Coldplay - Mercredi 26 Octobre 2011- Las Ventas (Madrid)
« Je n’avais jamais eu l’occasion de voir Coldplay sur scène, le petit groupe intimiste et touchant de « Parachutes » - un bel album – étant devenu si rapidement gigantesque que le conflit avec mes goûts en termes de musique live (je déteste les « grandes messes » que sont devenus les shows des groupes « planétaires » comme les Stones, U2 ou... donc, Coldplay) m’a tenu à l’écart, jusqu’à ce jour, de leurs concerts. Alors pourquoi, pourquoi me trouvé-je ce mercredi 26 octobre à 21 h 45 sur les gradins glacés de la Plaza de Toros de Madrid, avec 17.000 autres personnes agitant leurs bras - munis de bracelets lumineux - dans tous les sens pour accueillir la clique à Chris Martin ? L’occasion de vivre une autre expérience « golden ticket » (une invention Live Nation pour nous piquer encore plus d’argent...) après celle, très réussie, de Roger Waters en début d’année ? Le côté « événement exceptionnel » de ce concert madrilène de lancement du nouvel album, « Mylo Xyloto », filmé pour le Net par le talentueux Anton Corbijn ? Un indéniable manque de sensations rock’n’roll pendant ce mois d’octobre désertique ? Un retour d’intérêt pour Coldplay, certainement pas l’un de mes groupes préférés, mais quand même responsable de bons albums (pour moi, « Parachutes » et « X&Y » sont les meilleurs) ? Un peu de tout cela, sans doute...
... Et pourtant, à ce moment-là, alors qu’éclatent les premiers feux d’artifices qui saluent l'entrée de Coldplay sur la scène – pas très impressionnante, en fait – située dans l’arène, j’en suis à regretter amèrement d’être venu : le Golden Ticket s’est avéré cette fois une véritable escroquerie, avec un catering minable, des places non réservées qui font que l’on s’entasse sur les mêmes gradins que tout le monde (quelle horreur ! LOL) ; le bouffon qui a servi de « présentateur », un dénommé Mario Vaquezo, a été particulièrement ridicule ; le set n’a pas commencé à l’heure prévue, mais on a eu droit à un horrible (et ennuyeux à mourir) documentaire en noir et blanc (la signature de Corbijn !) d’une auto-complaisance honteuse sur Chris et ses potes ; et en plus, la pluie, qui a menacé toute la journée, commence à se déverser sur nous ! No fun ! Les deux premiers titres sont extraits du nouvel album sorti deux jours plus tôt, je ne les connais pas, mais une bonne partie du public, fanatique à mort, les chante déjà en chœur. Bof ! Ça me paraît du Coldplay standard, un peu plus mou même peut-être qu’à l’habitude : j’en profite pour juger le son (« lamentable » : ni assez fort, ni assez clair... et ça ne s’améliorera que marginalement pendant les 90 minutes du set) et la vue (plutôt correcte : la scène n’est pas très loin de notre tribune, il y a une grande avancée jusqu’au centre de l’arène qui nous permettra de voir les musiciens d’un peu plus près lorsqu’ils y feront des incursions, soit à deux ou trois reprises, et il y a six écrans circulaires qui retransmettent des gros plans des musiciens...). Déboulent alors coup sur coup Yellow (lumières jaunes, évidemment) – intimiste, romantique, beau, il faut l’admettre – et In My Place, qui permet enfin au groupe de démontrer un peu de sa puissance...
Plus tard encore, je me laisse – légèrement - emporter par l’enthousiasme sur un The Scientist (« Nobody said it was easy, noone ever said it would be this hard.. », belle phrase...) qui synthétise à mon avis le meilleur de Coldplay, cette capacité à exprimer une tristesse ordinaire, une dépression un peu cotonneuse qui parle finalement à tout le monde : soyons réalistes, c’est là l’opposé absolu de ce qu’un « groupe de stades » devrait véhiculer ! D’où ce sentiment assez désagréable d’assister au show démesuré d’un groupe qui n’est vraiment pas fait pour la démesure : la musique de Coldplay n’est jamais meilleure que quand elle est intimiste (Chris est alors au piano, et sa voix redevient touchante), et elle est largement inepte quand le groupe essaye de rivaliser avec U2 ! Chris Martin est un showman particulièrement mauvais, une pâle endive anglaise qui a copié tous ses mouvements sur ceux du Boss, virilité et crédibilité en moins : rien de ce qu’il fait ou de ce qu’il dit, rien dans ses mouvements ne sonne juste, ne sonne « rock ». Il faut le voir se rouler par terre au milieu de l’avant-scène, jeter sa guitare en l’air, ou se frotter à son meilleur pote, le guitariste Jonny Buckland, pour toucher du doigt combien Coldplay est un groupe ridicule à force de ne pas être à sa place.
Le pire moment du set sera l’affreux Paradise, un nouveau titre consensuel, avec papillons colorés sur les écrans vidéo, qui laisse mal présager d’un avenir gluant pour le groupe, s’il décide de poursuivre sur la voie d’une musique aussi invertébrée. Heureusement, en plus de la pluie qui a eu la bonne idée de s’arrêter jusqu’au rappel, il y aura plus tard les excellents Politik et surtout Viva la Vida, pour ramener un peu de raison dans tout cela. Après 1 h 10 de set, Chris et ses copains tirent leur révérence : on serait en droit d’en attendre plus, mais, étant donné la qualité des plus discutables - ou du moins variable - du set ce soir, je m’avoue assez soulagé de voir la fin de la soirée pointer son nez. Inés s’est d’ailleurs rassise depuis longtemps, n’espérant plus rien !
Le rappel sera un peu plus sympathique, avec Clocks, et un puis un joli Fix You (l'un des deux seuls titres de « X&Y » joué ce soir, me semble-t-il...), précédé par une citation du Rehab d’Amy Winehouse en gentil hommage à la diva décédée. Le concert se terminera - sous les feux d’artifices - par un nouveau titre (Every teardrop is a waterfall, a priori), histoire de nous rappeler que l’objectif ce soir est de promouvoir « Mylo Xyloto », non mais ! On regagne la sortie sans trop se presser, après avoir bu un dernier verre dans la zone « Golden Tickets » assez sinistre, et avant de partir à la chasse aux taxis.
Verdict : je ne retournerai certainement jamais voir Coldplay sur scène, tant ils m’ont paru peu convaincants, en tous cas nettement moins bons que sur disque. Je ne peux pas dire que je regrette d’avoir assisté à ce qui a été largement présenté comme un « événement » pour la ville de Madrid, mais franchement, il n’y avait pas assez de vraie musique ce soir pour que mon cœur batte... Ah ! Un dernier message aux requins de Live Nation : soignez un peu plus le cocktail et les canapés, la prochaine fois ! »
Les musiciens de Coldplay sur scène :
Chris Martin : chant, piano, guitare
Guy Berryman : basse, chant
Jon Buckland : guitare, chant
Will Champion : batterie, chant, harmonica
La setlist du concert de Coldplay :
Intro: Back To The Future theme
Mylo Xyloto (Mylo Xyloto – 2011)
Hurts Like Heaven (Mylo Xyloto – 2011)
Yellow (Parachutes – 2000)
In My Place (A Rush of Blood to the Head – 2002)
Major Minus (Mylo Xyloto – 2011)
Lost! (Viva la Vida or Death and All His Friends – 2008)
The Scientist (A Rush of Blood to the Head – 2002)
Violet Hill (Viva la Vida or Death and All His Friends – 2008)
God Put a Smile Upon Your Face (A Rush of Blood to the Head – 2002)
Paradise (Mylo Xyloto – 2011)
B-Stage
Up in Flames (Mylo Xyloto – 2011)
Til Kingdom Come (with chants "Olé, Olé, Olé" at the end) (X&Y – 2005)
Politik (A Rush of Blood to the Head – 2002)
Viva La Vida (Viva la Vida or Death and All His Friends – 2008)
Charlie Brown (Mylo Xyloto – 2011)
Life Is for Living (Parachutes – 2000)
Encore:
Clocks (A Rush of Blood to the Head – 2002)
Fix You (With Amy Winehouse "Rehab" snippet at beginning) (X&Y – 2005)
M.M.I.X. (Mylo Xyloto – 2011)
(Intro to ETIAW)
Every Teardrop Is a Waterfall (Mylo Xyloto – 2011)