We Hate You Please Die / COSSE - Vendredi 23 Juillet 2021 - l'Empreinte (Savigny-le-Temple)
C’est mon premier concert à l'Empreinte, à Savigny-le-Temple, dans la lointaine banlieue sud, pas très facile à atteindre un vendredi soir. Je découvre avec un peu de surprise ce lieu paradoxal, situé à une centaine de mètres de la gare de RER et d'un centre-ville très actif, et qui dispose pourtant d'une pelouse donnant sur un étang très bucolique, où s’ébattent deux ragondins ! L’Empreinte a surtout deux salles, mais seule la petite est ouverte, pandémie oblige. La soirée début de manière on ne peut plus sympathique, par une petite conversation avec les membres de We Hate You Please Die que j'ai maintenant le plaisir de connaître, et puis aussi avec les copains de concerts qui ont eu aussi fait le voyage jusqu’ici… Un peu de souci par contre du fait du passe sanitaire qui vient d'être mis en place, et qui risque de priver les groupes d'une bonne partie de leur public non vacciné.
19h50 : La soirée commence très bien avec COSSE, groupe parisien catalogué « Postrocknoise » (le genre d’étiquette improbable qu’on invente pour servir un groupe, non ?), et qui bénéficie de la présence en son sein de Lola Frichet, la charismatique et efficace bassiste de Pogo Car Crash Control. Bon, c’est le moment du petit cocorico, mais Lola a été élue l’année dernière par un magazine américain « meilleure bassiste-riffeuse », ce qui est quand même ultra cool : sa superbe prestation scénique ce soir montre que cette médaille n’est pas volée ! Mais revenons à Cosse : oui, c’est bien du postrock, de la musique abstraite, plutôt déstructurée et dissonante, et c’est bien noise aussi, quand le groupe se met de temps à temps à jouer avec une cohésion totale et une brutalité radicale. Si au départ la voix de Nils paraît un peu fragile, cette fausse impression est vite corrigée par l’intensité émotionnelle de son chant, saisissante sur certains morceaux. La musique de Cosse est ambitieuse, forcément un peu difficile dans son refus des mélodies et des structures pop classiques, et le plaisir vient de la découverte de ce labyrinthe en expansion constante, mais aussi de ces pics de violence. Quarante minutes qui prouvent qu’on a encore à faire à des jeunes gens d’avenir !
21h00 : Raphaël est un peu inquiet de la chaleur qui règne dans la salle, malgré les grandes baies vitrées latérales ouvertes sur l’étang, et il souffrira beaucoup pour tenir le coup durant les 55 minutes du set – une chanson en moins par rapport à leur prestation sur la Terrasse du Trabendo il y a deux semaines, et une inversion de titres dans la setlist, on y reviendra… Mais We Hate You Please Die, même face à un public réduit, c’est avant tout le plaisir de jouer et la générosité, et ils vont encore le prouver magistralement ce soir.
Avec pas mal d’amis et de fidèles dans la salle, ce qui sera suffisant pour créer un mini-mosh pit dans lequel Raphaël descendra, à son habitude, notre quatuor rouennais préféré se concentre sur l’interprétation des titres de leur nouvel album, qui leur tient très à cœur. Le son est bon, même si malheureusement la voix de Raphaël est un peu moins audible qu’à l’habitude depuis le premier rang – mais bon, ses fantastiques hurlements restent saisissants !
Les titres plus punks ont un peu moins d’impact sans la furie d’un vaste public déchaîné pour les relayer, mais on peut mieux écouter dans cette atmosphère intime les morceaux plus complexes, et apprécier la qualité des nouvelles compositions. Vanishing Patience reste du point de vue mélodique le point fort de l’album, tandis que Can’t Wait to Be Fine est un vrai pic émotionnel. Le fait d’avoir remis We Hate You Please Die à la fin du set est sans doute une bonne décision : en ces temps de rage plus ou moins contenue, il offre la conclusion la plus pertinente à ce qui, une fois de plus, est un grand set passionné et passionnant.
Et voilà, c’est fini, il est temps de quitter ce cocon si accueillant de la musique live au milieu de l’univers hostile de 2021. Bon courage et bonne route à We Hate You Please Die pour leur tournée, et au revoir aux amis, copains et simples connaissances qui sont venus comme moi prendre des forces ce soir à l’Empreinte !
Les musiciens de COSSE sur scène :
Lola Frichet - Basse
Tim Garson - Batterie
Nils Bö – Guitare, Chant
Felipe Sierra - Guitare
La setlist du concert de COSSE :
Crazy Horse
Facilities
Sun, Forget Me ! (Nothing Belongs to Anything EP – 2020)
Evening
Tangerine
Sinner God
It Turns Pale
The Ground
Slow Drivers
La setlist du concert de We Hate You Please Die :
Exhausted + ADHD (Can’t Wait to Be Fine – 2021)
Paula (Can’t Wait to Be Fine – 2021)
Barney (Can’t Wait to Be Fine – 2021)
Vanishing Patience (Can’t Wait to Be Fine – 2021)
Epiphany (Can’t Wait to Be Fine – 2021)
Luggage (Can’t Wait to Be Fine – 2021)
Terminal (Can’t Wait to Be Fine – 2021)
Melancholic Rain (Kids Are Lo-Fi – 2018)
Minimal Function (Kids Are Lo-Fi – 2018)
Bad Girls (M.I.A. cover)
Can't Wait To Be Fine (Can’t Wait to Be Fine – 2021)
Coca Collapse (Waiting Room EP – 2020)
DSM-VI (Can’t Wait to Be Fine – 2021)
We Hate You Please Die (Kids Are Lo-Fi – 2018)
Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net