Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
5 mars 2017

Courtney Barnett - Samedi 5 Décembre 2015 - Gaîté Lyrique (Paris)

2015 12 05 Courtney Barnett Gaîté Lyrique Billet« La petite Courtney Barnett jouit en ce moment d'une enviable réputation de jeune espoir du rock, et son album "Sometimes I Sit and Think…" a en effet bien belle allure, plein d'énergie brouillonne, de mots acides et d'électricité bagarreuse. Son passage à la Gaîté Lyrique est donc une formidable manière de clore cette année 2015 de concerts, une année qui avait bien commencé, plutôt cool en fait, et qui restera évidemment marquée à jamais par l'horreur de l’attentat au Bataclan. Dans la queue, le 13 novembre reste de fait très prégnant, les rescapés du concert de Eagles of Death Metal qui sont présents ce soir partageant entre eux leur combat quotidien contre les traumas... alors que nous, qui avons eu la chance de ne pas y être, ne pouvons guère dire grand-chose pour les aider…

2015 12 05 Big Scary Gaîté Lyrique (17)Philippe et moi nous plaçons tranquillement au premier rang sur la droite de la scène, un peu surpris par l’espace laissé par les premiers entrants qui se sont massés sur la gauche. Il y a fort à parier que les connaisseurs – ceux qui ont déjà vu notre Australienne – savent qu’elle joue sur la gauche, mais tant pis. L’attente commence, un peu plus longue que prévue, la première partie n’attaquant ce soir qu’aux alentours de 20 h 25… On a tout le temps de deviser en observant le public, curieusement mature – on oscille entre les 40 et 50 ans -, par rapport au jeune âge de Courtney : la jeunesse – mâle surtout – délaisse de plus en plus visiblement le rock… en faveur du rap ou de l’électro. Est-ce que ça nous laisse présager un avenir de « musique morte », façon jazz ? Dieu sait pourtant que les deux groupes australiens de ce soir vont jouer de la musique vivante !

On commence donc avec Big Scary, un duo (originaire de Melbourne) à la renommée grandissante, constitué de Joanna Syme derrière les fûts et de Tom Iansek aux claviers (et à la guitare sur les derniers morceaux…), duo augmenté ce soir d’un bassiste-saxophoniste barbu, et renforcé sur une paire de morceaux par le batteur de Courtney Barnett qui viendra… tenir la basse ! Mais cela importe peu par rapport à la qualité de cette musique, originale – on passe d’un rock swinguant et intello façon The Shins à une improbable disco progressive (hein ?) - portée par de belles parties vocales, et régulièrement surprenante, voire même à l’occasion presque irrésistible quand l’efficacité des rythmes se conjugue à celle des mélodies. 35 minutes très réussies, une vraie petite découverte, et un modèle de ce qu’une première partie devrait être : stimulante, accrocheuse, ravissante.

2015 12 05 Courtney Barnett Gaîté Lyrique (6)A 28 ans, Courtney Barnett en paraît presque dix de moins, tant son attitude post-grunge et complètement slacker semble refléter les affres d’une adolescence difficile. Evidemment, quand on écoute les textes remarquables de ses chansons, on se doute bien que la demoiselle a de la maturité, mais ce soir sur la scène de la Gaîté Lyrique, au sein d’un power trio efficace comme on n’en voit plus assez, Courtney est le prototype de la toute jeune femme enfermée dans sa musique, qu’elle vit avec intensité et non sans un certain autisme. Même si cette musique part dans une direction différente – plus classique, plus inspirée peut-être par un Lou Reed, voire une Patti Smith –, même si les vocaux témoignent plus d’une morgue provocatrice que d’un désespoir extrême, la comparaison avec Kurt Cobain et son Nirvana vient automatiquement à l’esprit.

Le principe d’un concert de Courtney Barnett, on s’en rend rapidement compte, c’est que la guitariste gauchère ménage à la fin de ses chansons, interprétées de manière assez fidèle aux versions de l’album – un album enregistré de manière très crue, il est vrai – un espace « instrumental » permettant au trio de monter en puissance, en tension, et d’essayer donc de déchaîner cette hystérie qui est, ma foi, le signe de tout bon concert de ROCK. Dead Fox, dont les paroles malignes passent évidemment au second plan dans ce contexte, sera la première, et peut-être la meilleure, expression de ce talent qu’a Courtney pour mettre le feu à une salle aussi calme qu’une Gaîté Lyrique remplie de Parisiens établis et d’âge moyen ! Pendant quelques instants, je me dis que, oui, Courtney Barnett est bien le talent hors du commun que nous attendions pour redonner un peu de vie à notre Rock vieillissant ! Et ceci, sans rien renouveler, soyons bien clair : qui attend de la nouveauté n’a rien à faire ici ce soir (d’ailleurs Courtney porte un t-shirt INXS, c’est dire qu’elle n’est pas ici pour faire la révolution !). On se contentera de l’énergie, et ce n’est pas si mal…

2015 12 05 Courtney Barnett Gaîté Lyrique (30)Si la guitare agressive de Dan Luscombe, le producteur de "Sometimes I Sit and Think…", nous manque un peu ci et là, il n’y a rien à redire au boulot de la section rythmique, qui porte parfaitement les compositions simples, un peu répétitives de Courtney. Mieux, alors que je m’attendais à un set assez court, ce qui est habituel de la part d’une artiste n’ayant qu’un seul LP au compteur, elle nous régalera, pour ce qui était semble-t-il le dernier concert de sa tournée, d’un set de près d’une heure et quart, qui se terminera, logiquement, par le morceau le plus brillant (et le plus agressif) de l’album, Pedestrian At Best, parfait pour le head banging, en gueulant avec elle son irrésistible refrain : "Put me on a pedestal and I'll only disappoint / You tell me I'm exceptional and I promise to exploit you / Give me all your money and I'll make some origami honey / I think you're a joke but I don't find you very funny…”

Pour le rappel, les musiciens de Big Scary reviennent et tout ce joli monde nous interprète une version roborative du Know Your Product de nos chers Saints, une belle référence qui montre que Courtney a bon goût (… bon, un t-shirt des Saints aurait aussi été apprécié, au lieu de INXS). Le concert se clôt sur un dernier morceau un peu grunge, et nous sortons tous contents.

Ce soir, le rock’n’roll n’a pas sauvé le monde, ni même Paris, ni même le moral des Parisiens, mais s’est au moins avéré rester une cause valide. Vivement 2016 ! »

 

Les musiciens de Courtney Barnett sur scène :

Courtney Barnett – vocals, guitar

Andrew "Bones" Sloane – bass, backing vocals

Dave Mudie – drums, backing vocals

 

La setlist du concert de Courtney Barnett :

Elevator Operator (Sometimes I Sit and Think… - 2015)

Avant Gardener (How to Carve a Carrot into a Rose EP – 2013)

Dead Fox (Sometimes I Sit and Think… - 2015)

Small Poppies (Sometimes I Sit and Think… - 2015)

Out of the Woodwork (The Double EP: A Sea of Split Peas -2014)

An Illustration of Loneliness (Sleepless in New York) (Sometimes I Sit and Think… - 2015)

Lance Jr (I've Got a Friend Called Emily Ferris EP – 2011)

Depreston (Sometimes I Sit and Think… - 2015)

Canned Tomatoes (Whole) (I've Got a Friend Called Emily Ferris EP – 2011)

Boxing Day Blues (Revisited) (Sometimes I Sit and Think… - 2015)

Are You Looking After Yourself? (The Double EP: A Sea of Split Peas -2014)

Debbie Downer (Sometimes I Sit and Think… - 2015)

Kim's Caravan (Sometimes I Sit and Think… - 2015)

Nobody Really Cares If You Don't Go to the Party (Sometimes I Sit and Think… - 2015)

Pedestrian at Best (Sometimes I Sit and Think… - 2015)

Encore:

Know Your Product (The Saints cover)

History Eraser (How to Carve a Carrot into a Rose EP – 2013)

Compte-rendu déjà partiellement publié sur mon blog manitasdeplata.net

Commentaires
Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
  • Depuis que j'ai 15 ans, ce qui nous fait un bail, je fréquente les salles de concert de par le monde, au gré de mon lieu de résidence. Il était temps de capturer quelque part tous ces grands et petits moments d'émotion, de rage, de déception, de plaisir...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog