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Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
13 mai 2013

Queens of the Stone Age - Samedi 7 Juin 2008 - Zénith de Strasbourg (Eckbolsheim)

2008 06 QOTSA Zénith de Strasbourg Billet

« Les concerts en province, c'est quand même bien : moins de queue, moins de bousculade, des discussions sympas avec des "p'tits jeunes" sur Neil Young ou Pete Doherty... Et puis cette nouvelle salle qu'est le Zénith de Strasbourg, assez semblable d'ailleurs à notre Zénith parisien dans cette configuration "réduite" (un tiers des gradins seulement), qui a tout bon : bonne hauteur de scène, excellente sono, bien forte et claire, température correcte.

2008 06 Warehouse 027

Que demander de plus ? Un bon groupe en première partie ? Ok, votre vœu est exaucé : Warehouse jouent du rock dur et froid - reprises de Wire et de Suicide surtout, dans un final puissant, quelques phrases de PJ Harvey - avec un peu d'humour sarcastique en prime, ce qui ne gâte rien (le chanteur se moque des spectateurs, ce qui en soit est toujours culotté). Les morceaux sont accrocheurs et bien servis par le son sec et tranchant, la voix détachée et intéressante, bref on sent un vrai potentiel chez Warehouse... qui ne se réalise pas tout-à-fait pour le moment, pourtant. 35 minutes bien plaisantes, quand même.

On est un peu surpris, Gilles et moi, de l'affluence assez moyenne ce soir (bon, ça nous a permis d'être au premier rang, en arrivant vers 17 h 30, ce qui aurait été impossible un samedi à Paris...), peut-être la faute au foot, avec le début de la coupe d’Europe ce soir ? Moins d'Allemands que prévu dans le public en tout cas, mais quelques trublions bien allumés qui font tout de suite le vide autour d'eux et attirent l'attention des videurs un peu inquiets.

2008 06 QOTSA 043

Il n’est que 20 h 40 quand Josh Homme et sa bande montent sur scène, dans la demi-obscurité habituelle et sous les accents funky de Dance to the Music. Ce seront évidemment les seuls instants funk, ou disons dansants de la soirée : un peu plus d’un an après le concert de lancement de leur dernier album, « Era Vulgaris », à l’Elysée Montmartre, la musique de QOTSA a incroyablement changé : est-ce l’effet des tournées incessantes qui ont motivé les musiciens à chercher de la nouveauté, de l’excitation en revisitant les morceaux ? Est-ce une évolution de Homme, l’homme (ah ha) qui ne tient pas en place et va continuellement explorer de nouveaux territoires pour son rock – à mon avis loin aujourd’hui des accents « stoner », lourds, psychédéliques et sexués des débuts (je sais que Gilles, grand fan devant l’éternel du groupe, y voit plus de similitudes, mais bon, c’est mon opinion) ? Est-ce au contraire l’effet d’appropriation de la musique de Homme par sa « nouvelle » formation ? En tous cas les 9/10e des morceaux sont absolument méconnaissables ce soir, et l’on doit se raccrocher à un riff, un break ou une phrase des paroles pour identifier la chanson « originelle »…

La musique de QOTSA semble s’être encore plus radicalisée, s’être réduite à une sorte de squelette d’acier secoué de convulsions aux rythmes de plus en plus complexes, quelques fois voire même inintelligibles au commun des mortels (un spectateur, hébété, avec qui je discutais à la fin du concert, me demandait si j’étais musicien, comme je lui semblais avoir apprécié le concert – pour lui, cette musique ne pouvait visiblement provoquer de l’intérêt que chez quelqu’un qui en aurait compris la construction mystérieuse…). On pourrait parler d’évolution vers la « musique industrielle », s’il ne restait pas, heureusement, une forme de spectaculaire, mais aussi d’esprit « terrien » (down to earth) chez Homme, qui est quelqu’un dont le look « bûcheron du désert » (je viens d’inventer ça, mais je sais qu’il n’y a pas d’arbres dans le désert de Californie, si si !) dément l’intellectualisme évident de la musique. Bref, en un mot, pas sûr que le mot « plaisir » soit à l’ordre du jour ce soir, on parlera plutôt – pour ma part – de fascination, d’envoûtement : le son est incroyablement fort, au point que nos oreilles semblent entrer en résonance avec notre cerveau, jusqu’au seuil de la douleur, mais cette épreuve physique qu’il faut traverser, quand chaque couche de son semble une agression plus extrême encore contre la raison, est indissociable de l’intérêt que génère la musique de QOTSA.

2008 06 QOTSA 048

Il y a chez Homme et sa bande une capacité hallucinante à plonger le public dans une transe hébétée à coup de rythmiques brutales et de déchirures sonores incompréhensibles (la cerise sur le gâteau ce soir, était pour moi le travail des claviers, bien audible pour une fois, qui créaient un hurlement psychédélique continu en fond sonore, sur lequel les guitares pouvaient se livrer à leur travail de déchiquetage), puis à monter d’un cran (Turning On the Screw, quel titre bien approprié !) à l’occasion d’un break surprise ou d’un solo infernal. Le public – parlons-en – que nous craignions calme, est particulièrement déchaîné au centre de la fosse (assez loin de nous, ce qui nous préservera du chaos), et les videurs se verront forcés à un ballet incessant d’évacuations, entre les slammers déchaînés et les filles évanouies, le tout sous l’œil vigilant d’un Josh Homme qui surveille d’un œil paternel « son » public (« Pas comme le public des festivals, qui ne vient pas QUE pour nous… », nous confiera-t-il) et veille à ce que le service d’ordre ne se comporte pas de manière trop musclée (il s’interrompra même au milieu d’une chanson pour appeler deux videurs au bord de la scène et leur intimer de faire preuve d’un peu de retenue !).

Au milieu de ce maelstrom infernal de sons et de sensations physiques, le meilleur de la soirée sera pour moi l’enchaînement superbe de Little Sister (il y a eu ce moment grandiose où un solo virulent de Homme est venu vriller de l’intérieur la pulpe brûlante de la musique, j’ai eu comme l’impression de visualiser la violence terrible qui dégoulinait de la sono), Battery Acid (celle-là, dans son radicalisme total, c’est la chanson qui illustre le mieux où en est aujourd’hui Homme, dans la réduction – au sens culinaire – de sa sauce à une sorte de venin, non, d’acide, c’est bien le terme, qui corrode le cerveau et produit des tremblements incontrôlables dans le corps de ses victimes), et Make It Wit’Chu (seul moment d’accalmie du concert, où Homme nous autorise une mélodie, un peu de légèreté : il commencera par nous inviter à nous lier avec nos voisins spectateurs, nous encourager à la séduction et à la fornication – oooh ! -, avant de nous dire que si notre voisine était sexy, il fallait la lui amener dans son lit à la fin du concert…).

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Après ça, replongée dans l’enfer, jusqu’à une version méconnaissable de Go with The Flow, la pédale d’accélérateur ayant traversé le plancher, le son ayant réussi à monter encore en puissance au point qu’il devient désormais impossible de percevoir la différence entre la voix et les solos de guitare, tous engloutis dans une saturation brûlante. Et c’est fini ! Rappel court et frustrant, qui se termine sur un Noone Knows lui aussi déstructuré et privé de sa mélodie – mais pas de son dévastateur solo final. C’est tout ! Pas de Feel Good Hit of the Summer, pas de Song for the Dead ! A ce stade-là, on ne peut malheureusement que parler de frustration, tant on aurait mérité, je pense, le réconfort de ces « tubes » après la brutalité du traitement qui nous a été infligé ce soir… 1 h 25 en tout et pour tout, ce qui n’est pas mal, mais laisse quand même une impression d’inachevé.

On sort du Zénith en discutant avec différentes personnes, je dois admettre que le public est bien plus ouvert et sympathique qu’à Paris, c’est vraiment un plaisir d’être là ce soir, avec tous ces fans heureux d’avoir été ainsi bénis par ce déferlement de violence froide, et qui partagent leur extase, leur fatigue et leur… surdité. Car cela va être difficile pendant quelques heures, avec le bourdonnement incessant que nous avons dans la tête ! Dans la nuit qui vient de tomber, la structure de plastique orange du Zénith luit, superbe. Une bien belle soirée que nous irons terminer à coup de tartes flambées, de Pinot Noir et de Bière Blanche au Marronnier, à Stutzheim, avant de rentrer vers Erstein et un repos bien, bien mérité. »

 

Les musiciens de QOTSA sur scène :

Josh Homme – Guitar / Voice

Michael Schuman – Bass

Dean Fertita – Keyboards

Joe Castillo – Drums

Troy Van Leeuwen - Vocals/Guitar/Keyboard/Lap Steel

 

2008 06 QOTSA 084

La setlist du concert de QOTSA :

The Blood is Love (Lullabies To Paralyze- 2005)

Turnin' on the Screw (Era Vulgaris – 2007)

Hangin Tree (Song for the Deaf - 2002)

Burn the Witch (Lullabies To Paralyze- 2005)

Misfit Love (Era Vulgaris – 2007)

Era Vulgaris (Era Vulgaris *UK– 2007)

3's & 7's (Era Vulgaris – 2007)

Do It Again (Song for the Deaf - 2002)

Avon (QOSTA – 1998)

Suture Up Your Future (Era Vulgaris – 2007)

In the Fade (Rated R - 2000)

Little Sister (Lullabies To Paralyze- 2005)

Battery Acid (Era Vulgaris – 2007)

Make It Wit Chu (Era Vulgaris – 2007)

I Think I Lost My Headache (Rated R - 2000)

Sick, Sick, Sick (Era Vulgaris – 2007)

Go With the Flow (Song for the Deaf - 2002)

Encore

You Think I Ain't Worth A Dollar, But I Feel Like A Millionaire (Song for the Deaf - 2002)

No One Knows (Song for the Deaf - 2002)

Commentaires
Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
  • Depuis que j'ai 15 ans, ce qui nous fait un bail, je fréquente les salles de concert de par le monde, au gré de mon lieu de résidence. Il était temps de capturer quelque part tous ces grands et petits moments d'émotion, de rage, de déception, de plaisir...
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