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Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
12 mars 2017

A Place To Bury Strangers - Lundi 21 Mars 2016 - Petit Bain (Paris)

2016 03 21 APTBS Petit Bain Billet« Deux nouveautés ce soir : d'abord le premier concert de toute mon existence… sur un bateau, puisque le Petit Bain est situé sur une grosse péniche amarrée plus ou moins en face de la Grande Bibliothèque (l'ennui, c'est quand même que l'attente est frisquette sur les quais de Seine) ; ensuite, c'est enfin, après plusieurs occasions manquées, l'occasion de voir sur scène A Place To Bury Strangers, un groupe qui a à priori tout pour me plaire (quelque chose comme le mur du son de MBV avec le chant sépulcral de Joy D)...

2016 03 21 Blurry Mountain Petit Bain (14)20h30 et quelques minutes, le quatuor de Blurry Mountain prend progressivement d'assaut notre audition, un peu à la manière d'un Godspeed, construisant leur mur du son à partir d'effets sonores, jusqu'à l'éclosion d'un morceau ténébreux, envoûté, traversé de striures électriques aiguës, avec de belles accélérations qui emportent le public. La voix est très basse, le chant presque inaudible, le chanteur anguleux dissimulé sous une capuche noire. L'ambiance est donc sombre, même si les deux guitares carillonnent à l'occasion, tirant des raies de lumières à travers une ambiance globalement psychédélique, assez accablante. Tout n'est pas toujours beau, l'ennui pointe son nez au long des 35 minutes de set, mais un avant-dernier morceau hypnotique, chanté par le batteur, peut rappeler la première trilogie de Cure, la période extrême de Pornography, et séduit par sa mélancolie bruitiste. Le set se termine, logiquement, dans le fracas. La transe n'est pas venue, mais Blurry Mountain perpétue honorablement une tradition de rock noir et buté : on leur en sait gré !

Ce qui est surprenant à l'intérieur du Petit Bain, c'est combien le plafond de la salle est haut, donnant une impression très agréable d'espace... La température au premier rang, contre toute attente, est assez élevée en ce deuxième jour de printemps plutôt glacial. Acoustiquement, rien à redire non plus, même si, évidemment, le niveau sonore pourrait être plus élevé pour ce genre de musique : mais nous ne sommes clairement pas dans le bon pays pour ça !

2016 03 21 APTBS Petit Bain (10)21h37 : le trio de A Place to Bury Strangers attaque (c'est le mot) après une rapide mise en place des instruments (bien ravagés, les instruments - et je vais vite comprendre pourquoi : les instruments sont régulièrement lancés en l’air pour se fracasser ensuite sur la scène) et des pédales d'effets bricolées maison (car notre ami Oliver Ackerman est un pro de la pédale d'effets - il vend même apparemment les résultats de ses expérimentations). Attaque sonique donc - même si le niveau sonore n'est pas encore paroxystique -, spectacle saisissant que cette tornade brutale qui déferle sur la scène du Petit Bain : APTBS débute son set comme la majeure partie des groupes le terminerait, dans une frénésie totale, un chaos terminal et convulsif : Oliver et Dion arcboutés sur leurs instruments, Robi défonçant ses fûts, c'est une entrée en matière qui décoiffe et qui montre qu'on n'est pas là pour jouer petits bras ! Un détail : tout cela se passe dans le noir quasi complet (à peine traversé par les faisceaux rasants de trois projecteurs de diapos),... et le restera pendant l'heure qui suivra : je peux dire adieu à mes habituelles photos, ce soir !

APTBS enchaîne alors brûlot sur brûlot, la plupart déferlant sur un rythme soutenu : très rapidement, j'ai plus l'impression de revivre un set des Stooges de l'époque "Fun House" que d'écouter du shoegaze ! Et ce d'autant que des nappes de lave brûlante s'échappent de la Fender Jaguar rouge démembrée de Oliver à un mètre de moi. La limite de l'exercice, néanmoins, et je m'en rends rapidement compte, c'est que cet extrémisme complet, qui fait réellement plaisir à voir, dépouille littéralement la musique de son pouvoir d'excitation : on peut headbanguer dans une certaine hébétude, on peut se régaler des poses de "bassiste hero" (l'école Peter Hook...) de Dion, on peut regarder avec curiosité les expérimentations de Oliver sur ses pédales d'effets, mais on aura quand même du mal à basculer dans l'hystérie. On remarque un morceau où Oliver et Dion échangent leurs instruments et leurs places sur scène. Au bout d'une demi-heure, les 3 musiciens descendent au milieu du public pour un intervalle bruitiste plutôt électronique que j'ai personnellement trouvé bien trop long, et faisant redescendre radicalement la tension du set.

2016 03 21 APTBS Petit Bain (36)On entre ensuite dans la dernière ligne droite, avec des chansons plus rapides, plus ramassées, qui permettent à un véritable mosh pit de se former au centre. La pression sur le premier rang augmente, il est temps de lutter pour son espace vital... mais tout cela reste largement bon enfant, malgré quelques individus qui délirent grave ! De nombreuses tentatives individuelles pour monter sur la scène sont repoussées impitoyablement par le service d'ordre, jusqu'à ce que Oliver fasse signe laisser monter tout le monde  (... enfin une dizaine de personnes). Bref, c'est un foutu boxon dans l'obscurité ! Oliver approche alors son ampli Marshall du bord de la scène, donc à moins d'un mètre de moi : je comprends alors pourquoi les voisins, habitués aux concerts de APRBS, sont tous équipés de protège-tympans... Jusque-là, le son n'était pas excessivement fort, mais maintenant nos tympans au premier rang sont en réel danger : il ne me reste plus qu'à terminer le set les doigts dans les oreilles, ce qui n'est pas la meilleure manière de profiter de la mise à mort finale... Le trio quitte rapidement la scène jonchée d'instruments, les lumières se rallument. Pas de rappel, bien évidemment : rock'n'roll jusqu'au bout.

Bon, le bilan est quand même plus mitigé que je l'espérais. Si APTBS est indiscutable en termes d'attitude, de détermination, de "bon esprit" dirais-je, la radicalité de leur set ne facilite pas l'immersion, sans parler de l'adhésion. Mis à part quelques brèves minutes "extrêmes", je me suis senti plus spectateur, un peu extérieur, que réellement participant à une grande orgie sonore rock'n'rollienne comme j'en ai eu régulièrement l'occasion. L'âge peut-être, mais je ne crois pas : autour de moi, j’ai vu très peu de gens vibrant avec la musique, mis à part l'habituelle poignée d'excités qui paraissent de toute façon être là pour s'amuser à tout prix... Faiblesse des morceaux ? Possible... S'agissait-il de toute manière de l'une de ces soirées « sans », où le concert ne décolle pas comme prévu ? Encore une fois, c’est possible. En tous cas, si la démarche de APTBS est en tout point admirable, il y a eu peu de plaisir ce soir au Petit Bain ! ».

 

2016 03 21 APTBS Petit Bain (58)Les musiciens de A Place to Bury Strangers sur scène :

Oliver Ackermann – guitar, vocals, bass

Dion Lunadon – bass, guitar

Robi Gonzalez – drums

 

La setlist du concert de A Place to Bury Strangers :

We've Come So Far (We've Come So Far 7" – 2015)

So Far Away (Onwards to the Wall EP – 2012)

You Are the One (Worship – 2012)

Deadbeat (Exploding Head – 2009)

Missing You (A Place to Bury Strangers – 2007)

Fear (Worship – 2012)

Dissolved (Worship – 2012)

(Unknown)(played in the middle of the crowd)

Deeper (Transfixiation – 2015)

Ego Death (Exploding Head – 2009)

I Lived My Life to Stand in the Shadow of Your Heart (Exploding Head – 2009)

Cette chronique a déjà été partiellement publiée sur mon blog manitasdeplata.net

Commentaires
Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
  • Depuis que j'ai 15 ans, ce qui nous fait un bail, je fréquente les salles de concert de par le monde, au gré de mon lieu de résidence. Il était temps de capturer quelque part tous ces grands et petits moments d'émotion, de rage, de déception, de plaisir...
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