Sparks - Vendredi 21 Mars 2003 - Royal Festival Hall (Londres)
« Vivre aussi près de Londres et ne jamais aller à un seul concert, c'est quand même la preuve d'une vraie démission par rapport à la musique "live", non ? Mais bon, quand je découvre par hasard que Sparks vont donner un concert au Royal Festival Hall, je n'ai pas une seule hésitation : Sparks, ce n'est pas loin d'être mon groupe préféré de tous les temps, et ce _ avec des hauts et des bas - depuis 1974 et "Kimono My House". Et à propos de "hauts", "Li'l Beethoven", le dernier album des frères Mael, en est un sacré, un pic, un Anapurna !
Bref, après une bonne galère au niveau des embouteillages - typiques de Londres -, nous arrivons au Royal Festival Hall (située dans l'impressionnant complexe "artistique" sur les berges de la Tamise) juste au moment où débute le set. Une ouvreuse nous place (tout le théâtre est constitué de places assises et numérotées), on n'est pas trop mal, plutôt vers le fond de la salle, mais elle n'est pas trop grande de toute manière : et d'où nous sommes, aussi bien la vue que le son sont parfaits ! Et la vue, c'est important, car le spectacle des frères Mael comprend une partie visuelle remarquable, une projection de vidéos et d'images qui illustrent chaque chanson, et avec lesquelles Ron et Russell interagissent durant toute la durée de "Li'l Beethoven", joué dans son intégrale et dans l'ordre des morceaux. J'ai l'impression qu'une partie de la musique ne sort pas des claviers de ce cher Ron, et que les deux frères font leur show en une sorte de "playback", mais qu'importe... Russell est toujours égal à lui-même, à plus de 50 ans passés, et sa voix reste aussi incroyable que quand elle a explosé à la face du monde avec This Town ain't big enough. Mais c'est Ron qui semble le plus "éternellement sparksien", avec sa moustache et son air lugubre, voire méchamment hagard, qui lui vaut d'ailleurs tous les suffrages du public...
Pas de surprise évidemment avec la déclinaison "parfaite" des titres magnifiques de "Li'l Beethoven" : on s'amuse comme des fous devant les vidéos, toutes ludiques, inventives, qui démultiplient à l'envie les frères Mael, qui soulignent les mots, les phrases les plus percutantes des lyrics impeccables du disque... Mais au final, ce sont bien évidemment les mélodies les plus fortes (Ride 'em Cowboy, Suburban Homeboy en conclusion "sing along" et tongue in cheek parfaite - tout le monde debout dans le théâtre chantant en chœur cet hymne paradoxal à la mauvaise foi petit bourgeoise) et les moments vocalement les plus époustouflants (le sublime My Baby's taking me home !) qui marqueront cette première heure. Ah, et pour ceux que les répétitions exagérées des chansons défrisent sur l'album - eh oui, Sparks sont désormais un groupe avant-gardiste !), soulignons que la mise en scène fait parfaitement passer la pilule...
Entracte pour le "natural break" et se préparer pour le second acte de la soirée, le "best of"... Cette deuxième partie du concert est nettement plus traditionnelle, plus "rock" : autour de Ron et Russell les accompagnateurs discrets se sont faits un véritable groupe, les vidéos ont laissé place à un éclairage sobre plus classique, et Sparks déballe maintenant la "grosse artillerie" des chansons parfaites : Number One song in Heaven, Hospitality, This Town, Amateur Hour... ces mélodies incroyables, éternelles qui auraient dû, dans un monde plus juste, leur garantir une renommée et une fortune égales à celles de Lennon / McCartney... Malheureusement pas formidablement interprétées ce soir à mon humble avis : trop de "playback", pas assez d'énergie, un déficit indiscutable de magie... Eh oui, malgré la joie sur tous les visages - tout le monde est fan absolu est dans la salle, c'est la beauté d'être un groupe culte plutôt que grand public - ce sera finalement moins beau que "Lil' Beethoven"... (A noter quand même que, au milieu de tous ces titres ultra-connus de Sparks, les Frères Mael m'offriront un extrait inespéré de l'un de mes albums préférés des débuts du groupe, "A Woofer in a Tweeter's Clothing" : Here Comes Bob !)...
Même si la soirée s'est terminée sur une (très) légère déception, cette première rencontre - après tant d'années d'amour - avec Sparks a été, comme espéré, marquée par le sceau de l'imagination, de l'humour (ah, cette interaction avec les vidéos : simple mais éblouissante, bien à l'image de la créativité incessante du duo !), et bien entendu, de la splendeur. Une seule question en tête en ressortant de l'Imperial hall : quand pourrai-je les revoir ? »
La setlist du concert de Sparks :
First Set - "Li'l Beethoven"
The Rhythm Thief (Li'l Beethoven – 2002)
How Do I Get to Carnegie Hall? (Li'l Beethoven – 2002)
What Are All These Bands So Angry About? (Li'l Beethoven – 2002)
I Married Myself (Li'l Beethoven – 2002)
Ride 'Em Cowboy (Li'l Beethoven – 2002)
My Baby's Taking Me Home (Li'l Beethoven – 2002)
Your Call's Very Important to Us. Please Hold. (Li'l Beethoven – 2002)
Ugly Guys With Beautiful Girls (Li'l Beethoven – 2002)
Suburban Homeboy (Li'l Beethoven – 2002)
Second Set (Li'l Beethoven – 2002)
The Number One Song In Heaven (Part 1) (No. 1 In Heaven – 1979)
Never Turn Your Back on Mother Earth (Propaganda – 1974)
Aeroflot (Balls – 2000)
Beat the Clock (No. 1 In Heaven – 1979)
I Wish I Looked a Little Better (In Outer Space – 1983)
Something for the Girl With Everything (Propaganda – 1974)
B.C. (Propaganda – 1974)
Here Comes Bob (A Woofer in Tweeter's Clothing – 1972)
When I'm With You (Terminal Jive – 1980)
(When I Kiss You) I Hear Charlie Parker Playing (Gratuitous Sax & Senseless Violins – 1994)
This Town Ain't Big Enough for Both of Us (Kimono My House – 1974)
Encore:
Amateur Hour (Kimono My House – 1974)
When Do I Get to Sing "My Way" (Gratuitous Sax & Senseless Violins – 1994)