The Vaccines - Samedi 18 Mai 2013 - Grand Metropole (São Paulo)
« Les Vaccines, je n’avais pas trop compris l’engouement suscité – en Angleterre principalement – par ce groupe qui recyclait sans trop d’originalité les principes du punk rock US (Ramones forever) et britton en les assaisonnant de (très) diverses manières, du rockabily des origines à la cold wave. Mais leur passage inopiné par São Paulo a tenté mon collègue et ami Julio, qui m’a proposé de l’accompagné. Pourquoi pas, d’autant que le second album des Vaccines, acheté pour l’occasion, s’est révélé bien meilleur que le premier !
Arriver à la salle Grand Metrópole, dans le centre historique (ce qui signifie ici décrépi et dangereux) de São Paulo n’est pas facile ce soir, car la Ville entame un marathon culturel et les avenues sont bloquées par tout un tas de stands et de spectacles de rue. Malgré le froid de l’automne, il y a un monde fou dans la rue, et le taxi a un peu de difficultés à se frayer un chemin. Bon, vingt minutes avant l’ouverture des portes – prévue pour 21 heures -, nous voici quand même à faire la queue avec plusieurs centaines de jeunes portant panoplies « post punk » à l’intérieur d’un centre commercial ne payant pas de mine. Nous découvrons qu’il y a des gens qui font la queue depuis 15 h, et je ne suis pas très optimiste quand à la possibilité d’arriver au premier rang. J’ai pourtant tort, car mis à part une centaine de vaillants spectateurs qui s’entassent devant la scène, au milieu, nous n’aurons aucune difficulté à nous placer sur la gauche, devant la sono, mais avec une bonne vue. Il nous reste une bonne heure d’attente pour détailler la salle, qui s’avère toute neuve, particulièrement impressionnante de luxe et de design, une salle presque parfaite pour des concerts de taille moyenne (à vue de nez, 2000 à 3000 personnes peuvent s’y loger), si ce n’est la hauteur de la scène, exagérée – comme au Cine Joia : il est clair qu’ici on pense à la visibilité pour ceux qui ne sont pas au premier rang, au détriment de la proximité de l’artiste avec son public. D’ailleurs, la scène est en outre séparée du public par un large couloir où officie le service d’ordre – bien inutile, à mon avis – comme pour un « grand festival »... Curieux...
22 heures pile, la première partie débute, une nouvelle fois un groupe local sélectionné par le public, mais cette fois, c'est une excellente surprise... Inky est un quatuor jouant une musique originale, captivante, faite de synthés grinçants et de voix acides posés sur une basse groovy, voire même jazzy. Comme le son est plutôt bon, et assez fort - encore un bon point pour le Grand Metrópole -, l'effet résultant de cette équation osée impressionne. Le bassiste et apparent leader du groupe dégage un vrai charisme et bouge bien, je serais par contre plus réservé quant à la chanteuse / claviériste, certes jolie, mais dont la voix limitée constitue à mon avis la grande faiblesse du groupe. Avec les morceaux, quand même un peu répétitifs au bout du compte, d'autant qu'au fil du set de 35 minutes, la tonalité évolue vers une électro certes agressive, mais moins originale. Bonne entrée en matière, de toute façon. Un point très critiquable cependant, à mettre sur le compte de l'amateurisme probable de la salle en termes de concerts, les lumières posées au bord de la scène et régulièrement braquées sur le public, nous aveuglant complètement pendant de longues minutes...
C'est avec quinze minutes de retard sur l'horaire prévu (23 heures) que The Vaccines montent sur scène. Au premier coup d'oeil, le look du groupe est à l'image de leur musique de bric et de broc : Justin Young arbore désormais un look grunge US du plus bel effet (euh...?), en ligne avec les longs cheveux blonds du bassiste, tandis que le second pilier du groupe, Freddie Cowan, est plutôt dans la ligne esthétique du punk commando façon The Clash, typiquement anglaise. C'est avec No Hope que les Vaccines ouvrent leur set, comme sur le second album, et il est d'emblée clair que nous sommes partis pour une soirée de pur rock'n'roll : un hymne brutal au pessimisme, comme à la "grande époque" du punk "no future", des musiciens qui frappent fort et maîtrisent désormais la scène comme peu de jeunes groupes savent le faire, un public étonnamment à l'unisson qui chante TOUTES les paroles (est-on au Brésil, pays où il est tellement difficile de trouver des professionnels qui parlent anglais ? Visiblement, la nouvelle génération est celle du changement !), Julio et moi sentons déjà la claque qui se profile. Wreckin Bar (Ra Ra Ra), le spectre des Ramones et de la pop spectorienne est agité avec fureur par les Vaccines, le public hurle, putain de rock'n'roll show, tonight ! Ghost Town, ma chanson préférée, qui évoque logiquement les Specials, sans pour autant en devenir une simple copie, grâce à une mélodie imparable : en trois titres, les Vaccines ont ridiculisé mes réserves un peu "snobs" : non, ils n'inventent tien, oui, ils font feu de tout bois (pop), mais les chansons écrites par Young et Cowan tiennent parfaitement la route, et sont des monstres faits pour être libérés sur scène devant un public aux anges. C'est Wet Suit qui me prouve ensuite l'inutilité d'une quelconque résistance : alors qu'en studio, la chanson a quelque chose de laborieux, avec ses paroles un peu bizarres (une caractéristique des chansons des Vaccines, d'ailleurs, ces textes pas stupides, pas primaires, non, mais pas vraiment justes non plus...) et son refrain pâteux, elle semble prendre tout son sens quand elle est chantée par un millier de gorges serrées.
Les Vaccines vont alors jouer la quasi intégralité de leurs deux albums, plus leurs deux singles, et un nouveau morceau (Melody Calling), qui n'annonce aucune chute de créativité, et la courte heure du set ne montrera aucune baisse de régime - étonnamment -, témoignage de l'implacable machine de scène que sont devenus Justin et sa bande. A trois reprises, l'ami Justin fera plaisir au public en jurant que le public brésilien est le meilleur du monde, le plus bruyant, etc. etc. On sait bien que tout bon groupe de scène utilise systématiquement ce truc pour faire monter sa sauce tout en maximisant la sympathie de ses fans, et ce soir ça marche parfaitement, l'enthousiasme général allant crescendo au fur et à mesure du set. Ce sera avec le parfait Bad Mood et son riff irrésistible - placé juste devant nous, Y est un vrai plaisir à contempler, parfaite illustration du punk rocker "brandé 7-7" - que l'embrasement ultime se produira : l'extase, le frisson qui vient récompenser le spectateur comblé par un vrai grand concert de Rock. "Animal !" Sera le seul commentaire de Julio après ces trois courtes minutes de plaisir brutal...
Excellent rappel avec trois titres parfaits : Weirdo, mélodie remarquable, avec un pont lyrique qui ici sur scène, évoque Arcade Fire, l'excellent Teenage Icon, encore un morceau que tout le monde peut reprendre en choeur, et même chanter seul sous la douche longtemps après ("i'm no teenage icon, I'm no Frankie Avalon", délicieux, non ?), et puis le mini-killer qu'est Norgaard pour finir à bout de souffle.
Bagarre générale pour s'emparer des setlists jetées en boule dans la foule : oui, São Paulo a désormais une vraie culture rock'n'roll, et on peut désormais compter sur la jeune génération pour faire passer cette détestable fascination de leurs parents pour le "classic rock" et les dinosaures en reformation (la semaine prochaine, il y a Yes qui jouera en ville, aaaaarrrrghhhh!). Julio et moi sortons de là les oreilles en feu et un sourire aux lèvres : pour lui, le meilleur concert des douze derniers mois, pour moi une confirmation après QOTSA à Lollapalooza qu'il n'y a toujours rien de mieux, 55 ans après qu'Elvis ait joué du pelvis, tétanisant la bonne société et libérant tous les démons, que du rock'n'roll joué à fond la caisse et avec les potars sur 11... »
Les musiciens de The Vaccines sur scène :
Justin Young — Vocals, Guitar
Freddie Cowan — Guitar
Arni Arnason — Bass Guitar
Pete Robertson — Drums
La setlist du concert de The Vaccines :
No Hope (Come Of Age – 2012)
Wreckin' Bar (Ra Ra Ra) (What did you expect from the Vaccines – 2011)
Ghost Town (Come Of Age – 2012)
I Always Knew (Come Of Age – 2012)
Wetsuit (What did you expect from the Vaccines – 2011)
Under Your Thumb (What did you expect from the Vaccines – 2011)
Tiger Blood (Single – 2011)
Melody Calling (new song)
All In Vain (Come Of Age – 2012)
Post Break-Up Sex (What did you expect from the Vaccines – 2011)
All In White (What did you expect from the Vaccines – 2011)
Wolf Pack (What did you expect from the Vaccines – 2011)
A Lack of Understanding (What did you expect from the Vaccines – 2011)
Aftershave Ocean (Come Of Age – 2012)
Blow It Up (Single – 2010)
Bad Mood (Come Of Age – 2012)
If You Wanna (What did you expect from the Vaccines – 2011)
Family Friend (What did you expect from the Vaccines – 2011)
Encore:
Weirdo (Come Of Age – 2012)
Teenage Icon (Come Of Age – 2012)
Norgaard (What did you expect from the Vaccines – 2011)