The Wombats - Jeudi 20 Mars 2008 - Trabendo (Paris)
« "Seduce me... Seduce me... Fuck me !". Le ton est donné : il n'y a pas plus de 30 secondes que Cage the Elephant sont sur scène, et c'est déjà l'hystérie dans la salle. Le public, entre 12 (!?) et 17 ans, est en transe. Le son est excellent ce soir, même la voix est bien audible d'où nous sommes placés, au premier rang à l'extrême droite de la scène pour cause d'arrivée tardive, après l'ouverture des portes - et ce n'est pas toujours le cas au Trabendo. Le groupe sur scène a déjà tout d'une révélation : de bien bonnes compos dans un style intelligemment indéfinissable (on croit entendre de jeunes Kings of Leon sous speed, on se retrouve avec une décalque psychotique de The Fall... ce genre de choses !).
Le chanteur est bon, dans le genre puce énervée d'un âge indéfinissable - il est déjà au milieu de la foule au troisième morceau, il finira le concert par un stage diving impressionnant. Le look général est, disons grunge, mais les doigts dans la prise ! Seul le guitariste rythmique cultive une sobriété assez british, sauf qu'il est le plus hystérique du lot, finissant pas renverser à moitié la batterie. Fun ! On appréciera forcément une reprise lourde et cinglante de l'indémodable Psycho Killer des Talking Heads (déjà cité par Gossip deux jours plus tôt, l'heure de gloire des TH a-t-elle enfin sonné ?), avec son refrain glapi avec un savoureux accent français ("pssaïcho killeure, qu'est-ce que c'est ?). Fun again ! 30 minutes de pur plaisir, avec même deux ou trois poussées d'hystérie générale qui laissent penser qu'on tient peut-être là un futur grand groupe...
Une courte demi-heure d'attente qui passe vite, malgré l'absence des copains, sur d'autres concerts ce soir (il faut dire que le simple passage des nombreux photographes qui essaient de s'insérer dans les 25 centimètres d'espace entre la barrière et la scène suffit à nous tenir occupés, Sophie et moi !), et The Wombats entrent en scène.
Petite surprise, je n'avais pas fait attention, mais il s'agit d'un trio - guitare-basse-batterie, les parties de claviers étant assurées sur des orgues et synthés miniatures alternativement par le guitariste et le bassiste (il faut dire que, depuis quelques décennies, je ne lis plus beaucoup les pochettes d'albums, honte à moi !). Le début du show souffre d'ailleurs de ce son nettement moins étoffé, puissant et violent que celui de Cage the Elephant avec ses deux guitares : d'où nous sommes placés, en face du bassiste, la guitare n'est clairement pas assez forte, ce qui est un peu dommage pour ce genre de punk pop énergique. Heureusement, cela s'améliorera progressivement au fil du concert, et les voix seront toujours parfaitement audibles, ce qui est quand même un must pour pouvoir profiter des mélodies enlevées du groupe. On constate aussi que Mathew Murphy, non seulement chante toujours comme Robert Smith, mais a visiblement entrepris de lui ressembler physiquement en prenant une trentaine de kilos depuis les dernières photos vues du groupe : l'alcool, coco, dont tu sembles faire grande consommation ("Where is the wine ?" restera l'une des questions les plus intéressantes posées par Mathew ce soir, tandis que que la plupart de ses commentaires seront relatifs à la manière dont ils étaient "shit-faced" de toute manière dans toutes les villes où ils sont passés lors de cette longue tournée), c'est pas bon pour la ligne !
Le batteur, Dan Haggis, tiendra une grande partie de la conversation avec le public, grâce à un français des plus acceptables - et c'est ma foi bien agréable, cette ouverture amicale du groupe avec son public, composé de fans absolus et extatiques connaissant toutes les paroles des chansons par cœur (déjà !) : auprès de nous, il y a d'ailleurs une mère avec ses trois enfants - le plus jeune ne paraît faire guère plus que 14 ans - qui a téléchargé les textes des chansons "pour qu'ils les sachent bien avant de venir"... Quant au bassiste, Tord Øverland-Knudsen, je dirai seulement que le hasard (et la nécessité) ont bien fait les choses en nous plaçant près de lui, tant il assure le spectacle avec une joie communicative, tout en assurant tout court ! Cette présentation rapide du groupe ne serait pas complète si je ne mentionnais pas Cherub, le phascolome (eh oui, le "Wombat" est un joli marsupial rondouillard d'Australie) chéri des fans qui s'inquiétaient d'ailleurs de ne pas le voir posé sur l'un des amplis : Mathew nous montrera son gros postérieur (pas le sien, celui de Cherub), brûlé par un spot alors que "Cherub" cuvait tranquillement son vin pendant un concert à Melbourne... les méfaits de l'alcool, toujours !
Pas de surprise par contre avec le set de ce soir, forcément court (1 heure pile) du fait du peu de matériel disponible, constamment ludique et gai (les chansons des Wombats, outre leurs paroles malignes, voire parfois carrément brillantes, sont clairement faites pour être hurlées en chœur). On regrettera que les passages de guitare véritablement "soniques", qui font par instant décoller l'album, ne seront pas là ce soir (la faute au son un peu insuffisant ?), même si entre les morceaux, le guitariste et le batteur se régalent en créant un chaos sonore de plus en plus long et pas forcément au goût de tout le monde - moi, bien entendu, vous vous en doutez, j'adore, et je trouve que cette habitude très "sonic-youthienne" de terminer les chansons dans le fracas et les larsens à vous péter les tympans rajoute une touche expérimentale bien venue pour un groupe fondamentalement très pop. On déplorera quand même un ou deux morceaux pas forcément bien interprétés ce soir : Little Miss Pipedream, déjà terriblement grossier sur l'album avec son riff-gimmick aux claviers, est totalement inintéressant sur scène, et Let's Dance to Joy Division souffrira d'un rythme légèrement accéléré qui le dépouille de son beat, nous privant par la même de l'un des bonheurs les plus attendus de la soirée. Magnifiques versions par contre de Kill the Director, I'm Moving to New York, et surtout Backfire at the Disco en rappel, qui verra - enfin - le groupe exploser, à la mesure de l'enthousiasme débridé des spectateurs... On sort de tout cela parfaitement réjouis à 22 h 00 pétantes, ce qui, malgré la pluie glacée et fine qui a fait son apparition, nous permettra pour une fois de ne pas être au lit trop tard ! »
Les musiciens de The Wombats sur scène :
Matthew Murphy : vocals, guitar and keyboards
Dan Haggis : drummer and b-vocalist
Tord Øverland-Knudsen : bass and additional vocalist
La setlist du concert de The Wombats :
School Uniforms (A Guide to Love, Loss and Desperation – 2007)
Lost in the Post (A Guide to Love, Loss and Desperation – 2007)
Party in a Forest (Where's Laura?) (A Guide to Love, Loss and Desperation – 2007)
Here Comes the Anxiety (A Guide to Love, Loss and Desperation – 2007)
Kill the Director (A Guide to Love, Loss and Desperation – 2007)
How to Pack Your Bags and Leave (new song)
Moving to New York (A Guide to Love, Loss and Desperation – 2007)
Patricia the Stripper (A Guide to Love, Loss and Desperation – 2007)
Little Miss Pipedream (A Guide to Love, Loss and Desperation – 2007)
Let's Dance to Joy Division (A Guide to Love, Loss and Desperation – 2007)
Encore:
My First Wedding (A Guide to Love, Loss and Desperation – 2007)
Backfire at the Disco (A Guide to Love, Loss and Desperation – 2007)