The Subways - Jeudi 17 Novembre 2011 - Sala Caracol (Madrid)
« Pas trop de motivation de ma part, ce soir, pour aller au concert des Subways, déplacé pour cause d'affluence de mon cher Moby Dick Club à la lointaine (... et plus grande) Sala Caracol, près de la Gare d'Atocha, dans un quartier où stationner relève de l'exploit. En plus, ni Juan Carlos ni Luis n'ont eu envie de m'accompagner, et Inés m'attend bien au chaud à la maison... J'hésite, j'hésite, puis j'y vais... sachant que : 1) les Subways, en live, c'est l'assurance d'une vraie soirée rock - 2) la popularité décroissante de leurs disques (moi, je n'ai acheté que le premier album.) fait que l'avenir du groupe est tout sauf radieux et qu'il convient donc de les voir avant que...
J'arrive à 19 h 30 après un bon trois quart d'heures de galère au volant (pour Madrid, ça fait beaucoup), et je suis surpris de trouver une belle queue devant l'entrée de la salle. Décidément, les Subways ont la cote en Espagne !
20 h 05, ouverture des portes, je découvre la salle pour la première fois : plafond haut, salle assez profonde (une vingtaine de mètres), bien chauffée (à la différence de pas mal d'autres à Madrid, et c'est important alors que le froid de l'hiver commence à pincer...), contenance qui doit avoisiner les 500 personnes à vue de nez, scène un peu trop haute (disons 1m40), spacieuse (une dizaine de mètres de largeur et une belle profondeur) et malheureusement dissimulée derrière un grand rideau rouge (une idée stupide qui ne rend pas l'attente confortable puisqu'on ne peut pas s'appuyer sur la scène, donc...). Je trouve une place de justesse au premier rang, à l'extrême droite, malgré mon arrivée tardive.
21 h : Layabouts : précédés d'une réputation flatteuse, les hérauts du garage punk espagnol chanté en anglais (c'est important pour eux, ils revendiquent haut et fort que le rock, c'est fait pour être chanté en anglais, "pas comme toute cette merde !") vont nous offrir 45 minutes de rock intense, puissant, teigneux, et déclencher au final un pogo général des plus réussis. Sur scène, propulsés par une batterie surpuissante, le trio basse-deux guitares envoie la purée avec détermination et efficacité : c'est simple, c'est rude, c'est du rock dans ce qu'il a de plus basiquement satisfaisant. Bon jeu de scène (kangourous sauteurs), voix acceptable du bassiste, ne manquent pour que cela soit "un grand moment de rock'n'roll" que des compositions un peu plus marquantes. Le plus beau moment est, logiquement, une reprise saignante des Animals, Inside Looking Out (je crois)... Même s'il y a plus de transpiration que d'inspiration là-dedans, c'est une première partie parfaitement réussie et appropriée. Côté énergie pure, la barre est placée haut, on va voir si les Subways peuvent suivre.
Connerie de la salle, les responsables insistent pour refermer le rideau : ridicule ! J'ai quand même réussi dans le chaos à me rapprocher de trois ou quatre pas du milieu de la scène : parfait !
22 h 20 : le rideau rouge s’ouvre à nouveau, découvrant une scène qui paraît immense maintenant qu’elle est dégagée des retours et que la batterie de Josh Morgan est placée au fond, en ligne avec les gros amplis de Charlotte et Bobby : comme ça, il y aura de la place pour que Charlotte puisse sauter comme un petit pois mexicain, et pour que Bobby ait du recul pour ses fameux stage-divings... Toute inquiétude quant à la capacité de The Subways à enchaîner derrière Layabouts est immédiatement dissipée, avec un démarrage pied au plancher (Oh Yeah), et ce malgré un son bien moins compact que les teloneros : en fait, d’où je suis placé, aux pieds de Charlotte, c’est à peine si j’entends la guitare de Bobby ! Mais ce que les Subways perdent en puissance, ils le gagnent en nervosité, et aussi, bien entendu en qualité de chansons : les leçons de la new wave ont été retenues, il faut des mélodies pop entraînantes pour que l’énergie punk soit encore plus jouissive ! D’ailleurs toute la salle reprend en chœur, non seulement les refrains, mais aussi les couplets : Bobby et Charlotte paraissent surpris par cette popularité espagnole inattendue, qui leur offre un public bien plus nombreux qu’à Paris par exemple (la Sala Caracol est sold out, je me demande si une Riviera n’aurait pas été concevable...), mais aussi un enthousiasme débordant de la part des fans madrilène. Autour de moi ça pogote sec, et je me dis que ça aurait été magique d’avoir la même ambiance pour Art Brut samedi dernier, tant il est clair qu’une telle frénésie dans la salle permet au groupe sur scène de donner le meilleur de lui-même. On enchaîne avec ma chanson préférée des Subways, Young For Eternity, on frôle l’hystérie : quel démarrage de concert mémorable !
Ça se gâte malheureusement un peu après, avec Obsession, extrait du second album du groupe, une chanson qui me paraît assez laide, et que la voix - il faut bien l’avouer limitée - de Bobby massacre particulièrement. Et tout le set – d’une durée raisonnable de 1 h 10 – sera sur ce modèle, une succession de brûlots et de morceaux plus faibles, même si l’honnêteté me force à avouer que le public est resté à donf’ pratiquement toute la soirée. Ce que moi je perçois comme des (légères) baisses de régime me permet de prendre des photos, ce qui n’est pas facile vu le dynamisme de nos amis. La minuscule Charlotte ne tient pas en place plus que quelques secondes, mais elle est très jolie ce soir en noir avec sa crinière blonde et avec ses petits patins de danseuse qui lui permettent de rebondir partout. Bobby s’est teint les cheveux en roux, ou en rouge, je ne sais pas, et il a maintenant un air de version enfantine de Josh Homme, c’est dire... Lui, contrairement à Charlotte, me semble s’être sérieusement assagi, et il restera derrière son micro quasiment tout le set... mais on y reviendra. Mary – encore un extrait du premier album – met la salle en transe, malgré son tempo ralenti. Les slammers commencent à s’activer, ce qui est rare à Madrid, et fait totalement paniquer le maigre service d’ordre (en fait il s’agit d’UN gros pas très baraqué !) peu habitué à de telles démonstrations d’hystérie collective. We don’t need money to have a good time, simpliste mais entraînant, me prouve que le nouvel album a quand même de la ressource, mais c’est évidemment quand on en revient aux classiques, I want to hear what you’ve got to say, et surtout le réjouissant Rock’n’Roll Queen (avec un couplet chanté en espagnol, merci, Bobby, c’est la classe !) que les Subways sont irrésistibles : Rock’n’Roll Queen n’est donc plus joué en fin de set, et il a repris un format normal, sans ces parenthèses qui permettaient à Bobby de chauffer la foule... Un Bobby qui organise le mosh pit en stimulant les Madrilènes à l’aide de comparaisons vexantes avec le public de Barcelone... comme quoi il a tout compris ! Quelques morceaux moins marquants, avant de boucler la partie principale du set (55 minutes) avec les killers que sont Turnaround et surtout With You.
Rappel extatique de trois titres, qui se clôt brillamment avec It’s A Party, chanson – évidemment – festive qui offre enfin à Bobby l’occasion de se laisser complètement aller : il fait hurler la foule, il quitte la chemise (enfin !) avant d’effectuer l’un de ses impressionnants stage divings dont il a le secret : tout est bien qui finit bien. Les Subways ont des étoiles dans les yeux en quittant un public aussi fervent, et nous promettent qu’ils reviendront vite, ce qui est assez probable, vu le succès local.
Je quitte la Sala Caracol reconquis par ce groupe que la critique traite assez méchamment de « seconds couteaux », et qui parvient pourtant systématiquement à raviver la flamme ardente du rock’n’roll. Pour cela, que les Subways soient éternellement bénis, et qu’une place au paradis des rockers leur soit réservée par la postérité : « We certainly don’t need money – nor celebrity – to have a good time » !! »
Les musiciens de The Subways sur scène :
Billy Lunn – guitar, vocals
Charlotte Cooper – bass, vocals
Josh Morgan - drums
La setlist du concert de The Subways :
Oh Yeah (Young For Eternity – 2005)
Young for Eternity (Young For Eternity – 2005)
Obsession (All Or Nothing – 2008)
Alright (All Or Nothing – 2008)
Mary (Young For Eternity – 2005)
We Don't Need Money to Have a Good Time (Money and Celebrity – 2011)
Popdeath (Money and Celebrity – 2011)
Shake! Shake! (All Or Nothing – 2008)
I Want to Hear What You Have Got to Say (Young For Eternity – 2005)
Rock & Roll Queen (Young For Eternity – 2005)
Celebrity (Money and Celebrity – 2011)
Kiss Kiss Bang Bang (Money and Celebrity – 2011)
Turnaround (All Or Nothing – 2008)
With You (Young For Eternity – 2005)
Encore:
Kalifornia (All Or Nothing – 2008)
At 1 AM (Young For Eternity – 2005)
It's a Party (Money and Celebrity – 2011)