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Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
20 janvier 2014

The Pretenders - Lundi 29 Juin 2009 - Elysée Montmartre (Paris)

2009 06 The Pretenders Billet

« La canicule est arrivée sur Paris, et clairement la saison "rock", pour les gens comme moi qui ne veulent pas "communier" aux grands rassemblements festivaliers, touche à sa fin. Ce qui pousse les désespérés bientôt en manque - comme moi encore - à aller un peu voir n'importe quoi, comme les Pretenders pour leur énième retour, près de 25 ans après qu'ils aient cessé d'être pertinents ! Mis à part Philippe D, appuyé nonchalamment contre LE pilier de l'Elysée Montmartre - celui qui normalement "appartient" à Vik ! -, les copains sont ailleurs ce soir, par exemple pour voir la dernière apparition en date de Jack White, the Dead Weather. Et il faut bien dire que quelque chose en moi me murmure obstinément qu'ils ont sans doute eu raison...

2009 06 JP Jones 008

J'avais un moment espéré qu'il n'y aurait pas de première partie, vu la disposition du matériel sur la scène, mais - comme Gilles B me l'avait prédit, narquois - nous avons eu droit à JP Jones, plus ou moins seul à la guitare - électrique, mais à peine - c'est à dire accompagné d'un acolyte sous-amplifié et donc à peine audible du côté gauche où je me trouve. Non pas que ce soit un drame, tant la "musique" de JP Jones est un parangon d'insignifiance propre sur soi : imaginez du sous-Razorlight quand ces derniers veulent copier Springsteen, ou, pire encore, un sous-David Gray qui n'aurait qu'une seule mélodie et une seule atmosphère en tout et pour tout. Ça se veut clairement radio-friendly, c'est tout simplement soporifique pendant la demi-heure que ça dure. Mais le public - âgé, sans surprise ce soir - est bien indulgent, et applaudit. A la fin, JP Jones cite deux vers de Brass in Pocket, et c'est le délire - enfin presque - dans la salle. A ce moment là, j'ai un gros coup de blues qui me saisit, et ce n'est pas la copie blême de blues que rabâche JP qui me le file, croyez-moi !

La seule fois où j'ai vu The Pretenders, c'était en 1981 au Pavillon Baltard, il faisait froid, le concert avait été très moyen, mais Chrissie Hynde incarnait alors une certaine image de la femme rock'n'roll qui nous faisait tous fantasmer. Presque 30 ans plus tard, le rock est devenu largement féminin, et si elle a indiscutablement contribué à cette mutation, difficile de ne pas la juger dépassée par ses "filles"... Quand Chrissie monte sur scène, on se laisserait presque abuser

2009 06 The Pretenders 028

par sa silhouette toujours sèche et juvénile : le rock'n'roll conserverait-il si bien qu'à 58 ans, elle en paraisse encore 40 ? Non, par delà le jean moulant sur des formes encore glorieuses, les bottes à talons aiguilles pour faire fantasmer les "Tatooed Love Boys", et les poses "rock'n'roll queen", une fois mes lunettes essuyées (figure de style), je vois bien que le visage de Chryssie trahit son âge, et qu'elle ressemble plus désormais à un Alice Cooper vieillissant qu'à une maîtresse exigeante de rituel sado-masochiste ! Too bad !

Je ne me souvenais plus de ça, mais le seul autre membre fondateur du groupe encore vivant, c'est Martin Chambers, le batteur cataclysmique : et lui, croyez moi, il est toujours aussi (qui a dit : "plus encore, même..." ?) impressionnant. Phillipe D me confiera qu'il le classe aisément dans le Top 10 des plus grands batteurs de l'histoire du rock, et je dois dire que, après une heure vingt cinq minutes de rythmes titanesques, je serais assez d'accord avec lui. Comment avais-je donc pu oublier Martin Chambers ? Ce sera néanmoins la SEULE bonne surprise de ce soir, car, inutile de vous faire attendre plus longtemps, nous avons assisté plus ou moins à un NON-CONCERT (comme on dit un "non-événement") : rien à redire dans le détail, tous les morceaux étaient très rock, avec un son clair et tranchant, assez fort, interprétés de manière très "rentre dedans"... Et alors ? Alors, rien ! Pas une émotion, pas un instant de véritable excitation, il ne s'est RIEN passé sur la scène de l'Elysée Montmartre ce soir.

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Je pense d'ailleurs que Chryssie et ses spadassins se sont rendus compte que quelque chose n'allait pas, car ils ont écourté leur set d'une bonne quinzaine de minutes, à vue de nez (plusieurs morceaux sur la set list ont été évincés, en particulier Brass in Pocket et Thumbelina...). Certains accuseront la chaleur, certes élevée. D'autres, à la sortie, blâmaient les appareils photos qui ont visiblement irrité Chryssie (la pôvre petite, elle n'aime pas être photographiée ! A son âge, et vu le métier qu'elle fait, sans doute est-il un peu tard pour s'en rendre compte !). Moi je pense tout simplement que, ce soir, les Pretenders étaient médiocres, et c'est tout... Je n'ai pas parlé des autres musiciens, et pourtant : un joueur de pedal steel envahissant, qui a coloré ce soir tous les morceaux des Pretenders aux teintes de l'Ouest américain (Philippe D m'a dit qu'il avait trouvé qu'ils sonnaient comme Lone Justice, et il n'était pas loin du compte)... Mais le pire est le jeune guitariste-"hero" qui a tendance à laisser dégueuler ses soli un peu partout, et à saloper les chansons pop de Chryssie de délires hard rock d'assez mauvais goût (je dois dire que nombre de quinquagénaires dans le public appréciaient...). Bref, la musique des Pretenders ressemble aujourd'hui à ce que nos amis américains appellent du "classic rock", bien loin des fanfreluches post-kinks et décadentes de Londres...

Le set était composé d'une sélection de titres du nouvel album, a priori les plus "américanisés", entrecoupée des chansons (qu'on aurait pu croire) éternelles des trois premiers (glorieux) albums... Mais j'aurais de la peine à citer les meilleurs moments, tant tout a nagé dans une banalité sans nom. Le plus intéressant, ça a été finalement de retrouver le mauvais caractère et la vulgarité de Chyssie inchangés, et je me suis dit à un moment que ce caractère de "bitch" était ce qui restait de plus sincère au sein de cette musique dépassée et morte. Chryssie disant "cunt"

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toutes les cinq minutes - quand même LE mot restant choquant dans la langue anglaise -, Chryssie se moquant de Ray Davies dont elle a fait prononcer le nom par la foule avant de conclure "Moi, je n'invoque jamais le nom du Diable" (ça, c'est envoyé !), puis de Dylan dont elle a interprété - assez joliment - le Forever Young : "Je vais sûrement la massacrer, cette chanson, mais ça sera toujours mieux que quand il la chante, lui !". Notons aussi que la voix de Chryssie est toujours impeccable, même si elle s'est plantée à deux reprises dans les grandes largeurs en démarrant une chanson dans le mauvais ton : un tel amateurisme surprend forcément, mais, là encore, ce genre de bourdes était plus intéressant que la majeure partie de ce que les Pretenders ont joué ce soir...

Pour mémoire, à la fin, nous avons eu droit à une version métallisée de Middle of the Road qui nous a enfin fait lever les sourcils et dodeliner de la tête, puis, pour conclure le second rappel, à une énergique interprétation de Precious, où il s'est quand même passé une sorte d'échange entre la foule et les musiciens.

Philippe D et moi sommes sortis de là assez dubitatifs, voire dépités, mais avec l'envie d'accorder à Chryssie le bénéfice du doute : ce soir, ça devait être une soirée "sans" pour les Pretenders... »

 

La setlist du concert des Pretenders :

Boots of Chinese Plastic (Break Up the Concrete – 2008)

Don't Cut Your Hair (Break Up the Concrete – 2008)

Message of Love (Pretenders II – 1981)

Talk of the Town (Pretenders II – 1981)

Love's a Mystery (Break Up the Concrete – 2008)

Don't Lose Faith In Me (Break Up the Concrete – 2008)

Kid (The Pretenders – 1980)

Back on the Chain Gang (Learning to Crawl – 1984)

The Last Ride (Break Up the Concrete – 2008)

Rosalee (Break Up the Concrete – 2008)

2009 06 The Pretenders 054

I Go to Sleep (The Kinks Cover) (Pretenders II – 1981)

Don't Get Me Wrong (Get Close – 1986)

Stop Your Sobbing (The Kinks cover) (The Pretenders – 1980)

Forever Young (Bob Dylan Cover) (Last of the Independents – 1994)

Night in My Veins (Last of the Independents – 1994)

Break Up the Concrete (Break Up the Concrete – 2008)

I'll Stand by You (Last of the Independents – 1994)

Middle of the Road (Learning to Crawl – 1984)

Precious (The Pretenders – 1980)

 

La chronique de ce concert avait été publiée à l'époque sur les blogs suivants : http://concertsrnrm.blogspot.co.uk/search/label/PRETENDERS%20%28THE%29 et http://www.loindubresil.com/archives/2009/06/30/14248434.html

Commentaires
Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
  • Depuis que j'ai 15 ans, ce qui nous fait un bail, je fréquente les salles de concert de par le monde, au gré de mon lieu de résidence. Il était temps de capturer quelque part tous ces grands et petits moments d'émotion, de rage, de déception, de plaisir...
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