de redite. Le nouvel album, « L is for Lover » déclenchera difficilement les passions, du coup…
Quand Al Jarreau entre en scène, je suis d’ailleurs surpris : il n’a que 46 ans, mais les années l’ont bien plus marqué que les pochettes d’album ne le laissent paraître ! Et puis ce « vieil » Al est bien charmant, c’est sûr, avec ses grimaces à la Henri Salvador et sa démarche de canard, mais il nous gratifie ce soir d’un concert particulièrement ennuyeux au cours duquel nous avons droit à toutes les vilenies : la foule frappe dans les mains à contretemps (nous sommes en France !), pousse des cris idiots sur les injonctions du dit rigolo, le groupe de requins qui l’accompagne aligne de son côté des solos interminables et soporifiques, tout le monde se repose 5 minutes entre chaque chanson, pendant qu’Al nous refait ses bruits de bouche qui ont l’air de le rendre si heureux, etc. etc. Il paraît que les nègres sont de grands enfants, non ? Quant à la musique, nous eûmes droit quand même à deux ou trois morceaux où tout le monde daigna arrêter de sourire, de remercier les spectateurs, de faire son cirque pour enfin jouer de la musique ensemble. Jouer, bon dieu de bon dieu ! »