The Cure - Lundi 19 Octobre 1981 – Olympia, Paris
« Quel choc ! Quelle claque ! Ce ne sont pas leurs deux derniers albums (« Seventeen seconds », beau, planant et mélancolique, « Faith » beau, planant et lugubre) qui peuvent préparer l’auditeur à The Cure sur scène... Cet embrasement glacial, ce tourbillon cruel, cette musique inouïe, ces trois musiciens fantomatiques, tour à tour appliqués (à reproduire à trois ce qu’ils étaient quatre à jouer sur le disque...) et déchaînés sur les morceaux des débuts du groupe, à la coloration plus pop / punky, qui nous laissèrent sur les rotules, après une heure et demi d’extase et d’enthousiasme : le sentiment d’assister à l’envol d’un groupe, d’une musique à la fois autre et supérieure aux autres.
Mais revenons un peu en arrière : il y a des sièges dans la belle salle de l’Olympia, ce qui n’est pas forcément surprenant quand on pense que les albums de The Cure sont avant tout parfaits pour se laisser à dériver dans des songeries plus ou moins romantiques ou plus ou moins douloureuses. Je suis quand même curieux de voir ce que tout ça va donner, et même si j’ai découvert ce groupe un peu tardivement (en 1980, avec « Seventeen seconds »), il s’est déjà hissé parmi mes groupes favoris de tous les temps. Le concert commence assez mal, même si je m’attendais à ce genre de provocation, ayant lu des articles sur a tournée : la projection – qui paraît interminable - d’un film abstrait en noir et blanc granuleux, accompagnée d’un morceau pas très inspiré du groupe… sur bandes ! Ça hurle et ça siffle de partout dans la salle, et je me dis que, finalement, c’est assez astucieux pour mettre de l’ambiance. J’espère seulement que Robert Smith ne se prend pas trop au sérieux, et qu’il s’agit avant tout de second degré.
Ensuite le groupe entre en scène, et c’est la décharge électrique : tout est incroyable, le look des musiciens, comme des spectres, le son fort qui nous engloutit immédiatement dans une sorte de maelström incontrôlable, les morceaux, d’une puissance totalement inattendue sur scène (il faut dire que je ne devais pas écouter les albums à un niveau sonore suffisant !). Le public est en transe et va le rester pendant tout le set, alors que se succèdent les morceaux funèbres de « Faith », alternant avec quelques flashbacks bienvenus sur les moments de bonheur de « Seventeen Seconds ». Le final est dantesque, avec A Forest qui me met le feu à la tête. Et les larmes aux yeux : c’est trop beau, trop fort ! Suit Faith, étrange redescente dans une mer froide et glacée : absolument parfait !
Mais c’est surtout pour moi le rappel qui va me tétaniser, sans doute parce qu’il est consacré à la période pop / afterpunk du groupe, qui prouve alors qu’il sait écrire des morceaux catchy imparables (Boys Don’t Cry, Killing An Arab : deux chansons tout simplement parfaites) et qu’il sait toujours jouer tranchant et urgent. Tout le monde dans la salle est debout, perché sur son fauteuil, en équilibre instable ! Et le concert, l’un des meilleurs que j’aie vus de ma vie, se clôt sur un long morceau abstrait, histoire de nous rappeler que The Cure a quitté pour de bon ces terres aimables de la pop, aussi aiguë soit-elle…
Voilà, c’était ça, la grâce absolue... A suivre, forcément... »
Simon Gallup: bass and piano
Robert Smith: vocals, piano and guitar
Laurence Tolhurst: drums
La set list du concert de The Cure :
Intro: Carnage visors
The holy hour (Faith – 1981)
In your house (17" – 1980)
The drowning man (Faith – 1981)
10.15 Saturday night (Three Imaginary Boys – 1979)
Accuracy (Three Imaginary Boys – 1979)
The funeral party (Faith – 1981)
M (17" – 1980)
Primary (Faith – 1981)
Other voices (Faith – 1981)
All cats are grey (Faith – 1981)
At night (17" – 1980)
Three imaginary boys - 3:33
Fire in Cairo (Three Imaginary Boys – 1979)
Play for today (17" – 1980)
Splintered in her head
A forest (17" – 1980)
Faith (Faith – 1981)
--- Encore ---
Grinding halt (Three Imaginary Boys – 1979)
Boys don't cry (Single -1979)
Killing an Arab (Single -1978)
Forever
La durée du concert de The Cure : 1h45
Note : la photo de Robert Smith est tirée de l'excellent site de fans : www.foreverdrowning.net. Visitez le !
La photo de Simon Gallup est de JC Prunet, merci à lui.