The Drums - Vendredi 12 Novembre 2010 - Sala Heineken (Madrid)
« Hype, hype... Cela fait 35 ans que ma vie a été "sauvée" par le rock'n'roll, 35 ans que je vois la hype se faire de plus en plus fréquente, de plus en plus pressante... 35 ans que ces vaguelettes de plus en plus insignifiantes et mazoutées s'écrasent mollement à nos pieds, au point que j'accorde de moins en moins d'attention à ces groupes sur lesquels on s'extasie pendant 6 mois avant de les jeter aux poubelles de l'oubli. En 2009, on a eu droit à une intox terrible avec The XX (bof bof bof, pas beaucoup d'inspiration dans tout ça...), et début 2010, avec The Drums (une excellente chanson, Let's Go Surfing, parfaite pour l'été, entre Beach Boys et esprit indie anglais très 80's... et pas grand chose d'autre, en fait...). Alors j'ai un peu tordu le nez, mais, même si les deux disques de The Drums m'indiffèrent largement, j'ai pris ma place pour leur concert. Pour voir. Pour dire. Pour ne pas mourir idiot. Avant de découvrir que les merveilleux Vampire Weekend passeraient le même soir ! Damned ! Bon, comme en ce mois pourri de novembre, les concerts s'accumulent de manière ridicule, il y a eu aussi l'annonce pour la même date du set de The Walkmen... Un vrai délire... Au final, je suis devant la Sala Heineken ce soir, le premier dans la queue en ce vendredi qui sent l'hiver, mi figue, mi raisin : je n'attends pas trop grand’ chose donc, malgré le concert - évidemment - sold out (prévu à l’origine dans une plus petite salle, le concert est rapidement monté en promotion à la Sala Heinken…). Ou plutôt, j'espère un peu de joie et de chaleur en ces semaines grises.
20h35 : une fausse entrée, puis une corde cassée dès les premiers accords par le chanteur, le set de Two Wounded Birds commence assez mal : pas très pro, tout cela ! D'autant que le guitariste à la mèche blonde en face de moi prend surtout des poses pour attirer les adolescentes du deuxième rang ! Mais, une fois la - mauvaise - première impression passée, on remarque que la musique n'est pas si mauvaise que cela, une sorte de garage-surf-punk US au cœur tendre, avec réverb d'usage sur la guitare et ouh ouh ouh occasionnels pour faire un peu sixties. Le chanteur cultive un look un peu austère - col roulé noir et allure vaguement Ian Curtis, pourquoi pas ? Dommage que sa voix ne soit pas au niveau de quelques unes des chansons qui me paraissent tout à fait honnêtes... 25 minutes qui passent des plus agréablement...
21 h 15 ; de manière inattendue, les lumières s'éteignent... Déjà The Drums ? Non, nous n'aurons pas cette chance : c'est Nosferatu habillé en Zorro qui rentre sur scène, dans un halo de lumière rouge. Juan Carlos me pond une autre description du pantin : "Marylin Manson maricon" ! Bon, de toute manière, la petite demi-heure qui va suivre ne sera pas brillante : car notre austère zombie (maquillage d'outre-tombe, lentilles de contact) chante - d'une voix plutôt correcte, là n'est pas le problème - des chansons très « middle of the road » sur une musique électronique pré-enregistrée ! Vu la fadeur mielleuse de cette musique, on se demande un peu ce que le look cow-boy-gothique vient faire là-dedans. On s'ennuie ferme, en tout cas... A oublier très vite ! (Bon, il se peut que le new-yorkais Patrick Cleandenim (???) devienne un jour une méga-star planétaire : ce jour-là, je ferai amende honorable et reconnaîtrai m'être trompé... Mais en attendant...).
22 h 00 pile : dans l’hystérie générale (des dizaines d’adolescentes sont désormais massées derrière Juan Carlos et moi et hurlent très fort), le quatuor de The Drums fait son entrée dans l’obscurité, et sur une musique assez pompeuse. A noter que nos quatre « idoles » montent sur scène depuis la salle, et non les coulisses… On rentre tout de suite dans le vif du sujet avec Best
Friend… et une certaine consternation m’envahit : d’abord, le son est exécrable (souvent mauvais il est vrai dans la Sala Heineken, le son bat tous les records ce soir…) au point que l’on n’entend guère que la batterie – rien de la voix, rien des deux guitares !... Ensuite, nous avons derrière nous ces fans exécrables qui connaissent toutes les paroles des chansons par cœur et s’imaginent que le reste du public est là pour les écouter chanter, elles, plutôt que le groupe ! Si l’on ajoute que The Drums jouent dans une quasi obscurité, et que cela ne s’améliorera pas pendant les 65 minutes de set, on peut imaginer que je ne me sens pas joyeux, joyeux au début de ce set… Je regarde Juan Carlos, dépité, et il me fait signe qu’il est lui aussi perplexe devant la folie juvénile qui s’est emparé du public d’ados. Bon, je prends mon mal en patience et je me concentre sur le spectacle des musiciens, à défaut de pouvoir apprécier la musique… Et question spectacle, pas de problème : Jonathan Pierce, le blond chanteur qui fait hurler les minettes, a beaucoup étudié la gestuelle de Morrissey, qu’il copie sans vergogne et qu’il exagère même en y ajoutant des poses extatiques un tantinet exagérées. Mais il n’est pas le seul à sauter partout : juste devant nous, son ami et co-fondateur du groupe, Jacob Graham joue de sa guitare (souvent comme il jouerait d’une basse, d’ailleurs…) en sautant dans tous les sens comme une ballerine épileptique. Tout cela est gracieux et amusant, un peu épuisant certes à la longue, mais finit par communiquer un sentiment d’énergie qu’on ne trouverait pas dans la musique à elle seule. Petit à petit, le son commence à être plus audible, mais si on restera loin de ce qu’on doit attendre d’un set bien réglé… 20 minutes ne se sont pas écoulées que The Drums entament Let’s Go Surfing, un peu tôt dans la setlist donc, à mon goût tout au moins… J’aurais préféré que le set se conclue par mon morceau préféré, mais je fais contre mauvaise fortune bon cœur, et ce d’autant plus que toute la salle Heineken chante tellement fort en chœur que le groupe redevient quasi-inaudible, alors… Du coup, il me faudra encore trois titres pour que je finisse par me prendre au jeu : pour moi, ce soir, ce sera l’efficace Don’t Be A Jerk, Johnny, avec ses paroles ironiques (?) qui me fera enfin sortir de ma réserve… A bout de 50 minutes, le groupe se retire, visiblement enchanté par l’accueil du public madrilène. Le rappel sera une franche réussite, la nervosité du jeu de scène finissant quand même par se répercuter dans la musique… jusqu’à un joli final – lent, avec allumage rituel des briquets pour le « grand moment d’émotion de la soirée » - sur Down By The Water.
Voilà, il est un peu plus de onze heures et c’est fini. Je me dis que si je n’ai pas vraiment vibré ce soir sur The Drums – mais je ne m’y attendais pas vraiment -, j’ai quand même trouvé leur musique nettement plus consistante, plus rock, plus digne d’intérêt finalement, que leurs disques ne l’auraient suggéré. Juan Carlos est beaucoup plus franchement satisfait que moi, mais a surtout bien aimé Two Wounded Birds, et il discute d’ailleurs avec le guitariste qui est descendu dans la salle, probablement à la chasse aux groupies. On passe au merchandising pour vérifier l’orthographe du patronyme de Patrick Cleandenim, mais on bat prudemment en retraite en apercevant l’énergumène qui vend ses t-shirts et son album : même maintenant qu’il est en tenue de ville, je n’ai pas vraiment envie de socialiser ce soir avec ce drôle d’animal. Pour en revenir aux Drums, il est impossible de prévoir si un réel succès viendra remplacer la hype des débuts, mais, bien sûr, c’est tout le mal que je leur souhaite ! »
La setlist du concert de The Drums :
Best Friend (The Drums – 2010)
Submarine (Summertime EP – 2009)
Book Of Stories (The Drums – 2010)
I Felt Stupid (Summertime EP – 2009)
Make You Mine (Summertime EP – 2009)
Let's Go Surfing (Summertime EP – 2009)
Me And The Moon (The Drums – 2010)
I Need Fun In My Life (The Drums – 2010)
Don't Be A Jerk, Johnny (Summertime EP – 2009)
Forever And Ever Amen (The Drums – 2010)
Baby, That's Not The Point
The Future (The Drums – 2010)
Encore:
It Will All End In Tears (The Drums – 2010)
Skippin' Town (The Drums – 2010)
Down By The Water (Summertime EP – 2009)