Bandit Bandit / Cheap Teen - Jeudi 20 Août 2020 - Soirée Take Me (A)oût (Supersonic) - Terrasse du Trabendo
Voilà cette soirée a un goût prononcé de rentrée musicale. Le mois d’août touche à sa fin, le ciel menaçant annonce septembre, les amis sont rentrés de vacances. Et le “festival” Take Me (A)oût, qui a enchanté notre mois en ces temps de dépression pandémique, accueille l’un des groupes qui font le plus parler d’eux en ce moment, Bandit Bandit ! Il flotte sur la Terrasse du Trabendo une atmosphère d’excitation qui nous rappelle ce bonheur de voir jouer des groupes live, bonheur dont nous sommes largement privés – au-delà d’initiatives individuelles qu’il convient de saluer et de célébrer à leur juste valeur – depuis le mois de mars. L’équipe du Supersonic communique plus sérieusement sur l’obligation du port du masque, mais, même si l’on note de nets progrès par rapport aux premières soirées, il reste encore trop de spectateurs indisciplinés : c’est déplorable, car cela mine potentiellement les efforts de gens aussi dévoués et créatifs que ceux qui nous offrent ces formidables soirées Rock !
19h30 : On n’attendait pas forcément beaucoup de Cheap Teen, combo punk de Maisons-Alfort qui revendique un héritage un peu “bas du front” dans le registre rébellion adolescente… et qui va nous prouver en quarante-cinq minutes stimulantes qu’ils valent beaucoup mieux que ça. Lorsque l’on a écouté leur premier EP, “Dumb Kids Try To Make Punk Music”, on n’a pas été convaincus plus que ça par ce punk rock “by the book”, revendicatif comme il faut, mais pas très stimulant. Et voilà que, dès le premier morceau, Fake Flower, on reçoit en pleine face une musique intelligence, alternant breaks, passages speedés comme il faut (bien entendu…), hooks mélodiques, etc. C’est malin, c’est original, ça sait rester excitant et peut devenir bourrin pendant une paire de minutes. Le chanteur a une belle présence scénique, sait entrer en transe régulièrement – et une corde cassée durant le set ! -, et on apprécie particulièrement le jeu original, régulièrement grinçant et déconstruit du guitariste.
Bref, Cheap Teen a formidablement progressé, et est devenu un groupe très prometteur. S’il fallait formuler de légers reproches à ces jeunes gens – qui nous en voudront sans doute un peu, du coup ! -, un chouïa trop de blabla (certes sympathique…) entre les chansons, qui gagneraient à être enchaînées pour faire mieux monter la tension, et surtout, un final en dessous du reste du set, lorsque le chanteur lâche sa guitare pour se concentrer sur son chant : on voit bien qu’il s’amuse derrière son micro, mais le son du groupe perd de la belle puissance que lui conféraient les deux guitares posées sur la section rythmique solide. En tous cas, tout le monde dans le public a apprécié le set, et on attend avec impatience un premier album de Cheap Teen !
20h30 : Bandit Bandit, c’est un (autre) groupe phare de la très dynamique scène Rock française actuelle. Autour du couple (à la ville comme sur la scène) formé par les charismatiques Maëva et Hugo, Bandit Bandit est un quatuor redoutablement puissant, mêlant rock très heavy (leurs références sont QOTSA ou Black Rebel Motorcycle Club) et tradition pop bien française : on pense finalement plus devant la belle histoire d’amour que Maëva et Hugo nous jouent sur scène, à Gainsbourg-Birkin qu’à The Kills, une référence évidente mais pas si pertinente que ça.
Comme au Trianon en première partie de Last Train en novembre dernier (ça paraît une autre époque…), le set démarre par le formidable, l’irrésistible Néant, qui emballe immédiatement le public du Trabendo, et se terminera, quarante-cinq minutes plus tard, par le déluge sonique jouissif de Tachycardie. La setlist est la même que celle du Trianon, avec l’ajout de deux nouvelles chansons en français, La Marée et Désorganisé, qui confirment l’aisance croissante du groupe dans le maniement de notre langue.
Le quatuor est formidablement spectaculaire sur scène, toujours en mouvement, portant la plupart des chansons à l’incandescence. Maëva est complètement déchaînée ce soir, nous offrant une performance scénique totale, mais qui reste toujours du côté de l’élégance, sans tomber dans la provocation sexy facile. Ses duos avec Hugo autour d’un seul micro sont joliment sensuels, imprégnés d’une sorte de sauvagerie animale superbe. Bref, avec un son - comme toujours sur la Terrasse du Trabendo – impeccable, il n’y a guère que le manque – lui aussi habituel – de lumières qui tempère – un tout petit peu - notre enthousiasme.
Une très, très belle soirée, infiniment Rock, qui aura encore aiguisé notre faim de concerts, en cette période de disette. Oui, nous le répétons à chaque fois, mais bravo et merci aux équipes du Supersonic et du Trabendo pour nous offrir de tels cadeaux !
La setlist du concert de Cheap Teen :
Fake Flowers
Useless
Bad Mood
Fuck Your Way
Down
New Generation
Dida
Follow Me
Cheap Teen
Four Boys
Right Now
I Think I’m Dead (Dumb Kids Try To Make Punk Music EP – 2019)
Les musiciens de Bandit Bandit sur scène :
Ari Moitier – basse
Anthony Avril – batterie
Hugo Herleman – guitare, voix
Maëva Nicolas - chant
La setlist du concert de Bandit Bandit :
Néant
Dimension
Fever (Bandit Bandit EP – 2019)
Siamese Love
Maux (Bandit Bandit EP – 2019)
Pixel (Bandit Bandit EP – 2019)
La Marée
Désorganisé
Nyctalope (Bandit Bandit EP – 2019)
Encore :
Tachycardie
Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net