La Roux - Vendredi 12 Mars 2010 - La Riviera (Madrid)
« De temps en temps (rarement...), en me basant sur des lectures à droite ou à gauche, je fais l'erreur d'acheter une place de concert avant même d'avoir écouté l'artiste en question, et de découvrir que je n'aime vraiment pas ce qu'il fait. Ça m'était arrivé avec les affreux White Lies, et je suis un peu inquiet en me rendant au concert de La Roux, vilain clone de la musique pré-électro des 80's, façon Eurythmics ou Human League au rabais. En plus, alors que le concert était programmé dans l'accueillante Joy Eslava, le succès populaire du duo anglais a entraîné sa reprogrammation à la Riviera, mini-Zénith beaucoup moins sympathique... Quand j'arrive, une heure et quart au moins avant l'ouverture des portes, alors que le froid continue inexplicablement à régner sur Madrid, il y a déjà une trentaine d'adolescents boutonneux et transis en train d'attendre au bord du Rio Manzanares. Bon, le temps passe vite en compagnie de mon ami Juan Carlos, qui m'a rejoint le soir, et je suis presque surpris quand les portes s'ouvrent, mais, pas de problème : sans aucune bousculade, nous nous plaçons au premier rang, légèrement sur la gauche. Autour de nous, un public bigarré, pas mal de gays et lesbiennes, ce qui n'est pas une surprise, vu le "style La Roux", et des centaines de jeunes adolescentes dont on sent que leurs voix perçantes vont nous vriller les oreilles, très bientôt...
20 h 15 : eh oui, l'Espagne a aussi ses fluokids, ce qui n'est pas original certes, mais De Vito (Juan Carlos me dit qu'ils s'appellent "Debito", il prétend avoir compris ce que le chanteur raconte, mais ça me paraît un tantinet bizarre...) nous offrent presque 45 minutes de bon délire, parce qu'eux ont choisi de jouer de l'electro-punk plutôt que de l'électro-rock, et, si le chanteur a un look "Black Kids" du meilleur effet (moustache et bon délire...), on se rend compte que leurs références sont plutôt du côté de New Order et des... Pixies (intéressante reprise techno-déchirée de Debaser, il fallait l'oser mais... ça passe !). Deux Fenders en plus des claviers et boucles du Mac, trois musiciens qui "headbanguent" plus que de raisonnable, un début de concert vraiment enthousiasmant (j'ai bien apprécié un morceau appelé Champagne para todos...), mais qui s'enlise un peu faute de grandes chansons, malgré l'aspect "à donf" fort sympathique de tout cela. Bref, un bon échauffement...
La scène, rapidement débarrassée du matériel des "teloneros" (c'est comme ça qu'on appelle les groupes de première partie en Espagne, ça me paraît un peu péjoratif, non ?), semble dangereusement vide, avec deux claviers et un jeu de percussions synthétiques sur la gauche, en face de nous : pas de vraie batterie donc, pas de guitares ou de basse non plus, ce soir ce sera donc, sans surprise, une soirée synthés "vintage 80's".
21 h 45 : après s'être fait bien attendre, Elly Jackson monte sur scène, avec ses trois accompagnateurs, deux synthés donc et un percussionniste (je me refuse à appeler ça un batteur, conservateur comme je suis...) qui joue debout. Oui, La Roux sur scène, ce n'est que la moitié de La Roux, puisque le co-compositeur et producteur, Ben Langmaid n'apparaît pas, remplacé donc derrière les claviers par Mikey (petit jeunot mignon) et Mickey (élément féminin un peu plus mûr). On attaque d'entrée par Tigerlily, ce qui me permet d'appréhender tout de suite l'ampleur des dégâts : le son est fort, comme toujours à la Riviera, ce qui est bien, mais peu clair, et cette impression de saturation dans les aigus quand les deux synthés sont à fond et mêlés à la voix assez (désagréablement) perçante d'Elly, n'est pas véritablement plaisante... Ce qui ne gêne aucunement, je le précise quand même, les adolescentes qui hurlent autour de nous sans discontinuer ! Curieusement, La Roux enchaîne avec un titre calme, pas inintéressant, et que je ne connais pas (je découvrirai par la suite qu'il s'agit de Saviour, une chanson publiée seulement sur une édition japonaise de l'album) : l'ambiance retombe immédiatement, et cela me permet de détailler un peu cette fameuse Elly... Look androgyne - comme prévu - avec super houppette style Tintin (mais plus rousse, la houppette...), vêtements assez "classe" (on sait qu'elle a une passion pour la mode), bon jeu de scène élastique et incessant (bonjour les photos dans des lumières pas faciles non plus !), plusieurs tentatives sympathiques d'aller vers le public, malgré une certaine réserve (perceptible depuis notre position rapprochée au premier rang...), oui, Elly ferait plutôt une "pré-star" acceptable... si ce n'était cette foutue voix, que je ne supporte décidément pas, qui m'horripile presque. Et plus les intros me rappellent Eurythmics ou Yazoo, plus je ressens une violente nostalgie des voix sublimes d'Annie Lenox ou d'Alison Moyet : car clairement, Elly ne joue pas dans la même cour que ses inspiratrices, et ne pourra certainement jamais prétendre au titre de grande chanteuse... Petite couineuse, sans doute... Les fans, joyeux, lancent sur la scène tout un tas de pièces vestimentaires, ce qui ne manque pas d'originalité : soutien-gorge, lunettes en plastique, chemises, tabliers brodés (si, si ! Même qu'Elly en essaiera un...).
Arrive Quicksand, le premier tube de l'album et ma chanson préférée, et je n'arrive toujours pas à rentrer dans le concert, qui me casse littéralement les oreilles. Deux chansons plus tard, on touche le fond, avec une version affreuse de l'éternel Under My Thumb des Stones, dont il ne reste plus grand chose derrière les clapotis synthétiques qui veulent en faire une scie de dance-floor. Là, je suis carrément fâché, et, même si le public, gentiment, chante de manière impromptue un "Happy Birthday" (Elly est en effet née un 12 mars, et elle a 22 ans aujourd'hui !), il me faudra attendre les deux derniers titres, In For The Kill (acclamé par la foule) et Fascination, pour prendre un peu de plaisir à cette affaire. Le groupe se retire déjà, après moins de 45 minutes, et revient très rapidement pour une version entraînante de Bulletproof, certainement le meilleur moment de la soirée, en tout cas le seul où il se soit passé un peu quelque chose qui évoque une émotion "live".
Voilà, 50 minutes à peine et l'affaire est bouclée, La Roux n'a même pas joué tous les titres de son album, et c'est quand même à la limite du foutage de gueule. A côté de moi, un type vient se plaindre au videur : il est arrivé en retard, n'a vu qu'une demi-heure de concert, et exige de se faire rembourser ! On attend patiemment avec Juan Carlos que la salle se vide un peu, et je récupère une setlist en la demandant poliment à un technicien… C'est alors que des gens s'approchent de moi et me demandent des renseignements sur la Roux... en français ! Je n'en crois pas mes oreilles : d'une part, ils ont pensé qu'à mon âge, en train de parler à un technicien sur scène, je ne pouvais que faire partie du staff... mais en plus, ils se sont adressés à moi en français, alors que je discutais avec Juan Carlos en espagnol (avec mon accent à couper au couteau, mais bon...). Je suis tellement interloqué que je m'éclipse vers le bar sans demander mon reste, pour boire une petite bière avec Juan Carlos, histoire d'échanger nos impressions (Juan Carlos est plus positif que moi...) : cet incident restera donc le mystère d'une soirée qui n'en a pas comporté beaucoup. Nous croisons le chanteur des "teloneros", et nous le saluons en le félicitant pour sa prestation exaltée : ça, au mois, c'était un moment de rock'n'roll, d'une soirée qui n'en a pas - non plus - comporté beaucoup ! »
La setlist du concert de La Roux :
Tigerlily (La Roux – 2009)
Saviour
I'm Not Your Toy (La Roux – 2009)
Quicksand (La Roux – 2009)
As If By Magic (La Roux – 2009)
Under My Thumb (The Rolling Stones cover)
Cover My Eyes (La Roux – 2009)
Colourless Colour (La Roux – 2009)
In For The Kill (La Roux – 2009)
Fascination (La Roux – 2009)
Encore:
Bulletproof (La Roux – 2009)