Fleshtones - Lundi 22 Avril 1991 - Elysée Montmartre (Paris)
« Impossible de prétendre qu’on va encore voir les Fleshtones en 1991 en espérant autre chose que l’habituel grand happening, la parade brouillonne où l’on ne reconnaît guère les quelques morceaux phares d’une époque glorieuse… Sachant que le meilleur est définitivement derrière nous, mais heureux en tous cas de l’avoir vécu, il ne reste qu’à espérer que l’alchimie aura encore lieu, au moins une fois…
Les Fleshtones repartent donc vaillamment à l’assaut de leur public, vaguement éméchés et défaits… Première constatation : Gordon Spaeth n’est plus là, et son saxo magique est remplacé par deux instruments, il n’y a plus trace de l’orgue grinçante d’autrefois. Ne restent donc des Fleshtones des débuts que le trio Zaremba – Streng – Milhizer, et les petits nouveaux me paraissent avoir du mal à s’adapter aux parades et gesticulations rituelles, ce qui semble mettre Zaremba hors de lui ! Jouant au petit dictateur, ce dernier, assez remonté, ne contribuera pas à mettre l’ambiance à la fête ! Sans l’esprit bon enfant, ce genre de foire sur scène apparaît vite forcée et finalement peu engageante. Une vague tristesse m’envahit peu à peu, je n’arrive pas à accrocher, même si je reconnais ci et là au milieu de longs medleys des fragments de Ride Your Pony ou The World is Gonna Change…
Et puis les cuivres, houspillés par Zaremba, reprennent le dessus, et la fête reprend des couleurs, et les sourires s’épanouissant à nouveau. Malheureusement, il faut interrompre le concert, horaires serrés de l’Elysée Montmartre obligent, et cela met tout le monde en rage, alors que le moteur commençait à peine à tourner à plein régime. Zaremba bouscule les organisateurs, réinvestit la scène avec son équipe par la salle, et les Fleshtones, coincés par le temps, déchaînent enfin le feu du ciel, en 5 minutes de délire superbe, prouvant s’il en est encore besoin, que le meilleur rock se doit d’être soit dangereux, soit en danger. A la prochaine les gars ! »