The Clash - Vendredi 25 Septembre 1981 – Théâtre Mogador, Paris
En ces riches années 80, The Clash tient envers et contre tout le haut du pavé, parce qu’il a évolué vers un métissage absolu de son rock (reggae, gospel, rap…) et un avant-gardisme étonnant, sans perdre de l’énergie originelle du punk rock… Tout un programme… même si le dernier album, triple et complexe, Sandinista, nous a un peu décontenancés et déçus après la perfection punk-rock que le groupe avait atteinte avec « London Calling ». On a tous tendance à penser qu’il y a dans Sandinista un grand album simple potentiel, caché derrière de longues minutes de dub, voire de n’importe quoi (faire chanter des enfants, bon, c’est drôle une minute…). Mais c’est aussi pour ça que The Clash est un groupe inimitable, différent de tous les autres, engagé et enragé.
Cela fait quatre ans, à quelques jours près, que j’ai vu Strummer & Co pour la première fois sur scène, lors d’un concert au Bataclan qui a été pour moi l’un des moments fondateurs de ma passion pour le rock’n’roll, et le punk en particulier. Quatre ans plus tard, ce n’est plus un garage band, mais un groupe à son apogée artistique que les Parisiens vont voir, au cours d’une semaine non-stop au Théâtre Mogador : un lieu quand même bizarre pour un concert de rock, non ? C’est que, puristes comme toujours, Strummer & Co préfèrent offrir à leur public la possibilité de les voir dans une salle à taille humaine… Les sept soirées sont d’ailleurs sold out, et même sans doute plus que ça, vu l’accumulation inhabituelle de spectateurs dans un théâtre littéralement bondé !
Après une première partie des plus anecdotique (Wah...), puis une seconde première partie déjà plus réjouissante avec The Beat, nous avons droit à un entracte avec les élucubrations graphiques mais sympathiques de Futura 2000 qui tague à tout va sur des panneaux disposés à cet effet sur la scène (Il continuera d’ailleurs à le faire pendant que The Clash jouent, et viendra aussi « toaster » sur un morceau – pénible – qu’on lui laissera !).
Le concert de The Clash commence – enfin ! - avec Strummer couché sur le dos, psalmodiant la déchéance scorsesienne du boxeur vieilli de Broadway, sans doute pour prouver que son propos était L’EMOTION… The Harder They Fall ! C’est une introduction étonnante, mais après ça, on va passer clairement aux choses sérieuses. Et même si la basse de Paul Simonon est l’instrument-roi du moment, nous allons avoir notre content de guitares aussi, puisque la set list n’est quand même pas seulement composée d’extraits de Sandinista, mais nous offre quelques flashbacks sur les trois albums précédents.
Nous pourrons aussi avoir un avant-goût de nouveaux morceaux, à paraître sur le prochain opus du groupe, apparemment, qui paraissent largement dans la lignée de Sandinista, avec des paroles rappées, mais plus hargneux. A noter aussi que Mick Jones, dont la rumeur court qu’il n’est plus en très bons termes avec Joe Strummer, nous a paru en fait particulièrement rayonnant et tranchant ce soir !
A noter un public que j’ai trouvé beaucoup moins bêtement agressif qu’autrefois, moins punk sans doute, qui a surtout manifesté sa ferveur et son amour du groupe, ce qui a clairement contribué au succès de la soirée.
Après coup, en lisant les chroniques des autres concerts de la semaine, je découvrirai qu’il y aura et des hauts et des bas… mais le Clash est un groupe prêt à tout risquer, et c’est pour cela qu’on l’aime tous un peu plus que les autres « grands ». Jamais la technique, jamais le professionnalisme, toujours la foi, la conviction en première ligne. Un groupe exposé.
Les musiciens de The Clash :
Joe Strummer (guitares et voix)
Mick Jones (guitare et voix)
Paul Simonon (basse et voix)
Topper Headon (batterie)
+ Futura 2000 (tags, voix)
Note : Les photos du concert sont de mon ami Philippe M, que je remercie vivement pour m'avoir autorisé à les utiliser !