The Mystery Lights - Lundi 6 Février 2017 - Maroquinerie (Paris)
« Voilà le genre de surprise que j’aime bien : un coup de fil de l’ami Philippe, qui a des places sur les bras pour le concert de The Mystery Lights le soir-même à la Maro, une vérification rapide sur le Net (… oui, il s’agit bien du groupe de garage psyché dont j’ai vaguement entendu parler, et plutôt en bien quant à ses prestations live…), et me voilà embarqué pour une soirée impromptue qui s’avère très prometteuse.
Mis à part quelques vieux grognards habitués des concerts garage – un style musical qui ne recrute pas forcément parmi les jeunes en France, malheureusement -, il n’y a personne à 19h30 à l’ouverture des portes de la Maro, donc pas de problème pour me placer au premier rang, sur la droite pour éviter la zone centrale qui devrait logiquement être agitée ce soir. Philippe et son épouse me rejoignent quelques minutes plus tard, on est prêts, le show peut commencer…
… mais il commencera d’une drôle de façon, à 20h10, avec un hurluberlu chevelu et barbu qui se présente – en français - comme Ryder The Eagle (ce n’est qu’après le set que je découvrirai qu’il faisait partie des Dodoz / Las Aves), et qui est accompagné par un trio assez efficace. Le problème, car problème il y a, ce sont les… euh… chansons de l’ami Ryder, qui ressemblent plus à de la variété informe qu’à du Rock, sans même mentionner les paroles – en anglais -, qui semblent atteindre des sommets de ridicule (le genre : « c’est chouette, je vais mourir sur ma moto ! »). L’autre truc, c’est que notre showman sans vergogne se met régulièrement à s’énerver tout seul et à brailler ses refrains de manière pas trop harmonieuse. Tout cela serait seulement banalement mauvais, s’il n’y avait çà et là des moments de très belle intensité bruitiste et furieuse, parfaitement décalés par rapport au style musical. Bref, voici un jeune homme qui devrait s’en tenir à jouer de la guitare – ce qu’il fait très bien – plutôt que de nous embarrasser avec ses compositions et sa voix. A 20h40, l’aigle retourne dans son nid, laissant ses musiciens démonter le matériel sans lui : aurait-il déjà la grosse tête ?
Ce sont les petits gars de The Mystery Lights qui installent eux-mêmes leur matos, par contre : bon esprit garage, sympa et tout. 21h10 : on commence par deux instrumentaux, dans la bonne tradition du genre, avec les deux guitares qui carillonnent, avec l’écho qui va bien, et tout… dans la tradition Nuggets / Surf Rock / Psyché Fuzz. On n’est pas dépaysés, mais on est venus pour ça. Le chanteur guitariste, au look de chat de gouttière ébouriffé et tout efflanqué, est passablement surexcité, il saute en l’air un peu comme l’ami Townshend à la grande époque des Who (tiens, je me dis que ça fait longtemps que je n’ai pas vu un guitariste faire ça). Puis ils attaquent Follow Me Home, le single extrait de leur dernier album, et je constate que : 1) il a même une voix aigüe et éraillée de chat de gouttière, 2) comme parfois à la Maroquinerie, le chant est peu audible quand on est placé juste devant la scène. Zut, en plus, nous sommes devant le bassiste, et le son de la basse a tendance à cacher un peu les deux guitares qui sont sur le gauche. Dommage, on ne va pas assister au set de manière optimale. Quant aux photos, inutile de rêver, mon Lumix n’a pas le calibre suffisant pour immortaliser des musiciens qui sautent dans tous les sens dans une quasi obscurité !
Après avoir interprété une bonne partie de leur dernier album, le groupe attaque un ensemble de nouveaux morceaux et ce qui semble être d’anciennes chansons pas forcément connues du public, ce qui fait que la frénésie qui commençait à monter se calme : je dois m’avouer que, tous les morceaux semblant relativement similaires, le set ronronne un peu, même si le spectacle du groupe est toujours des plus plaisants. Les Mystery Lights auraient-ils usurpé leur réputation d’excellence sur scène ?
Non, ce n’était qu’un petit passage à vide : Amy, puis Candlelight, visiblement apprécié du public, relancent la machine, et le concert monte très fort en intensité. Ça commence à cartonner dur, les amis, et le mosh pit se forme enfin au centre de la Maro, ça headbangue sévère, ça pogote, et ça dresse ses petits bras en l’air, bref c’est la grande communion du rock’n’roll. La fin du set, et surtout le rappel sidérant, seront irrésistibles, les musiciens jouant complètement à fond, sur un rythme qui s’accélère (quelques accents rockabilly sur un titre…). C’est enfin le grand frisson dans la nuque, c’est l’orgasme partagé dans l’hystérie avec la quelque centaine de fans conquis ce soir à la Maro. Et ça fait du bien ! Ça fait au moins oublier et Trump et Fillon pendant quelques minutes. Je ramasse la mini setlist qui était devant moi, et je regarde ma montre : ils ont joué 1h15, pas trop mal pour un groupe qui n’en est qu’à ses débuts. Philippe et moi comparons nos impressions de cette soirée énergique : bonne pioche !
Si le garage rock n’est pas le genre musical le plus original ni le plus moderne qui soit, au moins il est synonyme de bons plaisirs simples et roboratifs, quand il est asséné par des musiciens aussi compétents et aussi enthousiastes que les Mystery Lights ! Tiens au fait, quand est-ce que les Fleshtones passent par Paris ? Et les Black Lips ? »
La setlist du concert de The Mystery Lights :
Jam
Intro (The Mystery Lights – 2016)
Follow Me Home (The Mystery Lights – 2016)
Too Many Girls (The Mystery Lights – 2016)
Too Tough To Bare (The Mystery Lights – 2016)
Melt (The Mystery Lights – 2016)
Without Me (The Mystery Lights – 2016)
Hey Joe (The Leaves cover)
Darkness
Can't Make It
Guitar Pickin' On You (At Home with the Mystery Lights – 2016)
Amy
Candlelight (The Mystery Lights – 2016)
Before My Own
Wee-Woo
Encore:
Mississippi Line (Booze cover)
Lookin At You (MC5 cover)
Dead Moon Night (Dead Moon cover)
Cette chronique a été partiellement publiée à l'époque sur le blog www.manitasdeplata.net