Elliott Murphy - Lundi 11 Mars 1991 - La Cigale (Paris)
« Elliott Murphy est le genre de personnage sur lequel on a envie d'écrire, sans doute parce que lui-même s’est beaucoup risqué à l'écriture rock, occasionnellement en dépit du bon sens, avec cette « vieille tendance new yorkaise » - voir Patti Smith - à la citation littéraire (Rimbaud, et toute cette sorte de choses...), mais souvent avec une étonnante réussite (on n’oubliera jamais sa sublime chronique du Velvet Underground !).
En 1991, Murphy habite à Paris, sur les traces de Miller et d'Hemingway, a retrouvé l'amour avec une française, et du même coup, l'inspiration (son dernier album, « 12 », est l'un de ses tous meilleurs, à mon avis...). Sur scène, entouré de Ernie Brooks, vieux complice de toujours – qui aura fait l’ouverture de la soirée -, et de quelques (encore) anonymes, Elliott reste égal à lui-même : suivant sa propre humeur, le spectateur / fan trouvera cela rassurant - la perpétration d'un certain talent, notable, dans le Rock - ou un peu étouffant - on tourne quand même désormais en rond...
Les plus beaux moments de cette soirée intime – devant un public fidèle et restreint, et dans une ambiance particulièrement détendue et amicale, comme à chaque fois d'ailleurs, seront Diamond By the Yards, joué comme jamais peut-être, au point de faire renaître l'émotion de la la découverte en 1975, On Elvis Presley's Birthday, évocation très juste d'images d'enfance, et le magnifique et élégiaque Let It Rain, sans doute l'une des meilleures conclusions possibles à un concert d’Elliott Murphy.
Ceci dit, et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, cette soirée avec Murphy ne restera pas dans mes annales comme la meilleure, sans doute parce que la limite de la générosité musicale et lyrique qu’on perçoit chez Elliott est qu'elle ne peut s’épanouir que si le spectateur a en lui les ressources émotionnelles nécessaires à ce que la catharsis s’accomplisse. Alors, ce soir, disons que je n’étais pas moi dans la meilleure forme... Rien à reprocher objectivement à Elliott, par contre... »