Cocoon - Samedi 14 Juin 2008 - Le Forum (Vauréal)
« Plongée en profonde banlieue en ce samedi soir, pour découvrir Cocoon avec l'ami Gilles B. au Forum de Vauréal, à deux pas en fait du lycée de ma fille Julie ! Un peu de confusion quant à l'ouverture des portes, il y a d'ailleurs pas mal de monde ce soir, mais Gilles et moi rentrons quand même les premiers dans cette jolie petite salle. Atmosphère idéale, cool et sympa, pour partir à la découverte de trois groupes ce soir (on n'est pas prêts de sortir, quand on pense que les portes ont ouvert à 20 h 30 !).
20 h 45 : ça commence vite, et bien, la chanteuse qui entre en scène et s'assied au piano est absolument craquante. On hésitait à photographier Urban-Addict (j'avais parié sur une posse de rappers de Cergy, j'ai tout faux, on a un gentil couple qui joue de la soul synthétique sur des bandes...), on change immédiatement d'avis. Emilie (c'est son nom) irradie littéralement de sensualité, de gentillesse un peu timide... Mais le mieux, c'est qu'elle chante remarquablement bien, évoquant sur certains morceaux la présence hantée de Beth Gibbons, c'est dire ! Bien que la majeur partie de l'accompagnement soit "sur bandes", Emilie est aussi supportée par un grand dadais à la basse et à la guitare, bizarement habillé de manière vaguement para-militaire... Près de 45 minutes de belle musique suivront, avec des moments émotionnellement tendus assez superbes, et même une étonnante reprise du Seven Nation Army des White Stripes. On regrettera un peu une certaine uniformité des ambiances, et aussi une sorte de perfection un peu trop lisse : le concert aurait certainement gagné à être nourri de deux ou trois morceaux plus relevés, mais ne nous plaignons pas, c'est rare d'être confronté à un groupe complètement inconnu qui montre déjà une telle prestance, un tel professionnalisme (dans le bon sens du terme). Même si le reste s'avérait mauvais, je me dis que mes 12 Euros sont amortis !
Déjà, quand My Little Cheap Dictaphone - groupe belge de country - font jouer du Johnny Cash sur la sono avant d'entrer en scène, on part tout de suite sur un bon a priori. Et de fait, les 40 minutes qui suivirent seront plus qu'excellentes, avec un groupe carré au bon look (mention particulière à la batterie rouge et jaune et au batteur chapeauté), mené par un vrai leader charismatique - grand échalas qui m'a un peu fait penser à Win Butler dans le style faux mou -, qui sait faire monter la tension quand il faut. Si les morceaux ne sont pas tous inoubliables, ils sont tous joués avec un sens du tranchant assez remarquable. On sent qu'il ne manque pas grand chose pour que My Little Cheap Dictaphone devienne un grand groupe, et les trois dernières chansons, plus violentes et rapides, sont un réel bonheur. A la fin, sur Cha cha, le chanteur fait monter de jeunes spectatrices pour se trémousser sur scène, l'ambiance est vraiment bonne... Bravo !
Il est déjà 23 h 00 quand Cocoon (Morgane et Mark, encore un couple qui joue avec le soutien d'une musique qu'ils ont préenregistrée, c'est quand même très tendance... et très sympathique) entrent sur scène. L'installation de leur matériel a été pourtant plus que rapide : ce n'est pas les 25 Euros (dixit Mark) d'équipement qu'ils ont qui prend du temps (mention spéciale au xylophone à trois touches trônant au milieu des peluches - cadeaux des spectateurs -, ex aequo avec le maracas de la forme, la couleur et de la taille d'un citron vert !), mais plus le projecteur de diapos !
La bonne nouvelle - pour moi qui les entendait pour la première fois -, c'est qu'Elliott Smith a un fils caché à Clermont Ferrand, d'ailleurs bien plus sexy que lui (et certainement moins dépressif...), et qu'il s'appelle Mark Daumail : j'ai passé une bonne vingtaine de minutes à chercher dans ma mémoire d'où venait cette voix féminine et ce phrasé précieux, ces chansons gonflées à l'hélium... Nick Drake ? Mark a vendu la mèche en citant ses références (... avec le film "SuperGrave", référence que je partage absolument) : Dylan, Neil Young, Elliott Smith... Bon dieu, mais c'est bien sûr ! La "french touch" qui vient s'ajouter sur la terrible mélancolie douce amère de la musique, c'est une dose certaine d'humour et de second degré (Mark : "Nous sommes le seul groupe sur la planète qui joue devant la photo d'un bébé phoque consanguin ou d'un plat de sushis", et le pire, c'est que ça doit être vrai !). Je dirais même que ma principale réserve quant à l'heure quinze du set de Cocoon sera justement ça : une tendance de Mark (et Morgane) à trop parler entre ses chansons, à dédramatiser leur musique en jouant l'auto-dérision permanente. C'est sympa, ça fait "copains en train de jouer", mais la beauté fragile de leurs chansons, à force d'être trivialisée par des blagues à connotation sexuelle (on le saura que Morgane et lui ne sont pas ensemble, sont célibataires, et n'ont rien contre le fait de tirer un coup avec un(e) spectateur(trice) à la fin - pour Mark, il faut quand même qu'elle ressemble à Evangeline Lilly, bonjour le challenge pour les adolescentes de l'audience !), finit par se faner. C'est ainsi que, alors que l'émotion m'envahit au bout de trois ou quatre titres, je redescends trop vite à force d'attendre que Mark réaccorde sa guitare qui souffre de la chaleur, pendant que Morgane nous propose de nous montrer ses seins.
Bon, globalement, c'est quand même très beau, parfois saisissant (à noter l'audacieuse reprise très "straight" du Rehab d'Amie Maisonduvin, Mark nous expliquant que leur addiction à eux, c'est la verveine), et Mark est indéniablement un jeune homme au talent (quelle voix, mon dieu quelle voix !) et au charisme hors du commun. Je suis plus réservé quant à Morgane, blonde fade, timide et pas très intéressante (Morgane, arrête l'humour, STP !), mais au total, Cocoon est une proposition musicale d'une sensibilité exceptionnelle, planant à cent lieues au dessus du folk français - si une telle chose existe ! Magnifique conclusion avec un Owls repris par le public avec une dévotion et une délicatesse surprenantes, avant la traditionnelle séance d'autographes à la sortie, et, à près de minuit et demi, on se dit avec Gilles que les nuits peuvent être bien belles, ma foi, à Vauréal. »
Les musiciens de Cocoon sur scène :
Morgane Imbeaud (chant, claviers,)
Mark Daumail (chant, guitare, banjo, ukulélé, beatbox)
La setlist du concert de Cocoon :
Take Off (My Friends All Died In A Plane Crash – 2007)
Vultures (My Friends All Died In A Plane Crash – 2007)
Cliffhanger (My Friends All Died In A Plane Crash – 2007)
I Don't Give A Shit (From Panda Mountains EP – 2007)
Microwave (My Friends All Died In A Plane Crash – 2007)
Hey Ya! (Outkast Cover)
Paper Boat (My Friends All Died In A Plane Crash – 2007)
Baby Seal (New Song)
On My Way (My Friends All Died In A Plane Crash – 2007)
Seesaw (My Friends All Died In A Plane Crash – 2007)
Hummingbird (My Friends All Died In A Plane Crash – 2007)
Rehab (Amy Winehouse Cover)
Tell Me (My Friends All Died In A Plane Crash – 2007)
Chupee (My Friends All Died In A Plane Crash – 2007)
Encore
Sushi (New Song)
Owls (My Friends All Died In A Plane Crash – 2007)