Certain General / Danielle Dax - Lundi 13 Janvier 1986 - Eldorado (Paris)
Il y a des soirs où l’on ne devrait pas aller en concert : pas le moral, pas de copains pour nous accompagner, une affiche certes intéressante, mais, avec deux premières parties, une soirée clairement trop longue quand on n’avait pas vraiment envie de sortir dans le froid du mois de janvier…
Je n’étais pas complètement transi devant le troisième album des New-Yorkais de Certain General, “November’s Heat”, qui bénéficiait toutefois d’une hype assez incroyable dans la presse française depuis le début de l’année précédente (et pas seulement la presse rock, puisque même Libé s’y était mis, lui consacrant sa Une et désignant l’album que le meilleur de 1984 !) : et que je te parlais de Faulkner, de Jarmusch, de groupe maudit, de magie noire, etc… Le genre de choses un peu ridicules, ou en tous cas pleines de clichés qui devaient faire bien rire Parker Dulanny et ses potes.
La soirée commence avec Tupelo Soul, des Rouennais qui font pas mal parler d’eux, et qui joue une sorte de cold wave dissonante dans la ligne de PIL ou de Wire : d’excellentes références et une belle agressivité sur scène font qu’ils ne sont pas du tout ridicules, comme c’est malheureusement parfois le cas de groupes de l’hexagone. C’est bien aussi qu’ils chantent en français, même si, comme souvent en France, le chant est le point faible du groupe.
Danielle Dax, avec son abondante perruque et son look hippie-punk, a l’avantage de constituer une première partie originale – même si l’on se demande un peu pourquoi l’Anglaise apparaît dans une « Nuit Noew Yorkaise » : des rythmes tribaux, des guitares agressives, un chant étrange qui rappelle par moment (peur sur la ville !) celui d’une Yoko Ono, bref on est dans l’expérimental, et même si certains morceaux ne manquent pas de puissance, je ne suis pas certain que je suivrai sa carrière dans le futur…
Le fait qu’aucun de mes nouveaux potes de concerts – en général réticents devant les groupes un peu trop à la mode - ne soit là avec moi ce soir à l’Eldorado (… il n’y aura donc pas de photos…) n’était pas bon signe… Autre souci indiquant que Certain General traverse une période chaotique, le départ de Phil Gammage, le guitariste original, remplacé par Sprague Hollander. De fait, assez rapidement, on se rend compte que Parker Dulany, régulièrement comparé par Libé à Jim Morrison, parait parfois un peu… absent : honnêtement, et je suis peut-être injuste, il pourrait bien être un peu « under the influence ». Pourtant, même si Dulany n’est sans doute pas ce soir au meilleur de sa forme, il est indiscutable que son style vocal, mais aussi la manière dont ses membres s’agitent dans une danse assez macabre – comme sur le titre de “November’s Heat” que je préfère, Maximum G - est fascinante.
Le groupe est quant à lui bien énergique comme on aime, avec un bassiste spectaculaire, mais la passion ne nous éclaboussera pas ce soir : la musique jouée sur scène ce soir manque de cette fameuse âme que les journalistes ont célébrée. Alors qu’il joue dans LE pays qui le porte aux nues, devant un public conquis dans une salle pleine, Certain General sonne presque comme R.E.M. et en tout cas, même pour ceux qui criaient il y a peu au futur groupe-culte, il a été impossible de retrouver la noirceur hantée de l’album.
Non, décidément, et même si ce fut au final un beau concert, ce n’était pas vraiment la « chaleur de novembre » attendue en ce début d’année 1986…
Les musiciens de Certain General sur scène :
Parker Dulany – vocals
Kevin Todley – drums
Spragie Hollander – guitar
Joe Lupo - bass
La setlist du concert de Certain General :
Maximum G (November’s Heat – 1985)
Susie's Waiting
Will You? (These Are the Days – 1985)
The Killer In Our House
In A Bad Way (These Are the Days – 1985)
The Desperate Hour
Voodoo Taxi (November’s Heat – 1985)
Lovelife (These Are the Days – 1985)
Young For the Sun
Uptight
Note : la photo accompagnant cet article m'a été gentiment (et récemment) envoyée par Parker Dulany lui-même en réaction à un souvenir de cette soirée que j'avais posté sur Facebook. Qu'il en soit remercié.