Gwar - Lundi 1er Juillet 1991 - Espace Ornano (Paris)
« La première partie se passe clairement sur la « planète rock 91 » : un jeune groupe de hardcore, à mi-chemin entre Red Hot Chili Peppers et Hüsker Dü fait du bruit à toute berzingue… C’est fou, c’est souvent enthousiasmant, et derrière le jusqu’au-boutisme se dessine un peu d’espoir. C’est drôle et vivement demain…
Gwar, par contre, c’est carrément ailleurs ; entre les fantasmes d’adolescents boutonneux (grosses bites et baston) et les délires d’une heroïc fantasy de carton-pâte. Derrière le Grand Guignol (masques et costumes, combats à la hache, décapitations et énucléations, éviscérations et autres massacres, assortis de copieux jets de « sang » sur les spectateurs), la musique, préhistorique et informe, totalement anodine, importe peu. Par chance pour Gwar, les foudres stupides la censure qui les a dans le collimateur, justifie par contre coup les excès les plus gratuits, C’est ainsi qu’on peut se délecter de voir Rambo / Captain America étripé après un combat épique, ou bien un prêtre fanatique dûment sodomisé (grandes giclées de « sperme » sur les premiers rangs), ou encore le spectre odieux du puritanisme (une vieille sorcière montée sur béquilles à ressorts) voir ses mamelles flétries arrachées (longues coulées de liquide blanchâtre)… C’est bien sûr drôle, et fatiguant à la longue (plus d’une heure !). Dommage que jamais, cette folie ne soit furieuse… que jamais la poésie, l’étrange, la peur n’aient leur place sur scène : hormis une belle danse avec des torches enflammées exécutée avec hargne et maestria par la seule femme de la troupe, rien de ce spectacle ne vient vraiment frapper l’imagination… Heureusement, à la fin, Gwar joueront quand même une « vraie » chanson (Sick Of You) et nous laisseront dans un doux vacarme, qui nous rappellera qu’il s’agissait ce soir accessoirement aussi de Rock… »