The Smiths - Mercredi 9 Mai 1984 - Eldorado (Paris)
« Depuis quelques mois, la rumeur est venue d’Angleterre : il y a un nouveau “Joy Division”! Enfin, pas pour la musique, mais pour « l’Esprit » (majuscule, please…). Les Smiths représentent donc une nouvelle « pureté » : contre le sexe ( !), contre les femmes ( !!) (des monstres, d’après Morrissey, le chanteur), contre le show biz, contre les synthés, contre la musique de danse… contre presque tout ce qui fait vendre le rock dans les années 80, en fait ! Pour une certaine idée de la musique – contestataire, proche du vécu quotidien de ses fans, engagée sinon politiquement, au moins « socialement » -, pour une nouvelle idée du rock indépendant anglais…
Ce premier concert en France d’un nouveau groupe culte, célébré par la presse anglaise, musicale et extra-musicale, a attiré tout le « gratin » parisien, de la télévision (envahissante) aux branchés de tous poils. Sur scène, The Smiths jouent eux aussi la carte de l’ironie grinçante et du mépris cinglant : des glaïeuls oui (offerts par des spectateurs à Morrissey – l’affiche du concert annonçait d’ailleurs que les spectateurs devaient venir avec des fleurs…), mais pour les enfiler dans le pantalons ou pour les piétiner. Morrissey, le chanteur flamboyant, aux mouvements amples et romantiques, aux postures provocantes et à la voix maniérée mais impressionnante, attire tous les regards : il est facile de le trouver détestable, mais il a indiscutablement quelque chose d’exceptionnel qui tranche sur le gros des chanteurs que j’ai déjà vus au cours de ma vie de fan ! Les chansons – que je ne connais pas bien, je viens juste d’acheter l’album – sont toutes rapides, assez succinctes, tournant autour de mélodies complexes avec des accents lyriques indiscutables – même si relativement contrôlés dans un cadre bien rock, donc. L’ambiance générale, vu du balcon où exceptionnellement je me trouve placé, me paraît assez agitée, voire houleuse, pas très sympathique en tous cas, même si The Smiths seront rappelés 3 fois, et rejoueront à la fin des morceaux déjà interprétés plus tôt, signe que leur répertoire est encore limité.
Le résultat : un set d’une petite heure, nerveux, avec cette guitare aux arpèges rapides et brillants, un chanteur qui risque de marquer son époque, mais au final une soirée peu agréable et donc … une rencontre manquée entre un groupe talentueux mais pas très sympathique dans son arrogance, et son vrai public… absent de cette soirée sold out. »
Les photos sont de Jean-Pierre V., merci à lui !
Les musiciens de The Smiths :
Morrissey – Vocals
Johnny Marr – Guitar
Andy Rourke - Bass Guitar
Mike Joyce - Drums.
La setlist du concert de The Smiths :
Hand In Glove
Heaven Knows I'm Miserable Now
Girl Afraid
This Charming Man
Barbarism Begins At Home
Pretty Girls Make Graves
This Night Has Opened My Eyes
Still Ill
You've Got Everything Now
Handsome Devil
Miserable Lie
Encore 1
These Things Take Time
What Difference Does It Make?
Encore 2
Barbarism Begins At Home (reprise)
Encore 3
Hand In Glove (reprise)